09 avril 2022

A la découverte de Christophe Girard…

Qu’elle est loin l’époque où André Hodeir pointait du doigt « l’accordéon, instrument anti-jazz s’il en est » ! Le disque Live à L’espace des arts du sextet Space, Time and Mirror de Christophe Girard est un contre-exemple de plus... Et l’occasion de partir à la découverte de cet accordéoniste qui crée volontiers de la musique sans ceinture ni bretelles !


La musique

Mon père souhaitait que je pratique la musique, chose qu’il aurait aimé faire dans sa jeunesse. Mes parents m’ont inscrit dans une école de musique à côté de la maison, et elle proposait des cours d’accordéon... Le choix de mon instrument s’est donc fait plutôt par défaut que par goût, mais, au fil des ans, nous avons appris à nous connaître !

Dans ma jeunesse, j’ai commencé par pratiquer le répertoire dit de « variété ». Un répertoire nourri par des accordéonistes comme Gus Viseur, Tony Murena… Comme je suis né à Nevers, ville dans laquelle D’Jazz Nevers a une place très particulière, c’est par le biais de ce festival et dans le cadre d’interventions scolaires que j’ai noué mes premiers liens avec le Jazz. C’est aussi pendant ces années de collège et de lycée que j’ai découvert les disques de Richard Galliano… Ensuite, à dix-sept ans, je suis entré au conservatoire de Dijon où j’ai découvert l’accordéon classique, puis j’ai intégré le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans cette même discipline.

Durant toute cette période, j’écoute énormément de jazz et le pratique « pour moi ». Je suis influencé par Duke Ellington pour son génie de l’orchestration, Art Van Damme pour son jeu qui a éclairé bon nombre d’accordéonistes, et Joachim Kühn pour ses envolées mélodiques et rythmiques inventives. A cette époque, j’ai déjà en ligne de mire de monter ma formation dès que mes études seront terminées. En 2009 c’est chose faite avec mon trio Exultet, qui remporte d’ailleurs trois prix au tremplin Jazz la Défense et le tremplin européen Jazz Burghausen. J’ai ensuite formé Smoking Mouse avec Anthony Caillet, le quintet Melusine et, aujourd’hui, le sextet Space, Time and Mirror. Par ailleurs, je continue de jouer dans des projets de musiques contemporaines ou classiques.




Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? Cette question est souvent largement débattue. Je propose donc une citation magnifique d’Alex Dutilh : « Le jazz est un vampire métis qui, depuis sa naissance, suce le sang des autres musiques pour se régénérer. La plupart du temps par amour. Il sort plutôt la nuit et son sens aigu de l'improvisation lui permet de déjouer les tentatives d'enfermement ou les risques de sclérose dont il est régulièrement menacé. Lorsqu'il est en forme (en solo, en petit comité ou en bande organisée), on reconnaît sa silhouette à un balancement chaloupé que les golfeurs appellent swing et les geeks, groove. Tous les dix ans on annonce sa mort et tous les dix ans il s'invente une nouvelle jeunesse. Le jazz a les rides de ses héros disparus et affiche le sourire juvénile de ceux qui regardent le futur droit dans les yeux. »

Pourquoi la passion du jazz ? Pour ces instants ou la communication non verbale raconte plus que les mots... Pour son rapport au présent : ici et maintenant !

Où écouter du jazz ? En priorité dans des salles de concerts et les clubs.

Comment découvrir le jazz ? Pour commencer, en regardant les programmations autour de chez soi !


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un chat,
Si j’étais une fleur, je serais un soucis,
Si j’étais un fruit, je serais une pomme,
Si j’étais une boisson, je serais du vin,
Si j’étais un plat, je serais du bœuf bourguignon,
Si j’étais une lettre, je serais Z,
Si j’étais un mot, je serais contemplation,
Si j’étais un chiffre, je serais 0,
Si j’étais une couleur, je serais terracotta,
Si j’étais une note, je serais Ré.


Les bonheurs et regrets musicaux

Je crois que le disque de mon sextet est l’une de mes plus belle réussite. Pendant le confinement, j’ai réécouté des maquettes de mes projets précédents et leur ai trouvé une fraîcheur, une sorte d’innocence, qu’on ne retrouve plus sur les albums, enregistrés bien après. J’ai donc fait le pari d’enregistrer le concert de la création de Space, Time and Mirror ! Et ce fût formidable ! Grâce à cette équipe magnifique !

Je regrette de ne pas avoir pu assister à l’un des derniers concerts du Vienna Art Orchestra, mais le moteur de ma voiture a explosé sur la route alors que je m’y rendais…


Sur l’île déserte…

Quels disques ? Live 1989 du Joachim Kühn Trio et L’Art de la fugue par Grigory Sokolov.

Quels livres ? Entretiens avec Jonathan Cott de Glenn Gould et Aucun souvenir assez solide d’Alain Damasio.

Quels films ? Into the Wild de Sean Penn et l’intégrale des Nuls.

Quelles peintures ? La femme qui pleure de Pablo Picasso et Autumn Rhythm (Number 30) de Jackson Pollock.

Quels loisirs ? Du ping-pong et des chaussures de randonnée...


Les projets

Je souhaite jouer autant que possible la musique de Space, Time and Mirror, mais aussi : enregistrer un jour une transcription de L’Art de la fugue de Johann Sebastian Bach pour accordéon seul, inventer un nouveau répertoire avec mon duo Smoking Mouse et faire vivre les musiques sur mon territoire en menant une action de terrain...