Troisième disque du Ligne Sud Trio, après un premier album
éponyme en 2013 et Lendemains prometteurs
en 2016, Musiques de film & jazz
réunit le pianiste Christian Gaubert,
le batteur André Céccarelli et le
bassiste Diego Imbert, à la place de
Jannick Top. Ils invitent Thomas Savy à la clarinette basse et
aux saxophones, Christophe Leloil à
la trompette et au bugle, Julien Gaubert
à la guitare et Karine Michel au
chant. Le disque sort chez Cristal Records en janvier 2019.
Les douze morceaux du répertoire sont évidemment tirés de
bandes originales de films : « His Eyes Here Eyes » de Michel Legrand (L’affaire Thomas Crown – 1968) ; « Un éléphant ça trompe
énormément » de Vladimir Cosma
pour le film éponyme d’Yves Robert (1976) ;
« Vivre pour vivre » (Claude
Lelouch – 1967), « Le passager de la pluie » (René Clément – 1970) et « Un homme
et une femme » (Lelouch – 1966) de Francis
Lai ; « Manhã do Carnaval » (Luiz
Bonfà) et « A Felicidad » (Antonio
Carlos Jobim) pour Orfeu Negro de
Marcel Camus (1959) ; « La
chanson d’Hélène » de Philippe
Sarde (Les choses de la vie de Claude Sautet – 1970) ; « Moon
River » d’Henry Mancini (Breakfast at Tiffany’s de Blake Edwards – 1961) ;
« E.T. The Extra Terrestrial » de John Williams (E.T.,
l’extraterrestre de Steven Spielberg
– 1982) ; « The Little Girl Who Lives Down The Lane » et « La puce et le privé » de
Gaubert pour les films éponymes de Nicolas
Gessner (1976) et Roger Kay (1981).
Fort de ses expériences d’arrangeur dans le domaine de la
variété (Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Yves Duteil, Eddy Mitchell…) et des nombreuses
bandes originales de films qu’il a composées (plus de cent cinquante), Gaubert s’avère
un fin mélodiste (« Manhã Do Carnaval »), d’un lyrisme (« E.T.
The Extra Terrestrial ») entraînant (« A Felicidad »). Le pianiste
peut compter sur une section rythmique aux petits oignons : Imbert fait
ronronner sa basse (« His Eyes Her Eyes »), joue des lignes chaloupées
(« A Felicidad »), agrémentées de shuffle entraînants (« Le
passager de la pluie ») et prend un chorus chantant (« Vivre
pour vivre ») ; fidèle à sa réputation, Céccarelli allie swing (« The
Little Girl Who Lives Down The Lane »), subtilité (« Un éléphant ça
trompe énormément ») et régularité (« La puce et le privé »). La
trompette de Leloil pimente les morceaux (« Un homme et une femme »)
et étoffe les propos du piano (« His Eyes Her Eyes »). Toujours plein
de caractère, la clarinette de Savy apporte de la densité (« La puce et le
privé ») et son soprano épaule la trompette sur un mode relax (« His
Eyes Her Eyes »). Julien Gaubert se mêle à la rythmique et met sa sonorité
wawa au service d’une ambiance vintage (« The Little Girl Who Lives Down
The Lane »). Quant à Michel, elle suit fidèlement les thèmes (« La
chanson d’Hélène ») et se met volontiers dans la peau d’un crooner (« Moon
River »).
Comme le résume Gaubert : « ce projet […] est
fondé sur le principe de standards que les musiciens de jazz se sont appropriés
à partir de thèmes, de chanson de fil ou de comédies musicales arrangées pour le groove
et l’improvisation ». Musique de
film & jazz égrène ses belles mélodies et ses rythmes balancés dans un
climat feutré et intime.