08 mai 2017

Europa Oslo – ONJ

Pour le dernier volet de la série Europa, consacrée à quatre villes européennes, l’Orchestre National de Jazz emmène les auditeurs à Oslo. Après Paris, Berlin et Rome, Olivier Benoît ne pouvait pas « faire l’impasse sur une ville d’Europe du Nord » et « c’est Oslo qui s’est imposée »…

Après la musique répétitive pour Paris, le jazz pour Berlin et la musique contemporaine pour Rome, quelle nous réserve Oslo ? Après avoir demandé à Benjamin de la Fuente et Andrea Agostini de composer les deux suites de Europa Rome, Benoît reprend les rênes et signe les neuf morceaux de Europa Oslo. Aux dix musiciens de l’ONJ s’ajoutent la voix de Maria Laura Baccarini et les textes du poète norvégien Hans Petter Blad.

Créé en décembre 2016 lors d’une résidence à l’Académie norvégienne de Musique, le répertoire a été enregistré en janvier 2017 et le disque sort le 28 avril chez ONJ Records. Fidèle à la charte graphique du label, l’élégante pochette cartonnée en trois volets  contient un livret complet, avec les textes de Blad et des photos citadines de Benoît. Europa Oslo est dédié à la mémoire de Jacques Mahieux, décédé en mars 2016.

L’architecture de la plupart des morceaux repose sur des plans sonores superposés : une rythmique puissante et régulière pour le décor («  A Sculpture Out of Tune »), des nappes d’accords en arrière-plan (« Intimacy »), des chœurs en contrepoints au deuxième plan (« Sense That You Breathe »), une ligne mélodique au premier plan (« An Impossible Feast ») et, au-dessus de la mêlée, le chant. Baccarini chante d’ailleurs sur tous les titres, sauf sur « Det Har Ingenting A Gjore ». La voix haute perchée, le timbre diaphane, le phrasé aérien et quasiment rubato de Baccarini évoque davantage une esthétique pop que jazz (« Sense That You Breathe ») et s’accorde bien avec les ambiances vaporeuses de la Norvège. Si la musique répétitive et ses constructions circulaires restent une source d’inspiration évidente (« Ear Against The Wall »), Benoît emprunte également à la musique concrète (« Intimacy », « Glossary »), voire au baroque (l’ouverture majestueuse d’« Ostracism », ou les esquisses de fugue de « Det Har Ingenting A Gjore »). Mais c’est le rock qui sert de lien entre tous ces éléments, avec une batterie imposante, mate et précise («  A Sculpture Out of Tune »), une basse athlétique et sourde (« Sense That You Breathe ») et une guitare musclée (« Intimacy »).

C’est avec un regard original sur la « Ville du tigre » qu’Europa Oslo clôture un voyage en Europe, cette « confédération fragile qui se nourrit et ne se développe que par l’échange », phrase prophétique par les temps qui courent…