25 septembre 2020

Fragments – Yves Rousseau Septet

Yves Rousseau monte des projets plus passionnants les uns que les autres au grès de ses méditations (Akasha, Spirit Dance…), écoutes (Franz Schubert, Frank Zappa…), lectures (François Cheng…)… Fragments ne déroge pas à la règle et puise sa source dans la musique des groupes de rocks phares des années soixante-dix, que l’artiste écoutait pendant son adolescence : King Crimson, Genesis, Soft Machine, Pink Floyd, Crosby, Stills & Nash, The Mothers of Invention…

Pour ce nouveau projet, Rousseau a monté un septuor de haut vol avec Géraldine Laurent au saxophone alto, Thomas Savy à la clarinette basse, Jean-Louis Pommier au trombone, Csaba Palotaï à la guitare, Etienne Manchon aux claviers et Vincent Tortiller à la batterie.

Créé les 1 et 2 février 2019 à La Barbacane, à Beynes, et au Triton, aux Lilas, Fragments a également été repris le 4 septembre 2019 au Studio de l’Ermitage, dans le cadre de Jazz à la Villette. Le disque, enregistré en février 2020, sort chez Yolk Records, le 18 septembre 2020.

Les huit morceaux du répertoire sont signés Rousseau. La coda de « Personal Computer » est une brève reprise de « Orleans, Beaugency » de David Crosby (1971), tandis que le troisième mouvement de « Winding Pathway » s’inspire de l’album In the Court of King Crimson du groupe éponyme (1969).

Certes, Rousseau nous avait déjà habitué à son art de bâtisseur sonore (Murmures, Akasha, Spirit Dance…), mais l’architecture des morceaux de Fragments est particulièrement brillante ! Les fondations reposent sur une batterie dense et puissante. Au ré-de-chaussé, la guitare alterne ostinato et suite d’accords, mais ses contrepoints montent également jouer avec les soufflants. Les claviers passent d’un palier à l’autre : les lignes sourdes du Moog se mêlent aux roulements de la batterie, tandis que le Fender Rhodes, lui, papillonne entre la guitare et les vents. Même si la contrebasse souligne le plus souvent la carrure aux côtés des percussions, elle s’amuse aussi à prendre de la hauteur pour aller taquiner ses compères. Le saxophone, la clarinette basse et le trombone se partagent les étages supérieurs, mais ne tiennent pas en place et sont toujours fourrés les uns chez les autres !

Le sens mélodique de Rousseau n’est plus à démontrer non plus : quand ce ne sont pas des chants solennels (« Reminiscence I »), élégants (« Darkness Desire II »), avec une touche vingtièmiste (« Oat Beggars », « Efficient Nostalgia I »), ou cinématographiques (« Winding Pathway »), les airs sont des thèmes-riffs (« Abyssal Ecosystem »), le plus souvent vigoureux (« Darkness Desire I »).

Le timbre (« Oat Beggars »), les interactions (« Personnal Computer ») et les parties solistes (« Winding Pathway IV ») du saxophone alto, de la clarinette basse et du trombone forment le versant jazz et musique de chambre de Fragments. Les rythmes imposants (« Abyssal Ecosystem »), les sonorités et effets électriques (« Crying Shame ») et les envolées fulgurantes (« Oat Beggars ») de la batterie, de la guitare électrique et des claviers façonnent le côté rock de Fragments, avec son apothéose dans « Efficient Nostalgia II ». Quant à la contrebasse, malicieuse, elle ne choisit pas son camps…

Avec ses sonorités contrastées, ses constructions fouillées et ses rythmes exubérants. Fragments est aussi captivant en concert que sur disque !

 

Le disque


Fragments
Yves Rousseau Septet
Catherine Laurent (as), Thomas Savy (bc), Jean-Louis Pommier (tb), Csaba Palotaï (g), Etienne Manchon (kbd), Yves Rousseau (b) et Vincent Tortiller (d).
Yolk Records – Yolk 32081
Sortie le 18 septembre 2020

Liste des morceaux

01. « Reminiscence » (10:59).

part I (3:59).
part II (7:00).
02. « Personal Computer » & « Orleans », David Crosby (7:21).
03. « Abyssal Ecosystem » (5:11).
04. « Darkness Desire » (8:07).
part I (3:50).
part II (4:17).
05. « Crying Shame » (4:27).
06. « Oat Beggars » (4:24).
07. « Winding Pathway » (11:08).
part I (3:04).
part II (2:59).
part III, In the Court of the King Crimson (2:16).
part IV (2:49).
08. « Efficient Nostalgia » (11:42).
part I (3:59).
part II (7:00).

Tous les morceaux sont signés Rousseau sauf indication contraire.