Six ans après Constellation, Christophe Marguet
reprend le chemin des studios d’enregistrement – en l’occurrence
celui de l’Alhambra, du groupe Cristal Records, à
Rochefort-sur-mer – et sort Happy Hours sur le label Mélodie
en sous-sol, le 27 mars 2020.
Marguet
s’entoure de Yoann Loustalot à la trompette et au bugle,
Julien Touéry au piano et Hélène Labarrière à la
contrebasse. Dix compositions sont signées Marguet, Touéry a écrit
le prélude de « Trop tard ? », et l’introduction
d’« Immersion » est une création collective. A travers
ses morceaux, Marguet évoque des causes, des artistes et des
instants qui comptent : les migrants et l’action de Cédric
Herrou (« C.C.H. »), la famine en Ethiopie dans les
années quatre-vingt via Wim Wenders et Sebastião
Salgado (« Trop
tard ? »), Paul
Motian
(« Haute-Fidélité »), Don
Cherry (« Dear
Don »), Eddy
Louiss (« Organique »),
Zao Wou-Ki
(« Immersion »), le
plaisir de découvrir (« Beauté cachée »), l’enfance
(« L’enfant éveillé » et « Mémoire vive »)
et, bien sûr, la convivialité (« Happy Hours »).
Nostalgiques
(« Beauté cachée »), joyeux (« Immersion »),
tribaux (« Happy Hours »), solennels (« Trop
tard ! »), enjoués (« Dear Don »)… Marguet
propose des thèmes plutôt courts et mélodieux, souvent exposés à
l’unisson, dans un esprit voisin d’Henri Texier
(« C.C.H. »). Le quartet y va également de sa création
contemporaine « bruitiste » à base d’effets étendus
(l’introduction d’« Immersion »). Les développements
permettent à Loustalot de soliloquer au-dessus de la mêlée
(« C.C.H. ») ou de dialoguer, un peu comme dans un
concertino (« Haute-Fidélité ») ou dans un quatuor de
chambre (« L’enfant éveillé »). Ses discours sinueux,
davantage legato que staccato (sauf dans « Organique »)
et son timbre velouté ne sont pas sans rappeler la West Coast
(« Immersion »). Touéry n’est pas non plus en reste,
avec des chorus musclés (« C.C.H. ») d’un modernisme
tendu (« Dear Don ») ou dans une veine hard-bop (« Happy
Hours »). Entre clusters (« C.C.H. »), séries
d’accords sobres (« Haute-Fidélité ») ou arpégés
(« Immersion »), touches latines (« Mémoire
vive ») et motifs churchy (« Organique »),
l’accompagnement du pianiste s’adapte subtilement aux propos des
solistes. Il en va de même pour Labarrière, avec des pédales
profondes (« C.C.H. »), une walking endiablée (« Happy
Hours »), des lignes énergiques (« Mémoire vive »),
un effet de balancier entraînant (« Dear Don »)… Quant
à ses solos, portés par une sonorité claire et boisée, ils sont à
la fois percutants (« Trop tard ? ») et souples
(« L’enfant éveillé »). En fin coloriste, Marguet
varie les rythmes, des frémissements de « Beauté cachée »
aux roulements de « Trop tard ? », en passant par
les riffs funky d’« Organique », le chabada d’« Happy
Hours » ou le foisonnement de « Dear Don ». Sa
batterie ne prend jamais le devant de la scène, reste constamment
mélodieuse, et insuffle une pulsation ferme et régulière.
Raffinée
et physique, la musique d’Happy Hours est
un cri d’espoir optimiste
et radieux !
Le disque
Happy Hours
Christophe
Marguet
Yoann Loustalot (tp,
bugle), Julien Touéry (p), Hélène Labarrière (b) et Christophe
Marguet (d).
Mélodie en sous-sol
– MESS0001
Sortie le 27 mars
2020
Liste des
morceaux
01. « Beauté
cachée » (1:59).
02. « C.C.H. »
(3:34).
03. « Haute
-Fidélité » (7:14).
04. « Happy
Hours » (5:50).
05. « Trop
tard ? - Prélude », Touéry (1:43).
06. « Trop
tard ? » (6:23).
07. « Immersion
intro » Loustalot, Touéry, Labarrière & Maguet (2:39).
08. « Immerion »
(4:25).
09. « L’enfant
éveillé » (5:09).
10. « Dear
Don » (6:37).
11. « Mémoire
vive » (3:46).
12. « Organique »
(4;41).
Tous les morceaux
sont signés Marguet sauf indication contraire.