30 mars 2019

Sur le quai en mars...


Seul à la barre de Jazz à bâbord, il n’est malheureusement pas toujours possible d’embarquer tous les disques qui veulent lever l’ancre chaque mois ! Voici ceux qui sont restés à quai en mars…

Quest of The Invisible
Naïssam Jalam (fl, nay, voc), Leonardo Montana (p) et Claude Tchamitchian (b), avec Hamid Drake (daf)
Les couleurs du son – CDS238927
Sortie le 1er mars 2019






Montevago
Theo Ceccaldi (vl) & Roberto Negro (p)
Brouhaha
Sortie le 1er mars 2019







Black Moon
Eric Plandé & Bruno Angelini
Eric Plandé (ts, ss) et Bruno Angelini (p)
Cristal Records – CR281
Sortie le 8 mars 2019








Animi
Shauli Einav (ts, ss), Andy Hunter (tb), Tim Collins (vib), Yoni Zelnik (b) et Guilhem Flouzat (d), avec Fayçal Salhi (oud)
Sortie le 8 mars 2019







Guardians of The Heart Machine
Seamus Blake (sax, voc), Tony Tixier (p), Florent Nisse (b) et Gautier Garrigue (d)
Sortie le 15 mars 2019







Sherpa
Heo Trio
Heo (p), Alexis Coutureau (b) et Kevin Lucchetti (d), avec Youn Sun Nah (voc)
Cristal Records – CR275
Sortie le 22 mars 2019






Flûte Poésie
Emilie Calmé (fl), Laurent Maur (hca), Alain Jean-Marie (p), Gilles Naturel (b) et Lukmil Perez (d)
Continuo Jazz – CC777.812
Sortie le 29 mars 2019







Quiet Men
Denis Colin (b cl, c cl), Pablo Cueco (zarb), Simon Drappier (arpeggione) et Julien Ome (g)
Sortie le 29 mars 2019







Improse Extended
Thierry Eliez Trio
Thierry Eliez (p), Ivan Gelugne (b) et André Ceccarelli (d)
Dood Music – GA8874
Sortie le 29 mars 2019

24 mars 2019

Grands Formats sur les bords de Marne…


Depuis près de trente ans, le Centre Des Bords de Marne (CDBM) fait partie de ces lieux « amis du jazz »  qui programment de nombreux événements : la Nuit du jazz, la Biennale, une résidence – Jean-Marie Machado y est compositeur associé depuis 2010 – des concerts…

Le 14 mars 2019 le CDBM organise la Soirée Grands Formats, une fédération qui regroupe plus de quatre-vingt orchestres. Une fois n’est pas coutume, c’est un trio ui ouvre le bal, celui de Didier Ithursarry, suivi du Wanderlust Orchestra, dirigé par Ellinoa, puis de l’Ensemble Diagonal de Jean-Christophe Cholet.


Didier Ithursarry Trio

En 2018 Ithursarry forme un trio avec Joce Mienniel aux fûtes et Pierre Durand à la guitare. Pour le concert du CDBM, l’accordéoniste propose six morceaux de son cru, qui figurent au répertoire de l’album qui va sortir sous peu…

Les mélodies évoquent souvent des ritournelles folkloriques (« Forza ») tirées des quatre coins du monde – blues (« Gobi »), Brésil (« Forró Suite »), Mexique (« Mariachis For Aita »)… – et rendent hommage à des personnes qui comptent pour Ithursarry : les musiciens brésiliens Hermeto Pascoal, Dominguinhos et Sivuca (« Forró Suite »), sa maman (« Ama Song », ama signifie mère en basque), son papa (« Mariachis For Aita », aita signifie père en basque)…




Même si le trio glisse dans son discours des ingrédients tirés de différents genres musicaux – folk (« Forza »), blues (« Gobi »), extrême orient (« Ama Song »), rock (le quatrième morceau)… – le traitement des thèmes reste marqué par la musique de chambre contemporaine (« Ama Song »), avec un côté cinématographique (« Forró Suite ») et des développements particulièrement expressifs (« Gobi »). Des échanges dissonants (« Forza ») alternent avec des dialogues en contrepoints (« Ama Song »), des motifs à l’unisson (« Mariachis For Aita »), des superpositions de voix (« Forró Suite »)… Les morceaux sont pour la plupart vifs, voire sautillants (« Mariachis For Aita »), entraînés par un swing vigoureux, L’accordéon joue souvent le rôle d’un clavier, avec ces accents mélancoliques et ce lyrisme caractéristiques du piano à bretelles, tandis que les lignes d’accords et autres effets sonores de la guitare, associés au jeu de la flûte en technique étendue – souffle, cris, touches… – maintiennent la carrure, soulignent le rythme et renforcent l’expressionnisme du trio.

Dans la continuité de certains projets auxquels participe Ithursarry (Hymnes à l’amour, The Atomic Flonflons, Le bal perdu, Lua…), le trio façonne une musique savante à partir d’un matériau populaire… Vivement le disque !


Wanderlust Orchestra

Camille Durand, alias Ellinoa, monte le Wanderlust Orchestra en 2017 avec des musiciens venus de tous horizons, mais rencontrés pour la plupart aux Centre des Musiques Didier Lockwood. Elle compose le répertoire du premier disque éponyme de l’orchestre (Music Box Publishing – 2018) en s’inspirant de mots inuit, allemands, français, anglais, suédois, japonais… intraduisibles !

Outre Ellinoa, à la direction et au chant, le Wanderlust Orchestra est constitué de Sophie Rodriguez à la flûte, Balthazar Naturel au cor anglais, Illyes Ferfera au saxophone alto, Pierre Bernier aux saxophones ténor et soprano, Luca Spiler au trombone, Adélie Carrage et Anne Derrieumerlou aux violons, Hermine Péré-Lahaille à l’alto, Juliette Serrad au violoncelle, Matthis Pascaud à la guitare, Richard Poher au piano, Arthur Henn à la contrebasse, Gabriel Westphal à la batterie et Léo Danais aux percussions. L’orchestre reprend six pièces tirées du disque.

Tout commence par « Iktsuarpok », mot inuit qui décrit « une sensation d’attente effrénée », traduite musicalement par un thème puissant et une ambiance tendue, avec une voix lointaine, un orchestre nerveux et un chorus du cor anglais dans une veine classique. La sensation de solitude ressentie lors d’une ballade dans la nature, « Waldeinsamkeit » en allemand, est un mouvement calme, marqué par des textures sonores contrastées, avec les cordes acérées, le glockenspiel cristallin, la contrebasse boisée, le trombone velouté… « Dépaysement » s’articule autour de plusieurs tableaux : d’abord une introduction soulignée par les cordes en pizzicato, le glockenspiel minimaliste et une pédale du piano, puis une mélodie tranquille et un chorus de contrebasse vigoureux, qui laissent la place à un dialogue dynamique entre le piano et la voix, un solo de violoncelle solennel, un passage chambriste avec le quatuor et, après une intervention de la batterie aux balais, un final enlevé dans un style latino, porté par la flûte… Mot ourdou, « Goya » évoque la « suspension d’incrédulité » ou cette impression que le fictif est réel, et c’est au saxophone alto que revient la tâche de décrire cette sensation, à travers une mélodie étirée et intense. L’orchestre enchaîne sur un mouvement lent, comme une marche, souligné par la voix diaphane, un peu irréelle : c’est « Mångata », qui signifie « le reflet de la lune sur l’eau » en suédois… La guitare, d’abord aérienne, est rapidement propulsée sur une orbite rock par une section rythmique sur-vitaminée et un orchestre énergique. Le concert s’achève sur le morceau-titre, « Wanderlust », emblématique s’il en est car ce mot anglais peut se traduire par esprit d’aventure ou « appel du large »… Le développement du thème reste mélodieux, avec quelques touches romantiques, et dense.

Orchestre raffiné, le Wanderlust Orchestra peint des toiles sonores colorées et subtiles, mélodieuses et modernes.




Nights in Tunisia - Ensemble Diagonal

Créé à l’aube des années deux mille par Jean-Christophe Cholet, l’Ensemble Diagoanal explore les traditions musicales populaires de tous horizons : Alpes (Suite Alpestre avec le Vienna Art Orchestra de Mathias Rüegg – 1997), Angleterre et Irlande (English Sounds & Irish Suite – 2001), Europe de l’Est (Slavonic Tone – Altrisuoni – 2003), musique française du début vingtième (French Touch – Cristal Recors – 2009) et Maghreb avec Nights in Tunisia, dont le premier opus a été enregistré en 2011 pour Cristal Records.

L’Ensemble Diagonal est un orchestre à géométrie variable, mais le saxophoniste Vincent Mascart et le tromboniste Geoffroy de Masure font partie de l’aventure quasiment depuis le début. En revanche, la chanteuse Dorsaf Hamdani, le trompettiste Geoffroy Tamisier et le bassiste Linley Marthe ont rejoint l’orchestre pour le projet Nights in Tunisia. Dans ce deuxième programme présenté au CDBM, le violoniste Jasser Haj Youssef et le batteur Chandler Sarjoe cèdent leurs places à Iyadh Labbene et Karim Ziad.

L’Ensemble Diagonal joue huit morceaux composés par les membres de l’orchestre ou repris du folklore tunisien. Si Nights in Tunisia est évidemment un clin d’œil au standard que Dizzy Gillespie et Frank Paparelli ont composé en 1942, la parenté avec le be-bop n’est que lointaine… Qu’elles soient tirées de la tradition tunisienne (« Frag Ghzali » de la diva Saliha ou « Keb El Foulara ») ou signées de l’Ensemble Diagonal, les mélodies ont toutes des consonances orientales (« Hardi », « Safar »). Si les développements restent dans l’ambiance arabo-andalouse (« L’Imam attaque », « Hardi »), chaque soliste apporte sa touche personnelle : vocalises orientales d’Hamdani (« Frag Ghzali »), discours aérien de Tamisier (« L’Imam attaque »), envolées touffues de Mascart (« Andalousie »), lignes ébouriffées de Marthe (« Salamalik »), intermède gipsy de Labbene (« Frag Ghzali »), introduction debussyste de Cholet (« Keb El Foulara »), propos modernes de Masure (« Safar ») et escapades funky de Ziad (« Sidi Bou Said »). Sans oublier que Marthe et Ziad font danser les rythmes du début à la fin avec une vitalité contagieuse. L’octet joue si habilement avec les différentes textures sonores et la construction des voix qu’il sonne comme un grand format…

Les Nights in Tunisia de l’Ensemble Diagonal marient avec bonheur jazz et traditions musicales du Maghreb.


La Soirée Grands Formats en photos...

Centre Des Bords de Marne - 14 mars 2019

Didier Ithursarry Trio









Wanderlust Orchestra






Nights in Tunisia - Ensemble Diagonal











22 mars 2019

Aux ronds-points des Allumés du Jazz…


A l’occasion du Disquaire Day, le 13 avril 2019, Les Allumés du Jazz sortent une revue, Aux ronds-points des Allumés du Jazz, et un disque… Jean Rochard, fondateur du label nato en 1980, et membre du conseil d’administration des Allumés du Jazz, revient sur le parcours de la fédération et donne son point de vue sur la situation de la musique aujourd’hui.


Les Allumés du Jazz

Jazz à Bâbord : Vingt-cinq ans après sa création, Les Allumés du Jazz regroupent près de quatre-vingts dix labels, autour de trois mille deux cent artistes et quasiment deux milles albums… Comment expliquer un tel succès ?

Jean Rochard : Il semble un peu hasardeux de parler de succès ! La production indépendante de musique enregistrée et a fortiori de jazz (le mot entendu en un sens très large, ce qui est la moindre des choses) procure bien des joies, mais aussi des souffrances et il y a une grande méconnaissance de cette partie. Les Allumés du Jazz ont peut-être su entendre ça et offrir non une organisation en ordre de marche, mais un lieu où échanges et rencontres sont possibles.

JàB : Le bilan est positif ?

JR : « Globalement positif » dirait Georges Marchais. On se méfiera de mots comme positif ou négatif qui renvoient trop à une simple alternance électrique. Ce qui compte avant le bilan des Allumés du Jazz, c’est la situation de ses membres, de toutes ces maisons de disques, ces productions. Les Allumés du Jazz ne sont que le reflet de cette vie là.


JàB : Quelles ont été les grands jalons de l’histoire des Allumés du Jazz ?

JR : Leur création sans doute, très empirique, presque hasardeuse, mais avec un fond de désir commun à partir duquel les Allumés du Jazz ont progressé. Pour les réalisations, on pourra sans doute noter la publication du journal Les Allumés du Jazz diffusé à dix-sept mille exemplaires et qui semble toucher beaucoup de gens. Il y a aussi une bonne relation avec illustrateurs et photographes. Seul regret : ne pas avoir les moyens de faire davantage de numéros… Ce qui serait beaucoup demandé ! Nous en sommes à trente-sept. Il y a eu aussi des participations dans des festivals, des débats, des concerts – les Allumés du solo –, la diffusion du film de Brendan Toller, I Need That Record, que les Allumés ont fait sous-titrer en Français, la solidarité marquée vis à vis de Gérard Terronès, et, bien sûr, la création de la boutique au Mans, qui a marqué une sorte d’incarnation très forte et de rapprochement avec les disquaires, une catégorie très appréciée des Allumés du Jazz !

JàB : En 1995, lors de la création des Allumés du Jazz, la diffusion et la promotion des musiques via le disque est au centre des préoccupations, qu’en est-il aujourd’hui ?

JR : Au fond, c’est assez similaire, même si tout a été chamboulé ! Ce qui importe, c’est que l’expression musicale reste pleine et entière. Ce qui n’est pas évident dans les conditions actuelles où le surplus de contingences, high-tech ou pas, est aussi touffu que confus…

JàB : Au fait, comment et pourquoi « Les Allumés du Jazz » ?

JR : Parce qu’il y avait besoin d’un peu de lumière !...

JàB : Comment fonctionnent Les Allumés du Jazz ?

JR : Il y a des commissions sur des sujets divers. Chaque commission a un délégué qui est automatiquement membre du Conseil d’Administration. Le souhait est que tout le monde puisse s’exprimer.

JàB : Et comment se financent Les Allumés du Jazz ?

JR : Avec des aides publiques ou de sociétés civiles, qui tendent à se réduire…


La musique de jazz en France et ailleurs

JàB : Quel regard sur le jazz en France : production discographique, clubs, festivals, écoles… ?

JR : Il y a tant d’angles de regards… Il y a de plus en plus de musiciens, de moins en moins d’occasions de jouer et une professionnalisation souvent étouffante, avec trop de sélection : les dix meilleurs, les cinq émergents etc. Une certaine forme d’underground tend à se recomposer. Il y a beaucoup de talents totalement ignorés par un système qui s’est par trop rigidifié.

JàB : Et quel regard portez-vous sur le public du jazz en France ?

JR : Les Allumés du Jazz aiment les gens qui aiment la musique et le font sentir, vigoureusement !

JàB : Comment jugez-vous l’évolution des politiques gouvernementales en matière de musique ?

JR : Comme en matière de social : déconnectée !



JàB : Quelle position vis-à-vis de la musique dématérialisée, comment voyez-vous l’évolution du jazz et de l’action des Allumés du Jazz ?

JR : Avec un sacré mal de tête ! Les perceptions varient. Certains membres se sont bien adaptés aux nouvelles technologies, mais la plupart reste attachée au disque comme objet représentant une réalisation, racontant une histoire. Quelque chose d’achevé, très loin des playlists anonymes. Le disque, qu’il soit vinyle ou compact reste un vecteur assez idéal de reproduction de l’enregistrement et plus encore de sa mise en jeu. Avec les nouvelles technologies, il y a bien sûr d’autres aspects : sociaux, écologiques. Dans la revue Aux ronds points des Allumés du Jazz, vous trouverez un chapitre intitulé « Numérique l’envers du décor », assez parlant.

JàB : Les Allumés du Jazz œuvrent en France, quid du jazz à l’étranger ?

JR : C’est la grande faiblesse, les Allumés du Jazz ont des contacts à l’étranger mais il y a bien mieux à faire. Récemment Igloo, label belge, a rejoint les Allumés du Jazz. Il est vrai qu’un certain internationalisme ouvre mieux les frontières. Il y en a grand besoin.


Aux ronds-points des Allumés du Jazz

JàB : Les Allumés du Jazz lance une revue accompagnée d’un vinyle, le 13 avril, jour du Disquaire Day. Tout un symbole ?

JR : Disons simplement que c’est un jour où il y a un peu plus d’attention portée à nos réalités. Nous regrettons que cette journée, initiée par des disquaires américains, soient trop devenue « la fête du 33 tours » alors qu’elle devrait embrasser tout ce qu’un disquaire peut offrir.


JàB : Aux ronds-points des Allumés du Jazz, pourquoi ce titre ? Presqu’un clin d’œil aux gilets jaunes… 

JR : Presque, en effet !

JàB : Aux ronds-points des Allumés du Jazz est une nouvelle revue et / ou la prolongation du journal ? Ce dernier paraîtra-t-il encore ?

JR : Autant que faire se peut. La revue est un moment un peu différent, mais complémentaire. Le journal a beaucoup participé de l’identification des Allumés du Jazz, de la possibilité d’exprimer leur pensée, comme pour l’affaire du Centre National de la Musique, par exemple.

JàB : Pourquoi avoir couplé une revue et un disque ?

JR : Parce qu’on ne peut pas seulement commenter, et que, naturellement, comme ce que les membres des Allumés du Jazz aiment faire, ce sont des disques, alors, en toute logique, joignons la musique à la parole, et même le dessin à l’écrit…

JàB : Est-ce une opération éphémère ou le début d’un projet à long terme ?

JR : Une opération éphémère à long terme. Un bout de jazz en somme…

17 mars 2019

Through The Seasons – Nicolas Fabre Trio


Après le conservatoire du Mans et l’ARPEJ, Nicolas Fabre joue dans des contextes divers tels que Sonny Troupé (Pagaille), Toma Roche (slam), Mentat Routage (pluridisciplinaire), Michel Aymard et Felipé Grande (chanson). Through The Seasons est le premier disque de Fabre avec son trio, composé de Bertrand Beruard à la contrebasse et Nicolas Favrel à la Batterie.

Enregistré au Studio de Meudon autour de neuf compositions de Fabre, Through The Seasons sort en octobre 2018.

Des mélodies soignées (« Source », « L’envol »), empreintes de lyrisme (« Trovare ») et de gravité (« Lueur »), soulignées par des touches funky (« Song For Ahmad »), des accents sud-américains (« Revolutions ») ou une rythmique appuyée (« Through The Seasons ») : Through The Seasons alterne dialogues intimistes et passages tendus (« Contemplation »). Le trio reprend le plus souvent la structure thème – solos – thème qui permet à chacun de s’exprimer (« Song For Ahmad »). A la fois vif et discret (« Source »), Favrel possède un drumming entraînant (« Revolutions ») et plein de swing (« L’envol »), pimenté de motifs latinos (« Song For Ahmad »), binaires (« Through The Seasons ») et d’effets percussifs (« Revolutions »). Beruard a la contrebasse chantante (« Contemplation ») et maintient une pulsation enlevée avec des passages en walking (« Trovare »), des shuffle (« L’envol ») et des riffs dansants (« Song For Ahmad »). Quant à Fabre, volontiers poétique (« Contemplation »), voire solennel (« Lueur ») ou impressionniste (« Inner Side »), il gère avec habileté les équilibres main gauche – main droite (« Through The Seasons ») et part facilement dans des développements énergiques (« Song For Ahmad »).

Through The Seasons ne se contente pas d’être le disque d’un bon trio piano – contrebasse – batterie de plus, mais possède en plus une personnalité attachante.

14 mars 2019

Rêveries Sonores - Super Alone


Derrière Super Alone se cache le guitariste Robin Nitram. Passé par l’International Muscic Educators of Paris et le Conservatoire à rayonnement régional de Paris, Nitram a sorti deux disques en 2018 : Leaving Space avec Duology eXperiment, en compagnie d’Antoine Delbos, et Rêveries Sonores, en solo.

Enregistré en concert au 59 Rivoli, Rêveries Sonores compte cinq morceaux signés Nitram, plus « Blues In Green » de Bill Evans. L’illustration colorée de la pochette a été confiée à Audrey Thirot, chanteuse et saxophoniste, qui a également créé le duo So Ouatte avec Nitram.

« Cos », hommage au cosinus (Nitram n’a pas fait des études scientifiques pour rien…), se déroule sur un mode minimaliste : un motif cristallin, presque comme une sanza, sur quelques frottements forment un décor rythmique, puis le guitariste développe une mélodie aérienne, étirée, méditative, en ajoutant ça-et-là des effets électro lointains, qui finissent par envelopper la musique. La « Rêverie #1 » est enchaînée dans un esprit similaire avec des textures sonores synthétiques moelleuses, sur lesquelles la guitare égrène une ligne sobre, vaporeuse et ralentie, dont la thématique rappelle « My Favorite Thing ». Nitram interprète ensuite un « Blue In Green » note à note, distendu, avec quelques traits de guitare en arrière-plan. La « Rêverie #2 » poursuit l’exploration de « Blue In Green », avec l’incursion de grattements, claquements et autres bruitages qui donnent un côté fantasmagorique au discours délicat de la guitare. Des petites phrases courtes et vives alternées avec une pédale lancent la « Rêverie #3 ». « Daurey » – anagramme d’Audrey – superpose un riff lancinant et une mélodie élégante, soulignée par une réverbération discrète puis des nappes sonores électro.

Dans une ambiance éthérée, Les Rêveries Sonores de Super Alone ne sont que douceur et onirisme…

12 mars 2019

Sons d'hiver - Partie III


Théâtre Antoine Vitez – Ivry-sur-Seine
Mardi 19 février 2019

Interzone – Kan Ya Ma Kan

Le guitariste Serge Teyssot-Gay et le joueur d’oud et chanteur syrien Khaled Aljaramani ont monté Interzone en 2002. Kan Ya Ma Kan est sorti en février 2019 sur le label Intervalle Triton, créé par Teyssot-Gay. Il s’agit du quatrième disque du duo après Interzone (2005), Deuxième jour (2006) et Waiting For Spring (2013).

Exilé en France en 2011, au début de la révolution syrienne, Aljaramani s’est fait connaître avec Interzone, bien sûr, mais aussi son ensemble Bab Assalam. Si la carrière musicale de Teyssot-Gay est indissociable de Noir Désir qu’il a cofondé en 1980 et avec lequel il est resté jusqu’en 2003, date de la dissolution du groupe, il ne faut pas oublier non plus son duo Trans avec Joëlle Léandre, ses projets avec Mike Ladd et Marc Nammour ou encore ses collaborations avec Médéric Collignon, Akosh S
Le concert reprend sept morceaux du répertoire de Kan Ya Ma Kan et « Sounounou » tiré de Deuxième jour. Les morceaux se structurent la plupart du temps autour d’un riff joué alternativement par la guitare et l’oud, sur lequel le deuxième instrument, ou la voix grave et chaude d’Aljaramani, développe le thème, souvent mélodieux. Un bourdon lointain à la guitare accompagne une mélodie orientale exposée à l’oud : « Hala Hala Haïa » est un chant de caravaniers puissant. Inspiré par une poésie soufie, « Ivresse » commence avec majesté sur un chant lent et doux, puis la guitare se laisse emporter par « un rock du monde » tandis que l’oud égrène un motif entraînant. Les effets électro aériens de la guitare contrastent avec la sonorité acoustique de l’oud qui joue avec les gymnopédies dans « Erik Satie ». L’extrême orient s’invite dans la jolie mélodie du « Paradis perdu » qui s’envole dans des échanges de contrepoints virevoltants. Porté par une succession d’unissons et de contre-chants véloces, « Sounounou » est particulièrement entraînant. « Fête d’adieu » est mélancolique comme il se doit, Tesyssot-Gay et Aljaramani jouent sur la complémentarité des timbres électriques et acoustiques pour rajouter du mystère. Un riff entêtant, des accents extrême-orientaux et des trémolos rythmiques accompagnent l’« Aller-retour ». Quant au « Tapis volant », il décolle brutalement avec la guitare qui emprunte des chemins rocks sur les accords arpégés et les motifs staccato de l’oud. En bis, Teyssot-Gay reste minimaliste, tandis que la voix d’Aljaramani s’élève comme une complainte, avant un final puissant à l’unisson

Interzone ne se contente pas d’être un énième duo qui surfe sur la vague de la World Music, mais instaure un dialogue authentique et convaincant entre une guitare électrique, un oud et une voix, nourri de rock, de jazz et de musiques traditionnelles.




Maâlem Mokhtar Gania, Jamie Saft, Adam Rudolph et Hamid Drake

Cela fait près de vingt ans qu’Hamid Drake est un fidèle de Sons d’hiver… Pour l’édition 2019, il a monté avec Maâlem Mokhtar Gania un quartet pour explorer la musique gnaoua, qu’il propose au  théâtre d’Ivry-sur-Seine.

Dès 1978  Drake joue au sein de The Mandingo Griot Society, l’un des groupes-pionniers de la World Music, cofondé par le musicien ghanéen Jali Foday Musa Suso et le percussionniste Adam Rudolph (avec Joseph Thomas à la contrebasse et, en invité, Don Cherry), lui aussi grand amateur de musique tagnaouite. Gania est issue d’une longue tradition de maâlem d’Essaouira : son grand-père, Ba Massoud, son père, Boubker, et son frère, Mahmoud, furent des figures emblématiques de la musique gnaoua. Outre ses nombreuses formations, Gania s’est également produit avec Bill Laswell. Quant au quatrième larron, le claviériste Jamie Saft, il est évidemment connu pour son association aux projets de John Zorn et à Tzadik, mais sa versatilité lui permet de jouer aussi bien avec Dave Douglas, Bobby Previte, Steve Swallow, Joe McPhee… que les B52’s, Beastie Boys et autre Bad Brains.


La musique gnaoua est essentiellement rythmique et, instrumentation aidant, le quartet s’en donne à cœur joie. La construction des morceaux suit peu ou prou le même schéma : le guembri lance un riff qui détermine l’atmosphère du thème, la batterie et les congas lui emboîtent le pas dans une polyrythmie luxuriante et hypnotique, les claviers soulignent les rythmes par des séries d’accords minimalistes et la voix, entre scansion et chant, suit également la structure du riff, quasiment comme une psalmodie. Chaque pièce atteint rapidement son altitude de croisière, intense et nerveuse, avec peu de variations de volumes et de tempo – à part quelques accélérations virtuoses. Aux multiples contrepoints, unissons et autres boucles rythmiques qui mettent du piment dans la musique du quartet, s’ajoutent des percussions diverses : Drake délaisse sa charleston pour un bendir et Rudolph ses congas pour un cajon ou des percussions et instruments divers (une flûte en bambou, un triangle, une sanza…).

Le quartet joue une forme de musique répétitive, dans laquelle, tel un kaléidoscope, les cellules rythmiques se combinent dans des motifs qui invitent à la transe.



Théâtre Paul Eeluard – Choisy-le-Roi
Mercredi 20 février 2019

Naïssam Jalal & Nanda Mohammad

Déjà présente à Sons d’hiver en 2014 avec son quintet Rhythms of Resistance (Osloob Ayati – 2015 et Almot Wala Almazala – 2016) et en 2018 avec le quartet Quest of the Invisible, Naïssam Jalal présente un nouveau projet autour de l’œuvre du poète égyptien Amal Donkol.

Sur une mise en scène sobre (deux tabourets et une poursuite douce) d’Ahmed El Attar (The Last Supper, Avant la révolution, Mama…), Jalal illustre les poèmes déclamés en arabe par l’actrice syrienne Nanda Mohammad. Une traduction des vers est projetée sur un écran et les poèmes ont été rassemblés dans un livret remis aux spectateurs.


Debout, immobile, sans fioriture, ni gestuelle, Mohammad lit les textes d’une voix légèrement rauque, avec une diction claire et un ton solennel. Les volutes sinueuses de la flûte traversière, ponctuées de sauts d’intervalles, font la transition entre le « Fragment du livre de la mort » et l’« Entretien avec le fils de Noé ». Pour introduire le douloureux « Ne te réconcilie pas », Jalal passe au nay, avec une mélodie fragile aux accents moyen-orientaux, traversées d’envolées stridentes. Des vocalises sourdes et sombres viennent ensuite renforcer la gravité de la voix, avant qu’un chorus de flûte endiablé et dramatique, parsemé de souffles, de cris et de jeux rythmiques, ne fasse monter la tension d’un cran supplémentaire. Le solo de Jalal qui conclut ce poème désespéré est particulièrement poignant, avec la voix qui s’intercale entre les phrases de la flûte. Dans « Les dernières paroles de Spartacus », les vocalises élégantes de Jalal accompagnent de nouveau la voix de Mohammad. Et pour conclure « La mort en tableau », Jalal joue un thème aérien au nay.

El Attar a placé ce spectacle sous le signe de l’espoir et veut avant tout faire passer « une agréable soirée poétique musicale »… Pari gagné. 


Nicole Mitchell’s Black Earth Ensemble
Mandorla Awakening II: Emerging Worlds

Que ce soit avec le Black Earth Ensemble (2005), Indigo Trio (2009), Michel Edelin (2010), Steve Coleman (2011), Denis Fournier (2013), Tortoise (2013), Sylvain Kassap (2015)… Nicole Mitchell est une habituée de Sons d’hiver…

Pour l’édition 2019, Mitchell et son Black Earth Ensemble (vingt ans d’existence…) jouent le répertoire de Mandorla Awakening II: Emerging World, dont le disque est sorti en mai 2017. Pour l’occasion, la flûtiste réunit un nonette avec Avery R Young au chant, Kojiro Umezaki au shakuhachi (flûte en bambou), Mazz Swift au violon, Tomeka Reid au violoncelle et au banjo, Hélène Breschand à la harpe, Alex Wing à la guitare électrique, à l’oud et au thérémine, Tatsu Aoki à la contrebasse, au shamisen (luth à trois cordes) et au taiko (tambour), et Jovia Armstrong aux percussions.

Avec une telle instrumentation, les textures de la musique du Black Earth Ensemble ne peuvent qu’être inouïes. Mitchell décrit d’ailleurs son projet comme un creuset de contrastes : « Mandorla Awakening II confronte musicalement certaines de ces dualités, l’urbain vs le rural, l’ancien vs le moderne, l’acoustique vs l’électrique, et célèbre le dialogue musical interculturel ».


Une ambiance futuriste à base de claquements, bruitages, cliquètements, effets électro… laisse place à des envolées free, le tout sur une rythmique contrebasse et percussions charnelle et entraînante. Un dialogue entre le violoncelle et le shamisen, bientôt rejoints par la harpe et le violon, s’inscrit dans une veine contemporaine, tandis qu’un duo impressionniste de la flûte et du shakuhachi évoque la musique du début XXe. Le nonette se montre expressif du début à la fin de concert : des pizzicatos, phrases cristallines et autres notes piquées s’élèvent comme autant de cris d’oiseaux ; au taiko, grave et majestueux, répond un orchestre qui crisse, grince, gratte, couine… dans un délire bruitiste ! Les sons étranges du thérémine, tout droit sortis de la science-fiction, se frottent aux sonorités acoustiques du banjo, du shenizen, du violon, de la harpe… pendant que la flûte traversière swingue et que la guitare y va de son blues, sur une rythmique funky, dans un festival d’anachronismes réjouissants. Une ambiance méditative, quasi monacale, se mue petit à petit en une suite d’interactions contemporaines qui débouchent sur tournerie médiévale ! Quand la voix de Young s’en mêle, le Black Earth Ensemble revient davantage sur les sentiers traditionnels de la musique afro-américaine : un blues démonstratif, volontiers churchy, voire soul et même rock, souvent proche d’un prêche extatique, porté par le répons et les contrechants tendus de l’orchestre, sur une rythmique funky, dansante à souhait.

La luxuriance des timbres, la vivacité des rythmes, le foisonnement des échanges et la finesse des motifs mélodiques font de Mandorla Awakening II: Emerging Worlds un grand moment de fraternité musicale et donnent mille fois raison à la définition de Mitchell : « jazz is a gobalized african american freedom vehicle »…


Maison des Arts – Créteil
Vendredi 22 février 2019

Eve Risser Red Desert Orchestra – Eurythmia

Avec le trio En-corps, en compagnie de Benjamin Duboc et Edward Perraud, le Grand bazar en duo avec Antonin-tri Hoang, L’ensemble ensemble (Mari Kvien-Brunvoll, George Dumitriu, Kim Myhr et Toma Gouband) ou à la tête de ses Desert Orchestras (le White et le Red), Eve Risser fait partie de cette nouvelle génération d’artistes innovants en train de refaçonner le paysage musical.

Après Les deux versants se regardent (Clean Feed – 2016) du White Desert Orchestra, Risser se lance dans une nouvelle aventure avec le Red Desert Orchestra et deux programmes : Kogoba basigui avec le Kaladjula Band créé le 7 décembre 2018, et Eurtyhmia, avec le trio Bambara / Hié / Hié, créé à Sons d’hiver, le 22 février 2019.


Onze musiciens accompagnent la pianiste : à Antonin-Tri Hoang (saxophone alto, clarinettes et clavier) et Fanny Lasfargues (guitare basse) qui jouent également dans le White Desert Orchestra, s’ajoutent Sakina Abdou (saxophone ténor), Grégoire Tirtiaux (saxophone baryton), Nils Ostendorf (trompette et clavier), Matthias Müller (trombone), Tatiana Paris (guitare), Mélissa Hié (balafon et djembé), Ophélia Hié (balafon), Oumarou Bambara (djembe et goni) et Emmanuel Soarpa (batterie). Un orchestre de jazz et un trio de percussions africaines : l’instrumentation d’Eurythmia revient aux sources. André Schaeffner ne fait-il pas du balafon un précurseur du jazz (petit raccourci, mais bon…) ?

Tout commence dans la savane, à la nuit tombée… Un minimalisme bruitiste expressif évoque les rumeurs mystérieuses de la brousse : cliquetis, crissements, sonnailles, bruissements, sifflements, crécelles, notes et accords tenus, grésillements, souffles… Quelques esquisses de lignes mélodiques s’intercalent brièvement. Puis le mouvement s’amplifie, le rythme s’accélère, les percussions font monter la pression et, brutalement, le tapage mécanique d’une usine se substitue au brouhaha de la nuit… Après ce tableau expressionniste, l’orchestre joint ses voix à la puissance de frappe rythmique des balafons, djembés, batterie et autre guitare basse, pendant que le saxophone alto s’envole sous des cieux free. Les ostinatos s’imbriquent et les riffs entêtants des balafons plantent des décors hypnotiques – l’influence de la musique répétitive est palpable – avec les chœurs de l’orchestre en arrière-plan, tandis que la trompette claironne son discours, le saxophone baryton pousse un long barrissement (en souffle continu), le saxophone ténor étire son chant, le piano alterne jeu dans les cordes, clusters et ébauches mélodiques…

Eurythmia porte bien son titre : Risser et son Red Desert Orchestra développent en toute harmonie des combinaisons sonores, des structures polyrythmiques et des lignes mélodiques… mais sans laisser notre pouls indifférent !


Steve Coleman Natal Eclipse

Steve Coleman est déjà une légende : son collectif M’Base, ses Five Elements, son Council of Balance, ses Metrics et autres Mystic Rhythm Society ont marqué l’histoire de la musique. Coutumier de Sons d’hiver depuis les débuts, Coleman investit la Maison des Arts de Créteil avec Natal Eclipse – formation montée en 2015 – et le répertoire de Morphogenesis (2017). 

Aux côtés de Coleman, l’incontournable compagnon au long cours, Jonathan Finlayson (trompette), Greg Chudzik (contrebasse), présent sur le disque et récent membre du Council of Balance, Matt Mitchell (piano), également sur Morphogenesis, et quatre nouveaux venus : Roman Filiu (saxophne ténor), Mike McGinnis (clarinette), Henry Wang (violon) et Sylvaine Hélary (flûte).


L’octet est disposé en arc de cercle, avec le saxophone alto au centre, le trio  jazz à sa droite et le quatuor classique à sa gauche. Coleman, Mitchell et Chudzik ouvrent les débats sur des échanges chambristes élégants, bientôt soulignés par les contrepoints de Finlayson. Un jeu de questions-réponses s’engage ensuite entre le quatuor et le quartet… Le saxophone ténor enchaîne les cellules mélodico-rythmique, sur lesquelles rebondissent ses compagnons. Meneur de jeu accompli, Coleman distribue les motifs et organise les développements. Quelques courtes interventions de la trompette, du piano, du saxophone ténor, de la clarinette… s’intercalent au milieu des échanges polyphoniques. En l’absence de batterie, c’est la contrebasse, imperturbable, qui maintient la pulsation et la carrure du début la fin, souvent soutenue par le piano. Les voix se démultiplient, les motifs s’imbriquent les uns dans les autres, les phrases se superposent… dans des structures complexes, toujours lisibles. Avec un petit côté concerto de chambre pour saxophone alto, la musique de Natal Eclipse jette un pont entre la musique contemporaine et une tradition jazz héritée du bop, notamment les chorus de Mitchell, Finlayson, Filiu, voire Coleman. Sans doute pressé par le temps, le concert s’achève un peu en queue de poisson : Coleman commence à présenter les membres de l’orchestre puis, au moment de citer Filiu, il repart dans l’esquisse d’un morceau, qui sert d’arrière-plan à la nomination des autres musiciens, avant de conclure le concert, sans un salut collectif final, ni réponse au rappel…

Pas si loin des recherches « braxtoniennes », mais moins jusqu’au-boutistes, le versant classique de la musique de Coleman et de son Natal Eclipse est un labyrinthe sophistiqué parsemé de repères familiers qui le rendent captivant…