Deux ans après l’électrique et décapant Rebirth, Fabrice Martinez et son quartet Chut ! sont de retour
avec Rebirth Reverse, qui sort le 25
mai 2018 chez ONJ Records. Dans ce double vinyle, Chut ! met en regard Rebirth, enregistré aux Studios Ferber,
et sa version exclusivement acoustique, enregistrée dans la chapelle
Saint-Philippe à Meudon.
Créé en 2005 par Martinez, Chut ! rassemble Fred Escoffier au piano et aux
claviers, Bruno Chevillon à la basse
et à la contrebasse, et Eric Echampard
à la batterie. Si « Devant la colline » et « Derrière la
colline » ont été composés par Escoffier, les quatorze autres morceaux
sont signés Martinez.
Rebirth s’appuie
sur des mélodies intimistes (« Devant la colline »), plutôt
tranquilles (« Prune Reverse »), majestueuses (« Aux cendres
Reverse ») ou sombres (« Nino Reverse »), et plus rarement flamboyantes
(« Roots Reverse »). Les développements flirtent avec la musique
contemporaine (« Rebirth Reverse »), le minimalisme (« P and T
Reverse »), mais ils s’inscrivent surtout dans la lignée d’un jazz moderne,
tendu et interactif (« Smity Reverse »). Des cymbales subtiles
(« Rebirth Reverse »), des peaux frémissantes (« Aux cendres
Reverse »), des motifs sobres (« Devant la colline »), une
énergie contrôlée (« Nino Reverse ») et un swing contagieux
(« Roots Reverse ») : Echampard a laissé sa panoplie de cogneur au
vestiaire ! Chevillon fait chanter sa contrebasse (« Smity
Reverse »), déroule des riffs entraînants (« Nino Reverse »),
des phrases mélodieuses (« Rebirth Reverse ») et des lignes
dépouillées, mais vives (« Prune Reverse »). Entre crépitements avant-gardistes
(« Rebirth Reverse »), dissonances contemporaines (« Devant la
colline »), clins d’œil (citation latine dans « P and T
Reverse »…), soutien rythmique vigoureux (« Prune Reverse »),
ostinato trapu (« Nino Reverse »)… Escoffier est le véritable libéro
de l’équipe. Martinez alterne interventions lointaines (« P and T
Reverse »), discours chaloupés (« Roots Reverse »), réponses
élégantes (« Prune Reverse »), passages fragiles (« Devant la
colline »), envolées solennelles (« Aux cendres Reverse ») et se
montre toujours d’une expressivité à fleur de piston (« Smity
Reverse »).
Si Rebirth, le recto
électrique, frôle le dance floor, Rebirth
Reverse, le verso acoustique, suit le chemin d’un jazz de chambre
contemporain...