Yves Rousseau et
Christophe Marguet sont sur les mêmes longueurs d’ondes musicales : ils jouent
ensemble dans le quartet de Rousseau, Akasha, depuis la fin du vingtième siècle
(hé oui !)… Leur nouveau projet est un quintet qu’ils ont monté ensemble
et qui sort son premier opus le 12 mai 2017 chez Cristal Records : Spirit Dance.
Le concert de sortie du disque a lieu le 4 mai au Triton.
Outre les co-leaders, le quintet est constitué de Fabrice Martinez (l’ONJ, Chut !, Supersonic…) à la trompette et
au bugle, David Chevallier (Standards & Avatars) à la guitare et
Bruno Ruder (Ricardo Del Fra, Magma, Radiation 10) au piano et au Fender Rhodes.
Rousseau et Marguet reprennent les morceaux du répertoire de Spirit Dance dans l’ordre. Les deux
compères se partagent les douze morceaux. La première partie est saisie sur le
vif et la deuxième partie écoutée sur disque.
Le quintet s’appuie sur des mélodies claires
(« Funambolo »), soignées (« Bleu nuit ») voire solennelles
(« Pénombre », en souvenir des attentats du 13 novembre 2015). Spirit Dance porte bien son nom :
les rythmes sont puissants (« Fragance ») et entraînants (« The
Cat »). Marguet et Rousseau laissent beaucoup de place à leurs compagnons.
Superpositions de voix (« Funambolo »), unissons de la trompette et
de la guitare (« Fragance »), ostinatos du Rhodes (« Le vent se
lève »), jeu avec les techniques étendues (« The Cat »), riffs robustes
de la contrebasse (« Le vent se lève »)… : les interactions sont
foisonnantes (« Le vent se lève ») avec leurs lots de chorus lyriques
déjantés pour Martinez (« The Cat »), à tendance « guitar hero »
pour Chevallier (« Le vent se lève ») et très cinématographique pour
Ruder (« Bleu nuit »). Le son du quintet repose sur un mariage subtil
entre l’électrique (la guitare, le Rhodes et quelques effets à la trompette) et
l’acoustique, soutenu par un volume sonore costaud.
Même constatation pour les six autres morceaux : une
attention particulière est portée aux mélodies (« Day Off ») et la
musique reste dansante. Le quintet associe des ingrédients mainsteam – passage
en walking et chabada dans « Light and Shadow » – à des éléments rock
(« Charlie Haden »), des touches sud-américaines (« Spirit Dance »),
des composants de musique minimaliste (« Marcheur ») et, toujours, ce
grouillement des voix (« Fruit frais »). A noter la photo incongrue qui orne la pochette du disque :
un danseur fort et poilu comme un ours court en emportant sur ses épaules une danseuse menue…
Si la musique du quintet de Marguet et Rousseau est
davantage figurative qu’abstraite, elle reste inclassable. En tous cas, très
cohérent du début à la fin, Spirit Dance
s’adresse autant à l’esprit par ses constructions élaborées qu’au corps, par ses
rythmes entraînants.