16 février 2020

Happy Hours – Christophe Marguet


Six ans après Constellation, Christophe Marguet reprend le chemin des studios d’enregistrement – en l’occurrence celui de l’Alhambra, du groupe Cristal Records, à Rochefort-sur-mer – et sort Happy Hours sur le label Mélodie en sous-sol, le 27 mars 2020.

Marguet s’entoure de Yoann Loustalot à la trompette et au bugle, Julien Touéry au piano et Hélène Labarrière à la contrebasse. Dix compositions sont signées Marguet, Touéry a écrit le prélude de « Trop tard ? », et l’introduction d’« Immersion » est une création collective. A travers ses morceaux, Marguet évoque des causes, des artistes et des instants qui comptent : les migrants et l’action de Cédric Herrou (« C.C.H. »), la famine en Ethiopie dans les années quatre-vingt via Wim Wenders et Sebastião Salgado (« Trop tard ? »), Paul Motian (« Haute-Fidélité »), Don Cherry (« Dear Don »), Eddy Louiss (« Organique »), Zao Wou-Ki (« Immersion »), le plaisir de découvrir (« Beauté cachée »), l’enfance (« L’enfant éveillé » et « Mémoire vive ») et, bien sûr, la convivialité (« Happy Hours »).

Nostalgiques (« Beauté cachée »), joyeux (« Immersion »), tribaux (« Happy Hours »), solennels (« Trop tard ! »), enjoués (« Dear Don »)… Marguet propose des thèmes plutôt courts et mélodieux, souvent exposés à l’unisson, dans un esprit voisin d’Henri Texier (« C.C.H. »). Le quartet y va également de sa création contemporaine « bruitiste » à base d’effets étendus (l’introduction d’« Immersion »). Les développements permettent à Loustalot de soliloquer au-dessus de la mêlée (« C.C.H. ») ou de dialoguer, un peu comme dans un concertino (« Haute-Fidélité ») ou dans un quatuor de chambre (« L’enfant éveillé »). Ses discours sinueux, davantage legato que staccato (sauf dans « Organique ») et son timbre velouté ne sont pas sans rappeler la West Coast (« Immersion »). Touéry n’est pas non plus en reste, avec des chorus musclés (« C.C.H. ») d’un modernisme tendu (« Dear Don ») ou dans une veine hard-bop (« Happy Hours »). Entre clusters (« C.C.H. »), séries d’accords sobres (« Haute-Fidélité ») ou arpégés (« Immersion »), touches latines (« Mémoire vive ») et motifs churchy (« Organique »), l’accompagnement du pianiste s’adapte subtilement aux propos des solistes. Il en va de même pour Labarrière, avec des pédales profondes (« C.C.H. »), une walking endiablée (« Happy Hours »), des lignes énergiques (« Mémoire vive »), un effet de balancier entraînant (« Dear Don »)… Quant à ses solos, portés par une sonorité claire et boisée, ils sont à la fois percutants (« Trop tard ? ») et souples (« L’enfant éveillé »). En fin coloriste, Marguet varie les rythmes, des frémissements de « Beauté cachée » aux roulements de « Trop tard ? », en passant par les riffs funky d’« Organique », le chabada d’« Happy Hours » ou le foisonnement de « Dear Don ». Sa batterie ne prend jamais le devant de la scène, reste constamment mélodieuse, et insuffle une pulsation ferme et régulière.

Raffinée et physique, la musique d’Happy Hours est un cri d’espoir optimiste et radieux !

Le disque

Happy Hours
Christophe Marguet
Yoann Loustalot (tp, bugle), Julien Touéry (p), Hélène Labarrière (b) et Christophe Marguet (d).
Mélodie en sous-sol – MESS0001
Sortie le 27 mars 2020

Liste des morceaux

01. « Beauté cachée » (1:59).
02. « C.C.H. » (3:34).
03. « Haute -Fidélité » (7:14).
04. « Happy Hours » (5:50).
05. « Trop tard ? - Prélude », Touéry (1:43).
06. « Trop tard ? » (6:23).
07. « Immersion intro » Loustalot, Touéry, Labarrière & Maguet (2:39).
08. « Immerion » (4:25).
09. « L’enfant éveillé » (5:09).
10. « Dear Don » (6:37).
11. « Mémoire vive » (3:46).
12. « Organique » (4;41).

Tous les morceaux sont signés Marguet sauf indication contraire.