Le 2 décembre, l’Espace Sorano poursuit sa saison jazz commencée en
octobre avec un groupe phare de la scène newyorkaise : Human Feel.
Tous les trois originaires de Seattle et étudiants au
Berklee College of Music de Boston, Chris Speed (saxophone ténor et clarinette), Andrew D’Angelo (saxophone alto et clarinette basse) et Jim Black (batterie) forment Human Feel, en 1987. Le guitariste Kurt Rosenwinkel les rejoint en 1990.
Les enregistrements du quartet sont rares : depuis 1989
et son premier album éponyme, le
quartet n’a sorti que cinq disques : Scatter
(1991), Welcome To Malpesta (1994), Speak To It (1996), Galore (2007) et Party Favor
(2016).
Le quartet joue dix morceaux, bis
compris. Les titres ne sont pas annoncés, mais Human Feel reprend « Alar
Vom », « Eon Hit » et « Half Bassed » (incertain) de Party Favor, « Sich Reped » de
Welcome to Malpesta, « United/Music »
de Scatter, « Improve » de Galore, plus quatre T.N.I. (thèmes non
identifiés)…
Les mélodies jaillissent, tantôt touchantes
et dissonantes à la Coleman (Ornette), tantôt écorchées à l‘Ayler (Albert). Le quartet malaxe les harmonies jazz, rock et musique
contemporaine dans un creuset « noisy ». Côté rythmes, une énergie mate
et brutale, foisonnante ou martelée, soutient une musique souvent violente. La
mise en scène sonore s’appuie sur une batterie sèche et puissante, une guitare
volontiers aérienne et des saxophones qui alternent unissons et
contrechants acérés.
Plutôt orienté rock jazz brutal, Black
frappe, cogne et en met partout, avec une vigueur qui ne se dément jamais. Ce qui
ne l’empêche pas de démontrer qu’il est parfaitement à l’aise dans des
environnements plus subtils. Entre ses nappes de sons lointaines, ses rifs qui
renforcent la pulsation de la batterie et ses lignes intenses, Rosenwinkel est
au four et au moulin. Quant à D’Angelo et Speed, ils ne font qu’un : des unissons
en bloc, des contrepoints impeccables, des
cris concordants, des développements en parfaite harmonie…
Human Feel puise ses sources dans
un rock underground noisy, mais utilise le prisme du jazz pour construire sa
musique : une sorte de free jazz rock contemporain… Pas question d’aimer
ou pas, il faut les écouter !