12 février 2019

Musique de film & jazz - Ligne Sud Trio


Troisième disque du Ligne Sud Trio, après un premier album éponyme en 2013 et Lendemains prometteurs en 2016, Musiques de film & jazz réunit le pianiste Christian Gaubert, le batteur André Céccarelli et le bassiste Diego Imbert, à la place de Jannick Top. Ils invitent Thomas Savy à la clarinette basse et aux saxophones, Christophe Leloil à la trompette et au bugle, Julien Gaubert à la guitare et Karine Michel au chant. Le disque sort chez Cristal Records en janvier 2019.

Les douze morceaux du répertoire sont évidemment tirés de bandes originales de films : « His Eyes Here Eyes » de Michel Legrand (L’affaire Thomas Crown – 1968) ; « Un éléphant ça trompe énormément » de Vladimir Cosma pour le film éponyme d’Yves Robert (1976) ; « Vivre pour vivre » (Claude Lelouch – 1967), « Le passager de la pluie » (René Clément – 1970) et « Un homme et une femme » (Lelouch – 1966) de Francis Lai ; « Manhã do Carnaval » (Luiz Bonfà) et «  A Felicidad » (Antonio Carlos Jobim) pour Orfeu Negro de Marcel Camus (1959) ; « La chanson d’Hélène » de Philippe Sarde (Les choses de la vie de Claude Sautet – 1970) ; « Moon River » d’Henry Mancini (Breakfast at Tiffany’s de Blake Edwards – 1961) ; « E.T. The Extra Terrestrial » de John Williams (E.T., l’extraterrestre de Steven Spielberg – 1982) ; « The Little Girl Who Lives Down The Lane »  et « La puce et le privé » de Gaubert pour les films éponymes de Nicolas Gessner (1976) et Roger Kay (1981).

Fort de ses expériences d’arrangeur dans le domaine de la variété (Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Yves Duteil, Eddy Mitchell…) et des nombreuses bandes originales de films qu’il a composées (plus de cent cinquante), Gaubert s’avère un fin mélodiste (« Manhã Do Carnaval »), d’un lyrisme (« E.T. The Extra Terrestrial ») entraînant (« A Felicidad »). Le pianiste peut compter sur une section rythmique aux petits oignons : Imbert fait ronronner sa basse (« His Eyes Her Eyes »), joue des lignes chaloupées (« A Felicidad »), agrémentées de shuffle entraînants (« Le passager de la pluie ») et prend un chorus chantant (« Vivre pour vivre ») ; fidèle à sa réputation, Céccarelli allie swing (« The Little Girl Who Lives Down The Lane »), subtilité (« Un éléphant ça trompe énormément ») et régularité (« La puce et le privé »). La trompette de Leloil pimente les morceaux (« Un homme et une femme ») et étoffe les propos du piano (« His Eyes Her Eyes »). Toujours plein de caractère, la clarinette de Savy apporte de la densité (« La puce et le privé ») et son soprano épaule la trompette sur un mode relax (« His Eyes Her Eyes »). Julien Gaubert se mêle à la rythmique et met sa sonorité wawa au service d’une ambiance vintage (« The Little Girl Who Lives Down The Lane »). Quant à Michel, elle suit fidèlement les thèmes (« La chanson d’Hélène ») et se met volontiers dans la peau d’un crooner (« Moon River »).

Comme le résume Gaubert : « ce projet […] est fondé sur le principe de standards que les musiciens de jazz se sont appropriés à partir de thèmes, de chanson de fil ou  de comédies musicales arrangées pour le groove et l’improvisation ». Musique de film & jazz égrène ses belles mélodies et ses rythmes balancés dans un climat feutré et intime.