Formé à l’aulne de l’harmonie municipale
de Boussay, Loire-Atlantique,
François Ripoche avait cœur à
revenir à ses premières amours musicales. Pour ce faire il réunit
un all stars avec Steve Potts
aux saxophones, Louis Sclavis
aux clarinettes, Geoffroy Tamisier
à la trompette, Glenn Ferris
au trombone, Darryl Hall
à la contrebasse et Simon Goubert
à la batterie. Pas de piano pour la fanfare, mais un disque, Happy
Mood!, qui sort le 31 janvier 2020
chez Black & Blue.
En
dehors de « Music Matador », signé Eric
Dolphy, et « Auprès de mon
arbre », repris de Georges
Brassens, les sept autres morceaux
sont de Ripoche et ressemblent à des saynètes musicales, un peu
dans l’esprit d’un ciné-concert. Comme le saxophoniste
l’explique dans les notes de la pochette, chaque pièce évoque un
souvenir ou une situation : « Moyenne section »
renvoie aux bancs de l’école primaire ; « Funky Town »
est une ville enjouée qu’il ne faut pas confondre avec le tube
disco des années quatre-vingt de Lipps Inc, « Funkytown » ;
« Le mièvre et la tordue » se réfère évidemment à
Jean de La Fontaine ; « Lampedusa » n’est pas lié
à Luigi Piran « Stone » est un hommage au « Milestones »
de Miles Davis ; « Ivresse urbaine » évoque les
errances d’un homme saoul ; « Convictions à géométrie
variable », entendu lors d’un débat politique…
Happy
Mood! revisite l’histoire du jazz
en accéléré, avec brio et un enthousiasme communicatif :
les morceaux, articulés autour de plusieurs tableaux, brassent
Dixieland (« Moyenne section »), Free (« Le mièvre et
la tordue »), Bop (« Convictions à géométrie variable »), Blues
(« Ivresse urbaine »), Latin Jazz (« Music Matador »), Funk
(« Funky Town »), Swing (« Moyenne section »)
West Coast (« Auprès de mon arbre »), Third-Stream (« Lampedusa
»)… Courses-poursuites, dialogues à bâton rompu, foires
d’empoigne, cavalcades, contre-chants et jeux d’effets étendus
se succèdent au fil des mouvements. Avec ses échanges croisés («
Stone »), son foisonnement de voix (« Le mièvre et la tordue »),
ses sections en chœur (« Funky Town »), ses passages
expressifs (« Ivresse urbaine »), le septuor sonne souvent comme un
grand orchestre, avec Duke Ellington
(« Ivresse urbaine »), Charles
Mingus (« Funky Town »),
voire Oliver Nelson
(« Convictions à géométrie variable ») en figures tutélaires. A
l’instar des illustres anciens, Ripoche compose des mélodies qui
permettent à des solistes venus d’horizons différents de laisser
libre-court à leur talent, dans des chorus plus relevés les uns que
les autres : du free chambriste de Sclavis au free-bop tendu de
Potts, en passant par les envolées énergiques de Tamisier, les
discours élégants de Ripoche et l’éloquence profonde de Ferris.
Quant à Hall
et Goubert, ils
forment une section rythmique robuste qui pousse les solistes
sans répit, avec d’un côté les walking rapides («
Convictions à géométrie variable »), riffs groovy (« Funky
Town »), lignes puissantes (« Le mièvre et la tordue ») et
riffs trapus (« Lampedusa ») de la contrebasse et, de l’autre,
les chabadas véloces (« Convictions à géométrie variable »),
roulements furieux (« Moyenne section »), crépitements
(« Stone ») et frappes denses (« Ivresse urbaine ») de la
batterie.
Happy
Mood! n’a pas volé son titre :
dynamiques, joyeux et sans soucis, la musique de Ripoche et de ses
comparses est un véritable élixir de bonne humeur !
Le
disque
Happy
Mood!
François
Ripoche
François
Ripoche (ts), Steve Potts (as, ss), Louis Sclavis (cl), Geoffroy
Tamisier (tp), Glenn Ferris (tb), Darryl Hall (b) et Simon Goubert
(d).
Black
& Blue – BB1077 2
Sortie
le 31 janvier 2020
Liste
des morceaux
01.
« Moyenne section » (5:41).
02.
« Funky Town » (4:24).
03.
« Le mièvre et la tordue » (5:44).
04.
« Lampedusa » (8:11).
05.
« Stone » (6:30)
06.
« Ivresse urbaine » (7:32).
07.
« Auprès de mon arbre », Brassens (4:38)
08.
« Convictions à géométrie variable » (5:00).
09.
« Music Matador », Dolphy (2:58).
Tous
les morceaux sont signés Ripoche, sauf mention contraire.