Après Blues For Eileen (Du Savon dans les Yeux - 1998) avec le Thomas - Ferri 4tet et Joe Magnarelli en invité, puis Opus One (Du Savon dans les Yeux - 2018) du quartet Swing Vibrations, Nicholas Thomas sort un troisième disque en leader : Plays The Music of Hank Jones chez Fresh Sound, toujours en quartet.
Pour jouer la musique d’Hank Jones, Thomas s’entoure d’Alain Jean-Marie au piano, Michel Rosciglione à la contrebasse et le batteur Mourad Benhammou, avec qui il joue dans le nonnette de Laurent Marode, le trio de Viktorija Gečytè et Gene Perla, mais aussi en compagnie des chanteuses Isabelle Seleskovitch et Marie Carrié.
Décédé en mai 2010, à quatre-vingt onze ans, Jones répondait à un journaliste qui lui demandait s‘il était un géant du jazz : « non, peut-être en suis-je un nain appliqué »… Et pourtant, non content d’avoir joué avec le gotha du jazz, Jones figure également sur près de huit cent disques et en a enregistré plus de cent cinquante sous son nom ! Frère aîné du batteur Elvin Jones et du trompettiste et arrangeur Thad Jones, Hank commence sa carrière à treize ans, en 1931, et l’achève avec une tournée au Japon en 2010, après soixante-neuf ans de musique…
Thomas a évidemment pioché son programme dans les compositions de Jones : « Minor Conception », écrit en 1956 pour Hank Jones' Quartet (Savoy), avec Bobby Jaspar à la flûte, Paul Chambers à la contrebasse et Kenny Clarke à la batterie ; « Angel Face » cosigné avec Abbey Lincoln pour When There Is Love, un disque en duo enregistré en 1992 au Studio Davout à Paris ; « Récapitulation » qui figure dans Arigato (1976 – Progressive) ; « Vignette » composé en 1958 pour The High and Mighty Hawk, album de Coleman Hawkins ; « Beaches in the A.M. » produit en 1973 pour Zoot at Ease, disque de Zoot Sims ; « Odd Number » et « We’re All Together » joués en 1955 dans The Trio avec le contrebassiste Wendell Marshall et Clarke ; « Things Are so Pretty in the Spring » créé en 1956 pour Urbanity, un disque de solos et de trios avec le guitariste Johnny Smith et le contrebassiste Ray Brown ; « Chant » autre morceau interprété avec Hawkins en 1957 dans The Hawk Flies High.Thomas dédie « Hank’s Vibe » au pianiste.
Thèmes vifs, le plus souvent exposés à l’unisson (« Chant »), solos enlevés, pris à tour de rôle (« Odd Number »), stop-chorus dynamiques (« We’re All Together »), walking et chabada entraînants (« Vignette »), shuffle et rim-shot dansants (« Recapitulation »), lignes d’accords recherchées (« Things Are so Pretty in the Spring »)… Plays the Music of Hank Jones s’appuie sur tous les ingrédients du be-bop. Vibraphone aidant, le Nicholas Thomas 4 évoque évidemment le Modern Jazz Quartet (« Minor Conception »). D’autant plus que, comme ces illustres prédécesseurs, le quartet alterne traits virtuoses (« Minor Conception ») et élégants (« Chant »), questions-réponses acérées (« Vignette ») et touches funky (« Beaches in the A.M. »). Gečytè prête sa voix veloutée de crooner à la ballade « Angel Face ».
Thomas et ses compagnons relèvent avec panache le défi de jouer la musique d’Hank Jones et rendent un hommage mérité à un pianiste qui a servi la musique avec passion et abnégation !
Le disque
Plays The Music of Hank Jones
Nicholas Thomas 4
Nicholas Thomas (vib), Alain Jean-Marie (p), Michel Rosciglione (b) et Mourad Benhammou (d), avec Viktorija Gečytè (vcl).
Fresh Sound - FSRCD 5111
Sortie le 19 mars 2021.
Liste des morceaux
01. « Minor Conception » (3:05).
02. « Angel Face », Jones & Lincoln (4:49).
03. « Recapitulation » (3:22).
04. « Vignette » (4:03).
05. « Hank’s Vibe », Thomas (5:37).
06. « Beaches in the A.M. » (4:33).
07. « Odd Number » (2:42).
08. « Things Are so Pretty in Spring » (4:14).
09. « Chant » (4:42).
10. « We’re All Together » (4:05).
Tous les morceaux sont signés Jones, sauf indication contraire.