23 septembre 2019

Fragments Septet au Studio de l’Ermitage


Dans le cadre du festival Jazz à La Villette, le 4 septembre 2019, Yves Rousseau présente Fragments Septet au Studio de l’Ermitage.

Dernier né des projets du contrebassiste, Fragments trouve sa source dans les « années lycée, au milieu des 70’s lorsque les grands groupes pop/rock alors à leur apogée créatrice marquaient pour toujours l’histoire de la musique ». Pour interpréter ce répertoire original, Rousseau a monté un nouveau groupe avec Géraldine Laurent au saxophone alto, Thomas Savy à la clarinette basse, Jean-Louis Pommier au trombone, Csaba Palotaï à la guitare, Etienne Manchon aux claviers et Vincent Tortiller à la batterie.

A gauche, la section acoustique avec les trois soufflants ; à droite, la section électro-acoustique avec les claviers, guitare électrique et batterie ; au milieu, la contrebasse qui anime les débats… La séance nostalgie peut commencer !

« Reminiscence », dédié à Soft Machine, ouvre le bal. Une ambiance spatiale avec des bruitages et des grondements lointains laisse place aux soufflants, qui reprennent le thème a cappella. Les unissons des cuivres et bois sur les ostinatos du Nord Electro et de la contrebasse, soutenus par les bruissements de la batterie, évoquent aussi une musique de film. Puis la tension monte avec les frappes touffues de la batterie, les dialogues foisonnants et le clavier, qui ajoute du suspens.


Frank Zappa s’invite sur « Personal Computer » : après une introduction contemporaine, le foisonnement de la batterie, la ligne minimaliste profonde de la contrebasse et les accords clairsemés de la guitare soulignent les questions – réponses majestueuses des soufflants. Le tableau suivant s’apparente davantage à du rock progressif, avec les ostinatos du clavier, les riffs graves, les envolées de la clarinette basse sur une batterie puissante. Le final revient dans une atmosphère acoustique aux accents moyenâgeux.

Rousseau nous apprend que ce n’est que le troisième concert de cette nouvelle formation de pop-rock-jazz. Et pourtant la musique tourne comme si le septet avait toujours joué ensemble. « Abyssal Ecosystem » s’appuie sur une batterie imposante et véloce, une contrebasse trapue, renforcée par les motifs de la guitare et la pédale du clavier, pendant que cuivres et bois croisent élégamment leurs voix dans une tournerie entraînante et mélodieuse.

« Darkness Desire » lorgne lui aussi du côté du rock alternatif : section rythmique vigoureuse, effets électro de la guitare et du synthé, choeurs mystérieux et soignés du saxophone – clarinette – trombone... Comme les autres pièces, « Darkness Desire » s’articule autour de plusieurs mouvements qui se succèdent, d’échanges sinueux en dialogues écorchés, de mouvements aériens en conversations emportées.

Quand il présente son orchestre, Rousseau termine par « le club des moins de 30 ans… Les énervants… », autrement dit, les plus jeunes de la bande, Manchon et Tortiller, deux musiciens qui savent ce qu’ils veulent (comme le prouve l’étonnant Elastic Borders, premier opus du claviériste, sorti en février 2019 chez Troisième Face). La majestueuse introduction du trombone a capella pour « Oat Beggars » (littéralement, « les mendiants de l’avoine »...) annonce un morceau dramatique et dense, qui monte en tension dans une ambiance progressivement underground,


La belle mélodie de « Winding Pathway » rappelle la musique de chambre du vingtième. Après un passage entre ballade pop-folk et marche solennelle, la contrebasse se lance dans un solo particulièrement musical qui contraste avec le fonds sonore électro, Le morceau s’achève sur un mouvement au parfum bop, dans lequel le saxophone alto nage comme un poisson dans l’eau.

Le concert se conclut avec «  Efficient Nostalgia ». A la sonorité cristalline vintage du synthétiseur et l’ostinato de la guitare électrique, répondent les volutes de la clarinette basse, portées par un chœur brillant, avant que le septet ne s’envole vers des contrées rock.

Entre rock progressif, musique de chambre et jazz, les Fragments de Rousseau sont captivants,