Multi-instrumentiste – clarinette basse, cor anglais,
saxophone, flûte basse, piano… – et artiste aux talents variés – musique et
photographie –, Renaud-Gabriel Pion navigue
entre musique répétitive (First Meeting
– 2000), musique du monde (Qalandar –
2015) et avant-garde (Paradise Alley
– 2008, Voices In A Room – 2015). New York Sketches, son cinquième disque,
sort en avril 2016 chez DUX Jazz. Pion s’inspire de toutes les influences qu’il
puise dans cet inépuisable creuset qu’est New York.
Treize des quinze morceaux ont été composés par Pion,
« Palestrina » est signé Ryuichi
Sakamoto, et « Eternity Is A Long Time » (phrase souvent
attribuée à Woody Allen) est une variation
sur le Piano Phase de Steve Reich. Les titres évoquent la
Grosse Pomme : « The New CPW » pour Central Park West, « Raggamuffin
Brooklyn », « Punjab to NY »,
« B Train » pour la ligne de métro (mais aussi un clin d’œil à
Duke Ellington), « New Moon
Over City Hall »…
Pion assure lui-même toutes les parties, mais invite
également Arto Lindsay (DNA, The
Lounge Lizards…), Barbara Gogan (The
Passions), Iva Bittová, Erik Truffaz et Sakamoto. Pion ajoute
une touche de réalisme citadin en parsemant sa musique de bruits de rue
(« One Man Fanfare In A Cab »), un brouhaha (« Punjab To
NY »), des voix off radiophonique (« Radio Audience »), des
roulements de train (« 2nd Opening Night »), des sirènes
de police (« Eternity Is A Long Time »)…
Des mélodies soignées, des développements sans structure
préconçue, une organisation des voix tracée au cordeau… New York Sketches est un melting pot musical : lyrisme
exacerbé par un saxophone réverbéré et lointain (« The New CPW »),
blues dans un décor jungle à la Ellington (« 2nd Opening
Night »), réminiscences New Orleans (« One Man Fanfare In A
Cab »), fond rythmique africain (« Punjab To NY »), atmosphère
latine (« Sourceless Light »), environnement pop dans un style
Music-Hall (« Land »), traits de ragtime (« Raggamuffin
Brooklyn »), climat minimaliste répétitif (« Traffic Jam! »),
ambiance d’Europe centrale (« Extérieur nuit 2 »)… Le tout sur des
tempos plutôt tranquilles.
Entre la nostalgie des années folles et du Pop Art et la
magie du New York d’aujourd’hui, Pion livre sa vision de « la ville qui ne
dort jamais » dans un disque qui se parcourt comme un album photo
personnel.