Le New York Standard Quartet existe depuis une douzaine
d’années et Sleight of Hand est le
troisième disque enregistré pour Whirlwind Recordings, après The New Straight Ahead (2014) et Power of 10 (2015), mais c’est le
sixième album du quartet, qui avait déjà sorti Live in Tokyo en 2008, UnStandard
en 2011 et Live at Lifetime en 2013.
NYSQ s’appuie sur l’un des piliers de Whirlwind Recordings,
le saxophoniste Tim Armacost, et sur
une section rythmique constituée de David
Berkman au piano, Daiki Yasukagawa
à la contrebasse et Gene Jackson à
la batterie. En dehors d’une courte parenthèse avec Michael Janish à la contrebasse, l’équipe n’a pas changé depuis la
création du quartet.
Côté répertoire, le nom du groupe affiche la couleur : NYSQ
reprend essentiellement des standards. Sleight
of Hand ne déroge pas à la règle. En dehors du morceau éponyme proposé par Berkman,
les sept autres titres sont dans le Real Book : « Soul Eyes » composé
par Mal Waldron en 1957 pour Interplay for 2 Trumpets and 2 Tenors,
avec John Coltrane, qui reprendra
d’ailleurs ce titre en 1962 (Coltrane) ;
« Ask Me Now » de Thelonious
Monk (1951) ; l’indémodable « In A Sentimental Mood », écrit
par Duke Ellington en 1935 ;
« I Fall In Love Too Easily », un tube de Frank Sinatra, créé par Jule
Styne et Sammy Cahn en 1945 pour
le film Escale à Hollywood ;
« This I Dig of You » que Hank
Mobley a enregistré pour Blue Note en 1960 dans l’album Soul Station ; « Detour
Ahead » que Herb Ellis, John Frigo, et Lou Carter ont arrangé en 1947 pour The Soft Winds, l’orchestre de Jimmy Dorsey ; Sleight of Hand se referme sur « Lover
Man », saucisson de 1941 signé Jimmy
Davis, Roger Ramirez et James Sherman.
L’architecture des morceaux respecte à la lettre la
structure du be-bop : thème – solos – thème. D’une durée moyenne de sept
minutes, les solistes ont tout leur temps d’exprimer leurs sentiments. Après
des introductions courtes (« Ask Me Now »), les mélodies sont exposées par le
saxophone ténor (« Soul Eyes »), souvent à l’unisson avec le piano (« Sleight
of Hand »), puis les morceaux se déroulent, énergiques (« Sleight of Hand ») ou
calmes (« Detour Ahead »). La batterie de Jackson est luxuriante (« Soul Eyes »),
ses stop-chorus foisonnent (« Sleight of Hand ») et ses solos explosent (« I
Fall in Love too Easily »), mais son chabada reste inaltérable (« This I Dig of
You »). La walking de Yasukagawa est impressionnante de précision et de
régularité (« Sleight of Hand ») : le plus souvent imperturbable (« Soul
Eyes »), la contrebasse se montre également inventive dans ses solos (« This I
Dig of You ») et sait aussi jouer à l’économie (« In a Sentimental Mood »).
Berkman passe de lignes d’accords fermes (« Ask Me Now ») à des contre-chants
denses (« I Fall in Love too Easily »), et ses développements s’inscrivent en
plein dans la lignée bop (« Sleight of Hand »). Sonorité droite et claire, parfaitement
à son aise dans cette ambiance bop (« In a Sentimental Mood »), le ténor d’Armacost
reste dans le main stream (« Sleight of Hand ») avec des velléités « coltraniennes »
(« This I Dig of You »), époque hard-bop, tandis que son soprano enrichit la
palette du quartet pour des morceaux cool (« I Fall in Love too Easily ») ou
bop (« Lover Man »).
Sleight of Hand ne
vole pas son titre : le NYSQ possède clairement le tour de main pour interpréter le répertoire be-bop !
Le disque
Sleight of Hand
NYSQ
Tim Armacost (ss, ts), David Berkman (p), Daiki Yasukagawa (b)
et Gene Jackson (d).
Whirldwind Recordings – WR4704
Sortie en avril 2017
Liste des morceaux
01. « Soul Eyes », Waldron (09:28).
02. « Ask
Me Now », Monk (07:38).
03. « In a
Sentimental Mood », Ellington (03:29).
04. « Sleight
of Hand », Berkman (07:54).
05. « I
Fall in Love too Easily », Styne & Cahn (05:33).
06. « This
I Dig of You », Mobley (07:48).
07. « Detour
Ahead », Carter, Ellis & Frigo (08:04).
08. « Lover
Man », Davis, Ramirez & Sherman (07:41).
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