Une
base de jazz, assaisonnée d’électro, pimentée de rock progressif et d’un brin d’ambient,
la musique de Guillaume Perret relève autant de la tradition que de la
science-fiction. Un son et un univers musical aussi personnels attisent la
curiosité et l’envie de partir à la découverte de cet artiste inclassable…
La musique
J’ai
toujours voulu un sax comme instrument principal et rien d’autre. Dès que j’ai
pu en avoir un, à sept ans, je me suis immédiatement mis à en jouer comme si je
savais comment faire… Ce qui n’était pas vraiment le cas !
A six
ans, j’entre au Conservatoire à Rayonnement Régional d’Annecy, dans la section
classique, mais avec un tempérament d’autodidacte, qui veut toujours tout faire
à sa manière… Elève irrégulier, timide en cours, avec des mauvaises notes en théorie
musicale – ce n’est que bien plus tard que je m’y suis mis, quand j’ai pu en saisir
l’intérêt – je m’en suis sorti grâce aux dictées de notes et en vivant les
examens comme des concerts !
Au
conservatoire, dès le début, je guette l’orchestre d’harmonie qui joue de temps
en temps un peu de Glenn Miller. Quand les premiers ateliers jazz et le
big band junior ont été créés, je me suis mis au ténor : avoir le droit
d’improviser a été une révélation !
J’ai réussi
mes diplômes de conservatoire Jazz et Classique avec les félicitations, puis le
Diplôme d’État de professeur de musique en candidat libre. A côté, je participe
à une multitude de jam sessions et de concerts, soit dans un esprit « sérieux »,
quand je joue du jazz avec des aînés, soit avec mes amis et, dans ce cas, je
joue beaucoup de percussions ou de flûtes, que je fabrique moi-même. J’apprends
aussi des techniques d’autres pays et fais beaucoup de rue. Johann Sebastian
Bach, Dexter Gordon, Frank Zappa, Hariprasad Chaurasia,
King Crimson, toute la période de Jazz Ethiopien, John Surman… comptent
parmi mes influences principales.


Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce
que le jazz ? Pour moi, le jazz est
un métissage musical ininterrompu, une piste ouverte à l’intégration de toutes
sortes d’influences… Né d’un mélange, il n’a cessé de se régénérer après sa soi-disant
mort, maintes fois annoncée. Dès ses origines, c’est une musique bâtarde :
c’est ce qui en fait sa richesse et sa complexité́. Sous l’effet des mélanges, quasiment
exponentiels, le jazz a généré beaucoup de styles différents, tout en gardant
cette fraternité et ce respect des anciens qui le caractérisent. Comme moyen
d’expression, le jazz permet aussi de pousser les instrumentistes à un haut
niveau de performance, ce qui lui donne parfois une mauvaise image, de musique élitiste
et compliquée… Pour moi, le jazz reste une musique sauvage, un tremplin pour
l’improvisation et la prise de risques…
Pourquoi
la passion du jazz ? Le jazz permet de
comprendre les concepts de l’harmonie tonale et
modale, outils indispensables pour s’adapter et improviser sur n’importe quel
style de musique. Le jazz est une clé magique, qui ouvre toutes les portes
musicales pour des rencontres et des échanges internationaux.
Comment
découvrir le jazz ? C’est toujours
passionnant de découvrir la vie des anciens par des livres, récits, films ou
documentaires. Ils aident à palper l’énergie de cette époque et de la replacer
dans un contexte qui lui donne tout son sens. Du coup, écouter John Coltrane
dans les rues de New York à la tombée de la nuit prend une autre dimension !
Il faut réussir à sentir cette vibration...

Le portrait chinois
Si j’étais un animal, je serais un singe,
Si j’étais une fleur, je serais une marguerite,
Si j’étais un fruit, je serais une banane,
Si j’étais une boisson, je serais un
rhum vieux,
Si j’étais un plat, je serais une côte
de bœuf avec un os à moelle au gros sel, une Côte-rôtie et une bonne salade
verte…
Si j’étais une lettre, je serais G,
Si j’étais un mot, je serais Epic,
Si j’étais un chiffre, je serais 9,
Si j’étais une couleur, je serais rouge,
Si j’étais une note, je serais souvent
sol et parfois mi…
Les bonheurs et regrets musicaux

Côté regrets, c’est d’avoir été
contraint de refuser le Book of Angels que me demandait John Zorn…
Sur l’île déserte…
Quels livres ? Le petit
Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
Quels films ? Brazil de Terry
Gilliam.
Quelles
peintures ? Un Paul Gauguin, période polynésienne, ça ira bien dans
le décor et, comme ça, j’aurai une présence féminine ! [Rires]
Quels loisirs ? De la plongée
en apnée et des cabanes dans les arbres…
Les projets
D’abord,
la sortie de A Certain Trip le 5 juin 2020 : j’en suis content et
ça va être fort à tourner car l’équipe est soudée !
Par
ailleurs, depuis quelques temps, je travaille sur une nouvelle formule magique,
qui devrait me permettre de générer des collaborations nombreuses et variées
dans d’autres cercles musicaux que celui du jazz… Mais je n’en dis pas plus
pour le moment !
A
part ça, je compose toujours des musiques pour les spectacles de différentes
compagnies, et, notamment, depuis trois ans, pour celle de Carolyn Carlson,
que j’aime beaucoup.
Trois vœux…