07 septembre 2019

Unis vers – Mathias Lévy


En 2013, le violoniste Mathias Lévy publie Playtime, premier disque du trio composé de Sébastien Giniaux à la guitare ou au violoncelle et Jean-Philippe Viret à la contrebasse. Les trois musiciens récidivent en 2017, avec Revisiting Grappelli. Lévy fait ensuite une digression hongroise en consacrant un album à Béla Bartók (Bartók Impressions – 2018), puis il revient à son trio et sort Unis vers en août 2019 chez Harmonia Mundi.

Les trois musiciens invitent également le violoncelliste Vincent Ségal et l’accordéoniste Vincent Peirani. L’instrumentation de l’ensemble est tout sauf banal et se rapproche d’un orchestre de chambre classique. Lévy joue un violon de 1924, fabriqué par le luthier Pierre Hel, don de Stéphane Grappelli au Musée national de la Musique en 1995. Huit des dix thèmes ont été composés par Lévy, Giniaux et Viret signent chacun un titre.

Après une « Introduction » qui tient de Bartók, « Ginti Tihai » nous emmène vers la musique indienne, avec un motif rythmique joué en contrechant, un thème élégant et un développement fluide, dans lequel toutes les voix se croisent. Un ostinato aux accents africains et un riff de l’accordéon accueillent « Sur le fil », morceau d’abord mystérieux, puis dansant, dans une ambiance moderne. « Home de l’être » passe d’un unisson aux consonances médiévales à des dialogues minimalistes dans une veine musique contemporaine. L’« Interlude » est une démonstration de virtuosité dans le style de la « Chaconne », et qui finit sur des embardées échevelées. Une sorte de canon rythmique précède le thème d’« Unis vers », exposé sur un pizzicato dansant. Les voix foisonnent, avec ça-et-là quelques espagnolades et autres accents manouches, mais les constructions restent toujours méticuleuses. Dans « Extatique », les questions – réponses mélodieuses entre le violon et l’accordéon, accompagnées par une pédale et des ostinatos de la contrebasse et du violoncelle, accentuent l’impression de musique de chambre. Hommage à Thelonious Monk, « Thelonious » est un interlude contemporain chambriste. Après une ambiance cinématographique basée sur une mélodie délicate et des échanges croisés, « Rêve d’éthiopiques » part dans un délire rythmique enlevé. Les accords de la guitare, les lignes sobres de la contrebasse et les tourneries médiévales du violon font effectivement penser à un « Kind of Folk ». Pour conclure, « Soleil dans les feuilles d’un arbre » évoque un madrigal médiéval.

Incontestablement original, « Unis vers » combine des éléments classiques, manouches, folk et autres, dans un jazz de chambre à la fois sophistiqué et abordable.

Le disque

Unis Vers
Mathias Lévy
Mathias Lévy (vl), Sébastien Giniaux (g, cello) et Jean-Philippe Viret (b), avec Vincent Ségal (cello) et Vincent Peirani (acc).
Harmonia Mundi – HMM902506
Sortie le 20 août 2019

Liste des morceaux

01.  « Intro » (0:49).
02. « Ginti Tihai » (4:42).
03. « Sur le fil » (5:07).
04. « Home de l'être », Viret (5:16).
05. « Interlude » (1:53).
06. « Unis vers » (4:17).
07. « Extatique » (4:02).
08. « Thelonious » (1:49).
09. « Rêve d'éthiopiques » (4:10).
10. « Kind of Folk » (4:57).
11. « Soleil dans les feuilles d'un arbre », Giniaux (3:33).

Tous les morceaux sont signés Lévy sauf indication contraire.