Pour le dernier volet de la série Europa, consacrée à quatre
villes européennes, l’Orchestre National de Jazz emmène les auditeurs à Oslo.
Après Paris, Berlin et Rome, Olivier
Benoît ne pouvait pas « faire l’impasse sur une ville d’Europe du Nord »
et « c’est Oslo qui s’est imposée »…
Après la musique répétitive pour Paris, le jazz pour Berlin
et la musique contemporaine pour Rome, quelle nous réserve Oslo ? Après
avoir demandé à Benjamin de la Fuente
et Andrea Agostini de composer les deux
suites de Europa Rome, Benoît reprend
les rênes et signe les neuf morceaux de Europa Oslo. Aux dix musiciens de l’ONJ s’ajoutent la voix de Maria Laura Baccarini et les textes du
poète norvégien Hans Petter Blad.
Créé en décembre 2016 lors d’une résidence à l’Académie norvégienne
de Musique, le répertoire a été enregistré en janvier 2017 et le disque sort le
28 avril chez ONJ Records. Fidèle à la charte graphique du label, l’élégante pochette
cartonnée en trois volets contient un
livret complet, avec les textes de Blad et des photos citadines de Benoît. Europa Oslo est dédié à la mémoire de Jacques Mahieux, décédé en mars 2016.
L’architecture de la plupart des morceaux repose sur des
plans sonores superposés : une rythmique puissante et régulière pour le
décor (« A Sculpture Out of Tune »), des nappes d’accords en
arrière-plan (« Intimacy »), des chœurs en contrepoints au deuxième
plan (« Sense That You Breathe »), une ligne mélodique au premier
plan (« An Impossible Feast ») et, au-dessus de la mêlée, le chant. Baccarini
chante d’ailleurs sur tous les titres, sauf sur « Det Har Ingenting A
Gjore ». La voix haute perchée, le timbre diaphane, le phrasé aérien et
quasiment rubato de Baccarini évoque davantage une esthétique pop que jazz (« Sense
That You Breathe ») et s’accorde bien avec les ambiances vaporeuses de la
Norvège. Si la musique répétitive et ses constructions circulaires restent une
source d’inspiration évidente (« Ear Against The Wall »), Benoît
emprunte également à la musique concrète (« Intimacy », « Glossary »),
voire au baroque (l’ouverture majestueuse d’« Ostracism », ou les
esquisses de fugue de « Det Har Ingenting A Gjore »). Mais c’est le
rock qui sert de lien entre tous ces éléments, avec une batterie imposante,
mate et précise (« A Sculpture Out of Tune »), une basse athlétique
et sourde (« Sense That You Breathe ») et une guitare musclée (« Intimacy »).
C’est avec
un regard original sur la « Ville du tigre » qu’Europa Oslo clôture un voyage en
Europe, cette « confédération fragile qui se nourrit et ne se développe
que par l’échange », phrase prophétique par les temps qui courent…