23 mars 2021

Morricone Stories – Stefano Di Battista

Stefano Di Battista
déboule sur la scène française du jazz au début des années quatre-vingt dix. Blue Note, l’ONJ de Laurent Cugny, Michel Petrucciani, Aldo Romano, Claude Nougaro, Jacky Terrasson, Jean-Pierre Como, Kyle Eastwood… près d’une quarantaine de disques en tant qu’accompagnateur et une bonne quinzaine d’enregistrements en leader... Le saxophoniste transalpin peut se targuer d’avoir une carrière déjà bien remplie !

Le titre de son dernier disque, qui sort le 2 avril 2021 chez Warner Music, est explicite : Morricone Stories. Di Battista rend hommage au célèbre compositeur Ennio Morricone, décédé le 6 juillet 2020. Pour sa reprise des thème du Maestro, Di Battista s’entoure de Fred Nardin au piano, et de deux compagnons de route : Daniele Sorrentino à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie. Les douze morceaux sont, évidemment, signés Morricone, mais Di Battista n’a pas forcément choisi que des thèmes les plus connus : Cosa avete fatto a Solange ? un giallo de Massimo Dallarmo (1972) ; plus connu, Peur sur la ville d’Henri Verneuil (1975) ; La cosa buffa d’Aldo Lado (1974), apparemment jamais distribué en France ; Veruschka – Poetry of a Woman de Franco Rubartelli (1971) ; « Deborah’ Theme », air familier tiré d’Il était une fois en Amérique, le dernier film de Sergio Leone (1984), avec Robert De Niro ; Metti, una sera a cena de Giuseppe Patrinu Griffi (1969), avec Jean-Louis Trintignant ; « Apertura della caccia » dans 1900 de Bernardo Bertolucci (1976) avec De Niro et Gérard Depardieu  ; Il grande silenzio de Sergio Corbucci (1968), également avec Trintignant ; « Flora », dédié à la fille de Di Battista, une composition inédite que Morricone a composé pour le saxophoniste lors d’une soirée chez le cinéaste Stefano Reali ; La donna della Domenica de Luigi Comencini (1975), encore avec Trintigant, et Marcello Mastroianni ; « Gabriel’s Oboe », autre air célèbre, dans The Mission de Roland Joffé (1986), avec De Niro ; et, sans doute l’un des plus fameux, The Good, The Bad and The Ugly de Leone (1966).

Si Di Battista expose respectueusement les thèmes de Morricone, ils sont souvent plus vifs que dans les versions originales (« Metti, una serra a cena »). La structure des morceaux reste sur le thème – solos – thème cher au jazz, mais seuls le saxophone et le piano prennent des chorus. Au soprano, Di Battista s’envole dans des phrases sinueuses (« La cosa buffa »), quasiment romantiques (« Apertura della caccia »). Son phrasé net et ses lignes véloces (« La donna della Domenica ») sont soulignés par une légère réverbération. Aussi à l’aise à l’alto, le saxophoniste laisse parler son lyrisme (« Deborah’s Theme ») et sa virtuosité (« Metti, una serra a cena »), avec une énergie contagieuse (« The Good, The Bad and The Ugly »). Nardin nage comme un poisson dans l’eau ! Accompagnateur subtil, ses phrases mettent en relief les propos de Di Battista (« Cosa avete fatto a Solange » ), ses contre-chants égayent le discours du saxophoniste (« Flora ») et ses unissons densifient les thèmes (avec l’alto dans « Metti, una serra a cena » ou la contrebasse dans « Peur sur la ville). Quant à ses chorus, ils sont bien ancrés dans l’esprit post-bop qui anime la musique du quartet (« Veruschka »), avec un placement et un swing très sûrs (« Il grande silenzio »). Sorrentino et Ceccarelli forment une section rythmique soudée, puissante (« Peur sur la ville »), d’une régularité et d’un équilibre à toute épreuve (« Gabriel’s Oboe »). A la souplesse grave et boisée de la contrebasse (« La cosa buffa ») répond l’assurance à la fois légère et tonique de la batterie (« Deborah’s Theme »). D’un mouvement style samba (« Veruschka ») à une walking et un chabada rapides (« Metti, una serra a cena »), en passant par des roulements serrés sur des motifs graves (« La donna della Domenica ») ou des frottements prestes (« La cosa buffa »), les morceaux sont toujours entraînants.

Tribut fidèle à l’œuvre du compositeur italien, Morricone Stories allie le charmes des bandes originales avec la vigueur du jazz.

Le disque

Morricone Stories
Stefano Di Battista
Stefano Di Battista (as, ss), Fred Nardin (p), Daniele Sorrentino (b) et André Ceccarelli (d).
Warner Music – 14666
Sortie le 2 avril 2021.

Liste des morceaux

01. « Cosa avete fatto a Solange » (3:58).
02. « Peur sur la ville » (3:22).
03. « La cosa buffa » (4:21).
04. « Veruschka » (4:45).
05. « Deborah’s Theme » (3:42).
06. « Metti, una sera a cena » (3:54).
07. « Apertura della caccia » (4:56).
08. « Il grande silenzio » (4:16).
09. « Flora » (2:34).
10. « La donna della Domenica » (6:39).
11. « Gabriel’s Oboe » (3:30).
12. « The Good, The Bad and The Ugly » (3:31).

Tous les morceaux sont signés Morricone.