Depuis quelques
années, sur les traces d’Avishai Cohen (le contrebassiste), une vague de
musiciens israéliens déferle sur la scène du jazz. Et, parmi ces musiciens, nombreux
sont les pianistes : Yonathan Avishai, Jeremy Hababou, Yaron Herman, Omer
Klein, Gadi Lehavi, Shai Maestro… et Omri Mor. Ce dernier se produit le 29
novembre 2018 en trio au Café de la Danse, dans le cadre du festival Jazz’n’Klezmer
et pour la sortie de It’s About Time,
paru chez Naïve en mars 2018.
It’s About Time! propose sept morceaux de Mor, « Marrakech »
d’Hamid Zachir et « You and The
Night and The Music » d’Arthur
Schwartz et Howard Dietz. Dans
le disque, Cohen tient la contrebasse, sauf sur deux titres, confiés à la basse
de Michel Alibo, Karim Ziad est à la batterie sur quatre
morceaux et Donald Kontomanou sur un,
quant à M’aalem Abdelkbir Merchan, il
chante « Marrakech ».
Le soir du concert, Mor est accompagné de Ziad et Romain Labaye à la basse. Après un parcours autodidacte, Labaye rejoint le Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris puis intègre les groupes de Céline Bonacina, Nguyên Lê, Scott Henderson… De son côté, Mor étudie le
piano classique, suit en parallèle des cours de jazz et s’intéresse simultanément
à la musique arabo-andalouse, dont le Chaâbi algérien. Aujourd’hui, il joue
aussi bien dans le trio de Cohen (le contrebassiste), qu’avec des orchestres
symphoniques, des groupes de rock et des formations Chaâbi ou Gnaoua. De Cheb Mami à Joe Zawinul, en passant par Lê, Ifrikya, le Festival Gnaoua
d’Essaouira… Ziad n’est plus à présenter !
Comme sur It’s About Time!,
le trio démarre le concert avec « Ramel Maya ». Après une introduction de Mor,
mélodieuse et parsemée d’arabesques, la rythmique s’emballe et le morceau part
dans des variations chaloupées. Même énergie entraînante dans « Atlas »,
avec une batterie heurtée et musclée, une basse souple et un piano virtuose. « Jerusalem »,
qui ne figure pas au répertoire d’It’s
about Time!, commence comme une comptine et tourne à la ballade orientale. Toujours
puissante, la batterie foisonne dans « Sica », tandis que la basse s’unie
au piano pour exposer le thème et souligner le développement de Mor, fusion d’influences
classiques et moyen-orientales. Le pianiste se montre particulièrement lyrique
dans « Dawn », soutenu par une basse chantante. Dans « Marrakech »,
le trio renoue avec une pièce typiquement orientale, rythmique, dynamique et
touffue. En bis, la batterie vrombit, la basse gronde et le piano enchaîne
traits véloces et volutes dissonantes.
La musique de Mor s’inscrit dans la lignée d’un jazz aux couleurs
moyen-orientales : It’s About Time!
est brillant et festif !