Kevin Reveyrand mène aussi bien une carrière dans la variété –
Julien Clerc, Aşa,
Charles Aznavour, Patrick Bruel, Patricia Kaas... – que dans le
jazz – Eric Séva (Résonances,
Adéo),
Khalil Chahine (Kafe
Groppi, Kairos),
David Voulga (Inner
Child), Dominique
Fillon (As It Comes),
Céline Bonacina (Open
Heart)… Ce qui ne
l’empêche évidemment pas d’enregistrer sous son nom :
World Songs (2013),
Reason And Heart
(2019), Todos
Juntos (2021) et
Yolo,
qui sort le 2 février 2024 chez Continuo Jazz.
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Kevin Reveyrand, Christophe Lampidecchia, Olivier-Roman
Garcia et Jean Luc Di Fraya
© PLM
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Pour
Yolo, Reveyrand reste avec le groupe de Todos Juntos, à
savoir, Olivier-Roman Garcia à la Guitare, Christophe Lampidecchia à l’accordéon et Jean Luc Di Fraya aux
percussions. Si le concert du 6 mars au Studio de l’Ermitage s’en
tient au quartet, à l’exception d’un duo avec la violoncelliste
Isabelle Sajot, pour le disque, le bassiste a ajouté un
orchestre de cordes – arrangé par Chahine – des voix – Aşa,
Lilou et
Soline Reveyrand
– et Natascha Rogersaux percussions et chant.
Le
programme du concert reprend quatre thèmes de Todos
Juntos, (« Todos
Juntos », « Until It’s Gone », « Endless
Walk » et « Family »), sept compositions tirées
de Yolo
(« Tener Esperanza », « Utarizona »,
« Outside The Box », « Nostos Algos », « Too
Many Cooks In The Kitchen »,
« Ba Ba Iwa »
et « Yolo »)
et un inédit (« Communion »).
Le
quartet entame le concert avec « Tener Esperanza »,
représentatif de l’architecture de le plupart des morceaux :
percussions touffues et dansantes, basse musicale et entraînante,
guitare en soutien mélodico-rythmique et accordéon vif et lyrique. « Utarizona » part dans une ambiance funky-reggae,
dynamique et légère, agrémentée des voltiges de Lampidecchia et
des virtuosités de Garcia. Avec son thème « cinégénique »,
repris à l’unisson par des vocalises et l’accordéon, « Todos
Juntos » évoque d’abord une bande originale de film, puis le
développement est puissant, porté par un riff sourd de la basse,
des envolées exubérantes de l’accordéon, des « espagnolades »
de la guitare et des percussions enthousiastes. « Outside The
Box » s’oriente davantage vers un jazz funky dansant et
fébrile, assorti d’un chorus véloce de Reveyrand. Le style
flamenco de Garcia fait des merveilles dans le solo a capela de «
Nostos Algo », tout comme le chorus luxuriant de Di Fraya. « Too Many Cooks In The Kitchen » est un morceau chaloupé
qui met en relief les qualités mélodiques de Reveyrand, l’habileté
de Garcia, la régularité entraînante de Di Fraya et la musicalité
de Lampidecchia. Le quartet rend hommage au batteur Félix
Sabal-Lecco, décédé le 3 mars 2023, avec « Until It’s
Gone ».Après un déroulé dans une ambiance de musique
caribéenne, Di Fraya vocalise dans un style requiem. Reveyrand
rappelle avec malice que le batteur est surnommé « Le
rossignol marseillais »… Sajot rejoint Reveyrand pour « Ba
Ba Iwa », un duo élégant, aux touches bluesy, dans lequel
l’archet ou le pizzicato du violoncelle répond aux lignes de la
basse. Le quartet invite le public à chanter le thème-riff
d’« Endless Walk », que Di Fraya commence par siffler,
avant qu’il ne soit repris à l’unisson par les vocalises du
batteur et du bassiste. C’est le « show à l’américaine »,
annoncé avec humour par Reveyrand. Pour le morceau éponyme,
« Yolo » – You Only Live Once (« on ne vit qu’une
fois ») – Reveyrand explique que « j’ai imaginé Gus
Viseur et Thelonious Monk en train de faire un petit bœuf
ensemble »… Sur les cliquetis des percussions et l’ostinato
de la basse, le thème est heurté, à la Monk, et l’accordéon met
du liant, à la Viseur. Sur une rythmique toujours dense, la basse
soliloque entre funk et andalou, la guitare se lance dans un flamenco
de haut vol, tandis que l’accordéon s’épanche dans un lyrisme à
fleur de peau. « Communion » est une composition
originale, mélodieuse et dansante à souhait. Pour terminer,
Reveyrand invite le public à venir danser le boléro sur « Family ».
Un boléro dynamique sur une rythmique latino de bal succède à
l’exposé du thème. Par la suite, Garcia prend un solo
« espagnol » magnifique, tout comme celui de
Lampidecchia, énergique et rapide – avec une citation de la
Toccata et fugue en ré mineur en
passant.
Dans
Yolo, loin de tout snobisme et autre affectation,
Reveyrand et ses compères proposent une musique spontanée, faite
d’airs harmonieux, soutenus par des rythmes qui invitent à
bouger...