En 2013, le violoniste Mathias Lévy publie Playtime, premier
disque du trio composé de Sébastien
Giniaux à la guitare ou au violoncelle et Jean-Philippe Viret à la contrebasse. Les trois musiciens
récidivent en 2017, avec Revisiting
Grappelli. Lévy fait ensuite une digression hongroise en consacrant un
album à Béla Bartók (Bartók Impressions – 2018), puis il
revient à son trio et sort Unis vers
en août 2019 chez Harmonia Mundi.
Les trois musiciens invitent également le violoncelliste Vincent Ségal et l’accordéoniste Vincent Peirani. L’instrumentation de l’ensemble
est tout sauf banal et se rapproche d’un orchestre de chambre classique. Lévy
joue un violon de 1924, fabriqué par le luthier Pierre Hel, don de Stéphane Grappelli
au Musée national de la Musique en 1995. Huit des dix thèmes ont été composés
par Lévy, Giniaux et Viret signent chacun un titre.
Après une « Introduction » qui tient de Bartók, « Ginti
Tihai » nous emmène vers la musique indienne, avec un motif rythmique
joué en contrechant, un thème élégant et un développement fluide, dans lequel
toutes les voix se croisent. Un ostinato aux accents africains et un riff de l’accordéon
accueillent « Sur le fil », morceau d’abord mystérieux, puis dansant,
dans une ambiance moderne. « Home de l’être » passe d’un unisson aux
consonances médiévales à des dialogues minimalistes dans une veine musique
contemporaine. L’« Interlude » est une démonstration de virtuosité
dans le style de la « Chaconne », et qui finit sur des embardées échevelées.
Une sorte de canon rythmique précède le thème d’« Unis vers », exposé
sur un pizzicato dansant. Les voix foisonnent, avec ça-et-là quelques
espagnolades et autres accents manouches, mais les constructions restent toujours
méticuleuses. Dans « Extatique », les questions – réponses mélodieuses
entre le violon et l’accordéon, accompagnées par une pédale et des ostinatos de
la contrebasse et du violoncelle, accentuent l’impression de musique de chambre.
Hommage à Thelonious Monk, « Thelonious »
est un interlude contemporain chambriste. Après une ambiance cinématographique basée
sur une mélodie délicate et des échanges croisés, « Rêve d’éthiopiques »
part dans un délire rythmique enlevé. Les accords de la guitare, les lignes sobres
de la contrebasse et les tourneries médiévales du violon font effectivement
penser à un « Kind of Folk ». Pour conclure, « Soleil dans les
feuilles d’un arbre » évoque un madrigal médiéval.
Incontestablement original, « Unis vers » combine des
éléments classiques, manouches, folk et autres, dans un jazz de chambre à la
fois sophistiqué et abordable.
Le disque
Unis Vers
Mathias Lévy
Mathias Lévy (vl), Sébastien Giniaux (g, cello) et Jean-Philippe
Viret (b), avec Vincent Ségal (cello) et Vincent Peirani (acc).
Harmonia Mundi – HMM902506
Sortie le 20 août 2019
Liste des morceaux
01. « Intro »
(0:49).
02. « Ginti Tihai » (4:42).
03. « Sur le fil » (5:07).
04. « Home de l'être », Viret (5:16).
05. « Interlude » (1:53).
06. « Unis vers » (4:17).
07. « Extatique » (4:02).
08. « Thelonious » (1:49).
09. « Rêve
d'éthiopiques » (4:10).
10. « Kind
of Folk » (4:57).
11. « Soleil dans les feuilles d'un arbre », Giniaux
(3:33).
Tous les morceaux sont signés Lévy sauf indication
contraire.