16 mai 2016

A Cosmic Rhythm With Each Stroke – Vijay Iyer & Wadada Leo Smith

Wadada Leo Smith et Vijay Iyer se retrouvent pour enregistrer A Cosmic Rhythm With Each Stroke, qui sort sur ECM en mars 2016. Smith n’est pas un pilier du label munichois, mais il y a quand même publié Divine Love avec son sextet, en 1978, et Kulture Jazz, un solo, en 1993. Quant à Iyer, il a enregistré Far Side, en 2010, au sein de The Note Factory de Roscoe Mitchell, avant de rejoindre ECM sous son nom en 2014, accompagné d’un quatuor à cordes pour Mutations, puis, l’année suivante, en trio pour Break Stuff.

Le répertoire de l’album s’articule autour d’une suite en sept mouvements dédicacée à l’artiste indienne Nasreen Mohamedi, dont une œuvre orne la pochette du disque. La suite « A Cosmic Rhythm With Each Stroke », signée Smith et Iyer, est encadrée d’un morceau d’Iyer, « Passage », et d’un thème de Smith, « Marian Anderson », hommage à la célèbre contralto, qui fut la première afro-américaine à chanter au Metropolitan Opera.

Depuis Louis Armstrong et Earl Hines ou Oscar Peterson et Harry Edison, Roy Eldridge, Jon Faddis, Dizzy Gillespie ou Clark Terry, le duo trompette – piano n’est plus vraiment une rareté. Si Smith s’en tient à sa trompette, Iyer ajoute au piano, des passages au Fender Rhodes et des effets électroniques.

Entre l’Association for the Advancement of Creative Musicians, le Golden Quartet, Organic, Silver Orchestra… pour Smith et Steve Coleman, Mike Ladd, Burnt Sugar… pour Iyer, nous avons à faire à deux musiciens férus d’aventures ! La sonorité feutrée, les phrases aériennes, les motifs minimalistes et la place du silence chez Smith rappellent évidemment Miles Davis. Avec ses alternances de lignes fluides et de traits heurtés, ses clusters, ses ostinatos, ses notes éparses… le jeu d’Iyer penche clairement vers la musique contemporaine.

Le duo s’inscrit dans la tradition free – cris, souffles, crépitements, cordes, jeu étendu… –, mais s’appuie sur des thèmes élégants (« Passage », « Notes On Water »), voire poignants (« Marian Anderson »), qu’il fait monter en tension (« All Becomes Alive ») à coup de questions-réponses concises (« A Cold Fire »), d’échanges d’une gravité imposante (« Uncut Emeralds ») ou d’un lyrisme sévère (« A Divine Courage »). Smith et Iyer ne se précipitent jamais – la sobriété du trompettiste y est pour beaucoup – s’écoutent attentivement et leurs dialogues sont souvent brillants (« Labyrinthe »).

Subtil assemblage de jazz et de musique contemporaine, A Cosmic Rhythm With Each Stroke est une discussion intime et émouvante entre un duo fusionnel moderne.