19 mars 2015

Fourth World Vol. 1 Possible Musics

1980 : Brian Eno est déjà une star aux multiples facettes, Jon Hassell est toujours un trompettiste-chercheur… Ils décident d’enregistrer pour Polydor un album-concept au titre éloquent : Fourth World Vol. 1 Possible Musics. Pour Hassell, c’est un peu comme un manifeste dans lequel il expose sa «coffee-coloured classical music » et son jeu « future primitive »… une « fourth stream », en quelque sorte. Le concept d’Hassell repose sur un métissage de musiques synthétiques et de musiques traditionnelles. En novembre, le label allemand Glitterbeat, spécialiste des musiques africaines, réédite Fourth World Vol. 1 Possible Musics.

Les six morceaux du disque, composés pour une moitié par Hassel et pour l’autre par le duo, ont des titres qui évoquent l’Afrique : « Griot (over « Contagious Magic ») » et l’Afrique de l’ouest, « Ba-Benzélé » du nom de la tribu pygmée, « Rising Thermal 14° 16’ N; 32° 28’ E » situé dans le sud Soudan, « Charm (Over « Burundi Cloud ») » au nom explicite, « Delta Rain Dream » qui pourrait faire référence au Nil… Sans oublier, bien entendu, la photo satellite de la pochette du disque, un cliché de la région du sud de Khartoum.

Si Hassell est présent sur toutes les plages, en revanche Eno ne joue du synthétiseur (Prophet et Minimoog) ou de la guitare que dans quatre morceaux. Comme souvent, Hassell est accompagné de Naná Vasconcelos au ghatam (percussion indienne en forme de pot) ou aux congas. Il fait également appel au percussionniste sénégalais Aïyb Dieng sur trois morceaux. D’autres invités se joignent également à la partie, au grès des ambiances…

Entre Eno, en plein développement du concept musical ambient avec Discreet Music (1975) et Music for Airports (1978), et Hassell, qui a suivi les cours de Pandit Prân Nath et reste sous l’influence de Karlheinz Stockhausen, Terry Riley, La Monte Young… la musique de Fourth World Vol. 1 Possible Musics est imprégnée de minimalisme répétitif.  

Pas d’unité de temps pour les morceaux qui s’étalent de trois à vingt-et-une minutes. Les mélodies sont réduites à un motif de quelques notes (« Chemistry ») développé à l’économie (« Delta Rain Dream ») et la rythmique est un enchevêtrement de boucles récurrentes (« Charm (Over « Burundi Cloud ») »). Fourth World Vol. 1 Possible Musics joue avant tout sur des juxtapositions sonores qui créent des paysages évocateurs : les sons acoustiques naturels et chaleureux des percussions (« Chemistry ») ; la voix déformée, feutrée, voire fêlée, de la trompette électrifiée ((« Charm (Over « Burundi Cloud ») ») ; les sonorités synthétiques des claviers (nappes d’harmoniques emphatiques dans (« Delta Rain Dream ») ; un riff groovy de conga et de basse (« Ba-Benzélé ») ; les effets réalistes (claquements de mains dans « Griot (over « Contagious Magic ») », orage dans « Ba-Benzélé », grillons et bruits de la nuit dans « Rising Thermal 14° 16’ N; 32° 28’ E »…)…

Décors et rythmiques africains, minimalisme et réitérations dans la lignée des Riley, Steve Reich, Philip Glass… et trompette aux vocalises de synthétiseur : Hassell se lance dans une musique électro d’ambiances.

Le disque

Fourth World Vol. 1 Possible Musics
Jon Hassell & Brian Eno
Jon Hassell (tp), Brian Eno (g, synth, électro), Naná Vasconçelos (percu) et Aïyb Dieng (percu), avec Percy Jones (b), Michael Brook (b), Jerome Harris (b), Paul Fitzgerald (electro), Gordon Philips, Andrew Timar et Tina Pearson (mains)…
Glitterbeat – GBCD 019
Sortie en novembre 2014

Liste des morceaux

01.  « Chemistry », Hassell & Eno (6:50).
02.  « Delta Rain Dream », Hassell & Eno (3:26).
03.  « Griot (Over « Contagious Magic ») » (4:00).
04.  « Ba-Benzélé » (6:15).
05.  « Rising Thermal 14° 16' N; 32° 28' E », Hassell & Eno (3:05).
06.  « Charm (Over « Burundi Cloud ») » (21:29).

Toutes les compositions sont signées Hassell, sauf indication contraire.