Le guitariste Manuel
Adnot (Sidony Box, Aeris, Ueno Park) a monté le quartet Carpe d’or en
compagnie du violoncelliste – et guitariste – Adrien Dennefeld (Ozma), du saxophoniste baryton Romain Dugelay (Grolektif, Diagonal) et
du batteur Sylvain Darrifourcq
(Emile Parisien Quartet).
Adnot et Dennefeld se partagent les huit compositions d’April Fishes. Aucune vedette dans le quartette :
l’interaction est le maître-mot de Carpe d’or. Sur des bruitages électro qui
évoquent la musique concrète (grésillements électriques de
« Offshore », martèlements sourds de « La fosse des
Mariannes / Pays de neige ») ou des nappes synthétiques aériennes à la Brian Eno (« Tendance
brique »), les musiciens déroulent des morceaux aux contours rock noisy
(« Offshore »), marqués par la musique répétitive (ostinato et
boucles de « Nishiki »). Carpe d’or joue également sur les
contrastes de textures : « Nori et Wakame » commence sur une
introduction baroque au violoncelle, soutenu par les contrepoints de la guitare
acoustique, et s’achève sur un morceau contemporain de musique concrète ;
les ambiances éthérées mystérieuses (« Carpe d’or ») côtoient les atmosphères
rocks touffues (« Tendance brique ») ; poussé par la batterie,
brutale, et les cris du baryton, le duo acoustique minimaliste des « [Les]
eaux du gouffre aux tortues » s’enflamme pour aboutir à un morceau saccadé
et entraînant ; le riff acoustique de « Nikishi » se fond dans
des effets électro qui rappellent la science-fiction…
Adnot, Dennefeld, Dugelay et Darrifourcq s’engagent dans une
voie résolument moderniste : Carpe d’or réussit une belle synthèse de
musique classique et contemporaine, rock progressif, électro, free jazz… April Fishes est un disque plein de
reliefs à explorer sans œillères...