Une nouvelle semaine commence, avec son lots de sorties...
Basalte
Véonique Hermann Sambin
Jazz Family – JF003
Trois ans après RòzJériko, Véronique Hermann Sambin
revient sur disque avec Basalte, qui
sort sur le récent label Jazz Family, créé en octobre 2014 par Yann Martin et Camille Dal'zovo.
Côté répertoire, Hermann Sambin a composé dix titres sur
douze, dont une reprise de « Ròz Jériko », tiré l’album éponyme. Elle
a également mis en musique « Love After Love », poème de Derek Walcott, et mis des paroles sur
« The Sidewinder » de Lee
Morgan (1963) dans « Pwomes ».
A l’exception de Xavier
Richardeau, toujours impliqué dans les arrangements, le quintet qui accompagne
Hermann Sambin a été renouvelé depuis Ròz
Jériko : Frédéric Nardin
est aux claviers et participe aussi aux arrangements, Samuel Hubert à la contrebasse, Romain Sarron à la batterie et Inor
Sotolongo aux percussions. A noter également la présence d’un quatuor à
cordes dans « Ròz Jériko », alors qu’Hermann Sambin l’interprètait plus
sobrement, en duo avec Alain Jean-Marie
au piano, dans son précédent disque.
Tout au long de Basalte
la section rythmique est entraînante : le drumming de Sarron est agile et léger
(« Pase lanmod »), les percussions de Sotolongo apportent la touche
dansante des Caraïbes (« Jwe »), Hubert possède un gros son boisé
(« Love After Love ») et un groove imposant (« Si pati »),
quant à Nardin, il passe des Caraïbes (« Annou ») ou autres motifs cadencés
(« Militanto »), à des lignes tranquilles (« Jwe »), avec
toujours beaucoup d’efficacité (« Militanto »). Richardeau déroule
des belles phrases à la clarinette (« Le pas »), sans jamais se
départir d’un swing vigoureux (accentué dans « Repase » par un chabada et
une walking qui pulsent) et se montre toujours pertinent dans ses interventions
(au saxophone dans « Annou », à la clarinette dans « Glas
la »…). La voix veloutée d’Hermann Sambin – onctuosité accentuée par la
douceur du créole (« Pase lanmod ») – s’unit avec élégance à la
clarinette (« Glas la »), penche vers un funk élégant
(« Pwomes »), suit les autres instruments à l’unisson (« Le
pas », « Militanto »), chante un blues convaincant (« Si
pati »), est agréablement mélodieuse (« Love After Love »,
« Pase lanmod »)… Le tout sur des arrangements soignés et une section
rythmique fringante.
Avec plus d’interactions entre la voix et les instruments et
d’espaces laissés aux solistes, Basalte
s’aventure davantage dans les territoires du jazz que ne le faisait Ròz Jériko.
Charles Lloyd
Blue Note
Enregistré le 24 novembre 2013 en concert, lors de sa
création pour le festival Jazztopad à Wroclaw, en Pologne, la suite Wild Man Dance sort chez Blue Note, trente
ans après One Night With Blue Note vol 4,
disque que Charles Lloyd avait gravé
avec Michel Petrucciani, Cecil McBee et Jack DeJohnette…
La section rythmique « habituelle » de Lloyd – Jason Moran, Reuben Rogers et Eric
Harland – laisse sa place à Gerald Clayton, Joe Sanders et Gerald Cleaver.
Sokratis Sinopoulos, déjà présent
sur Athens Concert (2011), joue de la
lyre grecque et Miklós Lukács est au
cymbalum.
Les six mouvements de la suite s’enchaînent quasiment sans
interruption, si ce n’est les applaudissements. Wild Man Dance est typiquement « Lloydien » : vigueur,
densité et majesté de la section rythmique, touche world avec la lyre et le
cymbalum, puissance et lyrisme du saxophone. Il n’y pas de thème à proprement parler,
mais plutôt des développements mélodiques et rythmiques continus, tour à
tour méditatifs (« Flying Over The Odra Valley »), nostalgiques (« Lark »),
mystérieux (« Invitation »)… Clayton, Sanders et Cleaver mettent une
pression énorme, basée sur une contrebasse grave et mélodieuse (« River »),
une batterie touffue (« Gardiner ») et un piano résolument moderne
avec ses clusters, crépitements, phrasé tendu (« Flying Over The Odra
Valley »). Le trio piano – contrebasse – batterie se montre également d’une
efficacité redoutable quand il s’agit e swinguer (« Lark ») ou de
mettre du groove (« River »). La sonorité argentine du cymbalum donne
un côté mystique à « Flying Over The Odra Valley » et s’apparente à un
xylophone, entre mélodie et rythme, dans « River » et « Wild Man
Dance ». Le son étiré et fragile de la lyre contribue à l’atmosphère
mélancolique de « Lark » et la tournerie de « Wild Man Dance »
apporte un zeste de folklore. Le jeu de Lloyd est à la fois mélodieux et
nerveux (« Gardiner »), s’appuie sur un son ample (« Flying Over
The Odra Valley ») et ses variations sont passionnées, libres et captivantes
(« Lark »)…
Dans la lignée de Lift
Every Voice, avec ses ambiances profondes et envoutantes Wild Man Dance est un disque émouvant.