31 octobre 2015

Encore - Virginie Teychené

Encore
Virginie Teychené
Virginie Teychené (voc), Olivier Ker Ourio (hca), Gérard Maurin (g, b), Stéphane Bernard (p) et Jean-Pierre Arnaud (d).
Jazz Village – JV 9570081
Sortie en octobre 2015

En 2003, Virginie Teychené rejoint La Seyne Jazz Workshop au sein du collectif Workshop Experience. Dès lors, la chanteuse se consacre au jazz, écume les scènes des clubs et festivals et sort deux disques chez Altrisuoni – Portraits en 2008 et I Feel So Good en 2009. En 2012 Teychené rallie Jazz Village qui compile ses deux premiers albums dans Double Rainbow. La même année, la chanteuse dracénoise enregistre Bright And Sweet, autour d’un répertoire axé sur des auteurs-interprètes. Quant à Encore, son nouvel opus, toujours chez Jazz Village, il est centré sur la chanson à texte.

Teychené est entourée du trio qui l’accompagne depuis ses débuts : deux membres du collectif W.E., Stéphane Bernard au piano et Gérard Maurin à la contrebasse et à la guitare, et le batteur Jean-Pierre Arnaud. Comme dans les disques précédents, le quartet a un invité : les trompettes de François Chassagnite (I Feel So Good) et d’Eric Le Lann (Bright And Sweet) laissent la place à l’harmonica d’Olivier Ker Ourio.

Encore reprend des grands classiques de la chanson française : « Jolie môme » de Léo Ferré, « C’était bien », de Robert Niyel et Gaby Verlor, rendue célèbre par André Bourvil, « A bout de souffle », le « Blue Rondo à la Turk » de Dave Brubeck revu par Claude Nougaro, « Septembre » de Françoise Lo et Barbara, « Allée des brouillards », signé Nougaro et Richard Galliano et « Madame rêve » de Pierre Grillet et Alain Bashung. Le Brésil est également représenté avec « Eu sei que vou te amar », de Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim, et « Doralice », composé par Antonio de Almeida et Dorival Caymmi. Joni Michell est aussi à l’honneur, via « Both Sides Now ». « But Not For Me », de George et Ira Gershwin, est le seul standard au programme. Les trois autres chansons ont été écrites par Bernard (« Before The Dawn »), Maurin (« Encore ») et Teychené, avec la contribution de l’écrivain Marcus Malte (« Elle ou moi »). 

Dans la plupart des chansons Teychené s’éloigne des interprétations originales pour en donner une lecture personnelle, à l’instar de « Madame rêve » ou « C’était bien », chantées dans un pur style jazz. La voix sensuelle (« Elle ou moi ») et le timbre chaud (« Jolie môme ») de Teychené lui donnent des allures de crooner au féminin (« But Not For Me »), particulièrement harmonieux dans la musique brésilienne (« Eu sei que vou te amar »), tandis que son placement rythmique précis (« A bout de souffle »), ses vocalises enlevées (« Doralice ») et son scat élégant (« « But Not For Me ») pimentent son chant. La diction et la solennité de Teychené rappellent parfois Barbara (« C’était bien », « Septembre »), mais son phrasé aux accents bluesy peut aussi évoquer Henri Salvador (« Encore »). Bernard, Maurin et Arnaud sont au service de la chanteuse et assurent une pulsation régulière et dynamique (« Allée des brouillards »), renforcée par une walking et un chabada efficaces (« C’était bien »). Le talent mélodique de Ker Ourio, son sens du swing et la sonorité colorée de l’harmonica mettent du relief dans les chansons (« Septembre »).

Teychené est incontestablement douée pour interpréter les chansons à texte dans une veine mainstream et Encore confirme également son excellence dans le répertoire brésilien.

26 octobre 2015

Machado / Sieverts / Merville au Triton

Jeudi 15 octobre, il est vingt-et-une heure, il bruine et il fait froid, mais pas au Triton car Jean-Marie Machado et son trio réchauffent l’atmosphère du club des Lilas… 




Si, depuis quelques années, les duos avec Dave Liebman ou Antonio Placer et l’orchestre Danzas sont au centre de la discographie de Machado, c’est en trio piano – contrebasse – batterie, aux côtés des frères Moutin, que Machado enregistre ses premiers disques : Father Songs en 1988 et Kah ! Pob ! Wah ! en 1989, suivis, en 1993, de Séquence Thmiryque. Il faut ensuite attendre 2007 et Sœurs de sang pour retrouver Machado dans cette formule, en compagnie de Jean-Philippe Viret et Jacques Mahieux. 2015 marque l’avènement d’un troisième trio, avec Henning Sieverts à la contrebasse et François Merville à la batterie. Cela fait déjà quelques années que ces deux musiciens font partie de la sphère Machado : ils jouent notamment dans Fiesta Nocturna, enregistré en  2010 avec Danzas.

Le programme de la soirée s’articule autour de moreaux signés Machado : « El Mar », au répertoire de Lagrima latina, « Kah ! Pob ! Wah ! », tiré du disque éponyme, « Fado Amalia », extrait de Sœurs de sang, « Ruffle Bass », composé pour le trio, ou encore, trois morceaux inédits sur disque, « Aspirer la lumière », « Slow Bird » et « Le voleur de fleurs ». S’ajoutent « Nardis » de Miles Davis, « Les pas dans le ciel » de Merville, et « Tirana » de Sieverts.

Le trio joue en équipe : pas de soliste attitré, mais une circulation permanente des rythmes et des mélodies, d’un musicien à l’autre. Lignes denses (« El Mar »), ostinatos efficaces (« Les pas dans le ciel »), bruitismes contemporains (« Aspirer la lumière »), phrases heurtées (« Nardis »), discours bop parsemé de citations (« Kah ! Pob ! Wah ! ») et, toujours, un lyrisme à fleur de peau (« Fado Amalia »), autant d’ingrédients qui donnent à la musique de Machado un caractère original, à la croisée des anciens et des modernes. Les
traits puissants et graves de Sieverts (« Ruffle Bass ») soulignent à l’unisson le discours du piano (« Le voleur de fleurs »), ponctuent énergiquement les propos du trio (« El Mar »), distillent des motifs minimalistes (« Isela »), passent d’une walking énergique (« Tirana ») à une complainte à l’archet (« Slow Bird »)… le tout, avec une grande mobilité et une pertinence précieuse (« Aspirer la lumière »). Merville est un batteur vif et mélodieux (« Kah ! Pob ! Wah ! »), à l’instar de son jeu dansant sur les fûts (« Aspirer la lumière »), ses rim shots entraînants (« Les pas dans le ciel »), ses mailloches élégantes (« Isela »), ses chabadas affûtés (« Tirana ») et ses roulements subtils (« Fado Amalia »), mais il sait également se montrer brutal dans des passages binaires (« Les pas dans le ciel »), des stop-chorus imposants (« Tirana »), des grondements robustes (« Ruffle Bass »)…

La musique de Machado, Sieverts et Merville est à la fois inventive et familière : leurs trouvailles contemporaines ne se perdent pas dans une abstraction hermétique car elles s’appuient sur une base rythmique vigoureusement jazz !


13 octobre 2015

Le Wanderer Septet au Théâtre 71

Vendredi 2 octobre 2015, à l’occasion de la sortie de leur disque chez Abalone, Yves Rousseau et son Wanderer Septet se produisent au Théâtre 71 de Malakoff. Outre la sortie du disque, le concert donne également l’occasion à Rousseau, après deux ans de résidence au Théâtre 71, de passer le témoin à Régis Huby.

Le Théâtre 71 est né en 1971… C’est à Guy Kayat et Claire-Lise Charbonnier que revient l’honneur de tenir les premières rênes du théâtre. Après le décès de Kayat, en 1983, Pierre Ascaride prend la suite et, en 1992, il étend le champ d’action du Théâtre 71 avec l’ouverture du cinéma Marcel Pagnol. En 2011, Ascaride passe la main à Pierre-François Roussillon. Musicien professionnel pendant plus de vingt ans, Roussillon change d’orientation dans les années 2000 et embrasse une carrière de direction culturelle : le Trident, la Scène Nationale de Cherbourg Octeville, la Maison de la Culture de Bourges et le Théâtre 71. Outre la grande salle de plus de cinq cent places, le Théâtre 71 abrite également un bar avec une scène, une salle de cinéma de près de deux cent places et à quelques encablures, la Fabrique, une salle de répétition.


Le Wanderer Septet est composé de deux compagnons de route de longue date de Rousseau : le violoniste Huby – également producteur du disque – et le saxophoniste Jean-Marc Larché. Le chanteur Thierry Péala, le pianiste Edouard Ferlet et le percussionniste Xavier Desandre Navarre complètent le groupe. Quant au septième homme, ce n’est autre que Roussillon, qui a ré-embouché sa clarinette basse pour l’occasion. Il faut dire que Roussillon est le co-instigateur de ce projet né en 2011, autour d’une relecture du répertoire de Franz Schubert.

Le programme concocté par Rousseau se déroule en six tableaux, constitués d’un à quatre mouvements. Chacun des mouvements fait référence à des compositions de Schubert : Wanderer I parcourt le lied « Gute Nacht » (le premier du cycle du Voyage d’hiver, D. 911) et  l’allegretto pour piano en do mineur (D. 915) ; Wanderer II s’articule autour du scherzo du quintette pour deux violoncelles (D. 956), du lied « Am Bach im frühling » (D. 361) et de La Truite (D. 667 et D. 550) ; Wanderer III part de la symphonie « inachevée » (D. 759) et de la première impromptu pour piano (D. 899) ; Wanderer IV joue avec « Der Leiermann », « Le joueur de vielle » (dernier lied du Voyage d’hiver, D. 911) ; Wanderer V fait allusion à l’andante con moto du second trio pour piano, violon et violoncelle (D. 929) ; Wanderer VI se concentre sur « La jeune fille et la mort » (D. 810) et s’achève sur « Le Roi des Aulnes » (D. 328).


Sur les pédales (Wanderer I), les ostinatos (Wanderer IV), les running basses (Wanderer VI) ou les fourmillements de la section rythmique, les instruments alternent unissons, croisements de voix, contrepoints, chœurs et questions – réponses (Wanderer II). Avec sa forme soignée, autour des chorus de la contrebasse, du soprano et de la batterie, Wanderer VI prend des allures de concerto. La structure de la musique est plutôt verticale qu’horizontale, davantage baroque que romantique (Wanderer II) avec, bien sûr, des excursions du côté de la musique contemporaine (Wanderer IV) et, toujours, le free en filigrane (Wanderer I). Comme à son habitude, Rousseau est bavard. Il commente les morceaux avec humour, précision et une bonne humeur contagieuse. Comme « Le joueur de vielle » est joué dans une ambiance presque ska, Rousseau constate en riant : « pauvre Schubert, se disent certains… ». Si la contrebasse de Rousseau, grave et robuste, est la colonne vertébrale du septuor, la batterie en est le cœur : en plus de faire le spectacle, Desandre Navarre utilise des percussions en tous genres (du tube en plastique à la guimbarde, en passant par un triangle, un sac en plastique…) et assure une pulsation de tous les instants. Le piano de Ferlet joue un rôle particulier : Schubert oblige, il accompagne les lieder, mais il renforce également les riffs de la section rythmique, s’amuse dans les cordes, cavale sur la running basse, souligne les textes… En solo ou en section, Huby, Larché et Roussillon baladent leurs instruments d’une construction à l’autre : ils les éclairent de leurs traits mélodieux ou dissonants, discrets ou foisonnants, jazzy ou chambristes. Quant à Péala, il déclame, théâtral, mais juste, les textes sur la vie et la mort de Schubert, tirés de sa correspondance ou écrits par le chanteur. Ses vocalises se marient parfaitement aux volutes des autres instruments. Quant à ses lieder, ils ont une pointe précieuse qui leur donne un côté musique contemporaine.

Le disque n’a certes pas le charme du concert : il manque les mimiques, regards, sourires, commentaires et, bien entendu, ce grain, cette vague de notes et son écume sonore, qui déferle dans les oreilles… En revanche, l’équilibre des voix, la netteté de la prise du son et le recul que procure l’enregistrement, mettent en valeur la subtilité de l’écriture et la pureté des discours. Le disque permet également une écoute exclusive et la possibilité de réécouter la musique à loisir…

Conclusion : allez voir le Wanderer Septet sur scène et écoutez le disque à satiété ! Avec Wanderer Septet (et Akasha) Rousseau s’impose comme le chef d’une file qui puise dans Schubert, mais aussi dans Duke Ellington, Johann Sebastian Bach, le free, le Moyen-Orient…

03 octobre 2015

A la découverte de… Thierry Maillard

Thierry Maillard a déjà une carrière bien remplie : une douzaine de disques à son nom, une collaboration au long court avec la violoniste Debora Seffer et son père, le saxophoniste Yochk’o Seffer, des projets avec des quatuors à cordes… et, en 2015, The Kingdom of Arwen, qui associe un trio jazz et un orchestre philharmonique. L’occasion de partir à la découverte de ce pianiste – compositeur – orchestrateur qui sort des sentiers battus..

La musique et les influences

J'ai commencé la musique à huit ans avec des cours de solfège et d’accordéon. Nous avions un piano à la maison, car mon frère en jouait. Du coup, je m’y mettais régulièrement et c’est comme ça que j’ai commencé très jeune à composer des morceaux. Rapidement cela m’a paru évident et limpide que le piano serait mon instrument.

Après le conservatoire, à quatorze ans, j’ai intégré l’Ecole normale de musique de Paris dans les classes de piano, d’accordéon, d’harmonie et de contrepoint. Au même moment, j’ai découvert le jazz rock avec l’album Enigmatic Ocean de Jean-Luc Ponty. Mais les musiciens qui m’ont le plus influencé sont, dans l’ordre, Maurice Ravel, Béla Bartók, Igor Stravinski, Bill Evans et Chick CoreaEnsuite, à dix-sept ans, mon diplôme d'enseignement en poche, j'ai monté mon premier trio jazz…


Thierry Maillard (c) Eric Robert 

Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? C'est l’art de mélanger et de faire vivre musicalement, seul ou avec d'autres musiciens, les émotions que l'on a au plus profond de soi.

Pourquoi la passion du jazz ? Le jazz offre une liberté rythmique et mélodique qui permet de réinventer et d’improviser.

Où écouter du jazz ? En concert ! Même si, malheureusement, les programmateurs ne font pas découvrir au public l'immense richesse du jazz : ils programment trop souvent les mêmes musiciens par soucis de rentabilité économique… ou de copinage ! Ce qui, à mon sens, réduit le champ des découvertes. Sinon, la voiture est également un bon lieu d’écoute [sourire]…

Comment découvrir le jazz ? Aujourd’hui tout est plus simple avec internet…

Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un chat,
Si j’étais une fleur, je serais une rose,
Si j’étais un fruit, je serais un melon,
Si j’étais une boisson, je serais un rosé,
Si j’étais un plat, je serais de la cuisine indienne,
Si j’étais une lettre, je serais C,
Si j’étais un mot, je serais pourquoi,
Si j’étais un chiffre, je serais 3,
Si j’étais une couleur, je serais bleu,
Si j’étais une note, je serais Fa.

Les bonheurs et regrets musicaux

Aucune hésitation pour mon plus grand bonheur musical : mon dernier album, The Kingdom of Arwen, avec l’orchestre philharmonique de Prague… Un rêve que j'attendais depuis toujours !

Quant à mon seul regret, c’est d’avoir compris trop tard comment fonctionne le milieu musical [sourire]…



Sur l’île déserte…

Quels disques ? Le concerto pour orchestre de Bartók, Le sacre du printemps de Stravinski, les symphonies de Ludwig van Beethoven, tous les albums d’Evans… Mais aussi les disques de Frank Zappa, tous les Chick Corea Acoustic Trio... Et encore beaucoup d'autres [sourire] !

Quels livres ?  L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera.

Quels films ? Star Wars, Camille Claudel, Gladiator, Le seigneur des anneaux… Les films à grand spectacle !

Quelles peintures ? Des tableaux de Vassily Kandinsky et de Pablo Picasso.

Quels loisirs ? Le golf.

Les projets

La composition et, surtout, l'orchestration sont importantes pour moi, autant que d’être instrumentiste. Le projet d’associer un orchestre symphonique et un trio jazz est plus que rare dans le milieu musical. C’est pour ça que j'aimerais continuer à faire découvrir ma musique et ce projet, sur scène, le partager avec des orchestres du monde. Et pourquoi pas, composer aussi pour des musiciens classiques, jazz ou contemporains.

D’ailleurs, la violoncelliste Olivia Gay enregistre son premier disque en fin d’année et m’a commandé un concerto pour violoncelle et orchestre. Ce disque sera enregistré à la philharmonie de Paris en novembre 2015, avec l'orchestre Pasdeloup. C'est assez émouvant de savoir que ma musique va être enregistrée sur cet album, où de grands compositeurs, comme Philippe Hersant, seront également présents…

Trois vœux…

1.    Jouer ma musique, notamment le nouvel album The Kingdom of Arwen, sur scène et la partager avec le public le plus large possible.

2.    Réaliser d'autres projets avec orchestre symphonique… Rencontrer et jouer avec des musiciens à travers le monde, qui m’apportent et partagent leurs univers et leurs styles.

3.    Collaborer avec un réalisateur de film et pouvoir composer une BO ! Je suis passionné par les musiques de films depuis longtemps, et  plus particulièrement par la musique des films fantastiques. D’ailleurs, dans mon nouveau disque, The Kingdom of Arwen, j'ai composé la plupart des titres en pensant à des films que j’ai vus, comme, bien sûr, Le seigneur des anneaux pour « Le Royaume d'Arwen », mais aussi  L’Empire des Elfes ou, encore, Spartacus.

Back To Macon, GA

Back To Macon, GA
Gregg Allman Live
Gregg Allman (voc, g, kbd), Jay Collins (ts), Art Edmaiston (ts), Dennis Marion (tp), Scott Sharrard (g), Ben Stivers (kbd), Ron Johnson (b), Marc Quinones (perc) et Steve Potts (d).
Rounder – 11661-35341-02
Sortie en août 2015

La renommée de Gregg Allman et des Allman Brothers Band (ABB pour les fans) n’est plus à raconter : un disque éponyme en 1969, suivi d’Idlewild South l’année suivante, puis, en mars 1971, l’enregistrement de Live At Fillmore, un live incontournable pour tout amateur de rock : le « rock sudiste » est né, Duane Allman se tue en moto en octobre de la même année et c’est le dernier concert jamais enregistré au Fillmore…

C’est au Grand Opera House de Macon (Georgia), le 14 janvier 2014, qu’Allman décide d’enregistrer un double disque et un DVD en concert. Le répertoire reprend des tubes des AAB : « Whipping Post » tiré d’AAB (1969; « Don't Keep Me Wonderin' » et « Midnight Rider », composés pour Idlewild South (1970) ;  « Statestboro Blues » de Blind Willie Mc Tell et « Hot’ Lanta », au programme d’At Fillmore East (1971) ; « Melissa », signée Gregg et favorite de Duane, qui figure dans Eat A Peach (1972), tout comme « Ain’t Wastin’ Time No More », écrite pour la mort de Duane en 1971, et « One Way Out » ; « I'm No Angel »  de l’album éponyme de 1986… « Queen Of Hearts » et « These Days » (Jackson Browne) sont des morceaux de Laid Back, disque sorti sous le nom d’Allman, en 1973.  S’ajoutent des chansons écrites par deux guitaristes d’AAB – «  Before The Bullets Fly » de Warren Haynes et «  Love Like Kerosene » de Scott Sharrard – et des standards du rock et du blues : « I Can't Be Satisfied Low Country Blues » (Muddy Waters), « Brightest Smile In Town » (Ray Charles) et « I’ve Found A Love » (Wilson Pickett).

Rythmique puissante et binaire (« Midnight Rider »), saxophones hurleurs (« Statesboro Blues »), réverbérés en arrière-plan (« Hot’ Lanta ») ou en chœur sur des riffs (« Whipping Post »), trompette bouchée à la Miles Davis (« Melissa »), chorus de basse dans la lignée de Jaco Pastorius (« Whipping Post »), piano bastringue (« Don't Keep Me Wonderin' »), effet wawa (« Love Like Kerosene »), guitare slide (« Before The Bullets Fly ») et envolées de guitar hero (« I’m No Angel »)… tous les ingrédients du rock sont là. D’autant plus que le chant bluesy et le timbre plutôt clair, agrémenté de quelques pointes nasillardes (« Statesboro Blues »), d’Allman ne sont pas sans rappeler Ray Charles. Allman laisse aussi de la place pour les chorus des soufflants (« Queen Of Hearts »), du piano (« I Can't Be Satisfied Low Country Blues ») et de la basse (« Whiping Post »).


Back To Macon (GA) est un disque de rock bluesy, avec des touches country et quelques accents jazz.