En 1978, le Marvelous Band et le Workshop de Lyon fusionnent et créent l’Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire, plus connue sous le nom d’ARFI. Son grand orchestre, La Marmite Infernale, et son label naissent dans la foulée. Depuis la fin des années soixante-dix, une soixantaine d’artistes ont sorti une trentaine de disques, de tendances esthétiques parfaitement hétéroclites. Depuis Moralité surprise, en 1983, La Marmite Infernale a enregistré onze albums. Or Mathilde, leur douzième opus, sort le 17 octobre 2025.
Les mélodies sont souvent burlesques (« Cagneux boiteux »), bouffonnes (« Marchand de poivre »), voire (faussement) enfantines (« Or Mathilde »), mais leur expressivité exacerbée (« Les moules à la plancha ») leur confère un aspect légèrement inquiétant (« Riffir »). Nous sommes davantage dans les slapsticks de Mack Sennett que des tartes à la crème de Laurel et Hardy. Dans Or Mathilde la voix est cruciale, non seulement comme instrument, mais aussi pour les paroles, à l’instar du texte scientifique qui décrit un insecte (« Le sillon du grillon »), du dialogue téléphonique qui aboutit à une recette de moules à la plancha (« Les moules à la plancha »), de discours dada (« La montagnarde du Gacard »), de poèmes décalés (« L’immaculée »), de petits airs en passant (« Manège ») ou de texte violent, révolté et cru (« Les dents de ma mère »). Fanfare déjantée (« Cagneux boiteux »), ensemble de musique contemporaine (« Le sillon du grillon »), orchestre lyrique (« Manège ») ou folklorique (« La montagnarde du Gacard ») et même médiéval free – un nouveau style en gestation – (« Marchand de poivre »), La Marmite Infernale passe aussi par un slam (« Réservoir ») avec « Summertime » (pas celui de George…) en filigrane. Le déroulé des morceaux se base fréquemment sur une montée crescendo de l’orchestre (« Marchand de poivre ») jusqu’à atteindre une intensité paroxysmique (« Riffir »). Les contre-chants touffus (« L’immaculée »), les voix superposées sur différents plans (« Le sillon du grillon »), les duos haut en couleur entre trombone – banjo (« Manège »), voix ou violoncelle – saxophone sopranino (« Riffir », « Or Mathilde ») ou voix – soubassophone (« La montagnarde du Gacard »), et les effets électro, vocoder (« Cagneux boiteux ») ou guitar hero (« La montagnarde du Gacard »), mettent en avant toutes les sonorités de cet ensemble singulier. Si La Marmite Infernale est évidemment marquée par les rythmes entraînants des Marching Band (« Cagneux boiteux ») et une batterie imposante (« Marchand de poivre »), l’orchestre s’appuie également sur des motifs dansants (« Manège »), des rythmes latino (« Les moules à la plancha »), des rondes entraînantes (« Marchand de poivre ») et autres riffs festifs (« La montagnarde du Gacard »).
La Marmite Infernale propose une musique expressionniste, spectaculaire et dramatique. Or Mathilde est une œuvre théâtrale dans une lignée expérimentale underground.
Le disque
Or Mathilde
La Marmite
Infernale
Liste des morceaux
01. « Cagneux boiteux », Félix Gibert (4:33).
02. « Marchand de poivre », Clément Gibert (4:17).
03. « Les moules à la plancha », Félix Gibert (4:11).
04. « Riffir », Martin (3:09).
05. « L’immaculée » (2:22).
06. « Manège », Delzant (7:01).
07. « Or Mathilde », Martin (2:12).
08. « La montagnarde du Gacard », Clément Gibert (4:49).
09. « Le sillon du grillon », Autin (3:53).
10. « Réservoir », Delzant (6:39).
11. « Les dents de ma mère », Bost (8:42).