De la musique d’avant-garde – Daunik Lazro, Benjamin Duboc, Michel Doneda, Pierre Charial… – à la poésie – A l’ombre des sources, son premier recueil de poèmes est publié en 2021 chez Ubik Art – en passant par le multimédia, la danse, le cinéma ou les arts plastiques, Mathieu Bec multiplie les projets dans tous les domaines artistiques ! La sortie de Zanzibar le 28 novembre 2025, en duo avec le pianiste François de Larrard, est une belle occasion pour partir à la découverte d’un batteur au parcours hors norme.
| Mathieu Bec © JjGFree |
La
musique
Au départ je suis complètement autodidacte et beaucoup ont été surpris par mon jeu un peu original… En fait j'ai joué en groupe avant même de me poser la question si je savais jouer ou pas. Pour moi, être derrière une batterie était comme une évidence, c’était vital. Par la suite, j’ai rejoint l'armée comme tambour dans la musique du 21e RIMa à Fréjus, puis le conservatoire à Sauvian pour apprendre le solfège rythmique et le jazz pendant cinq ans.
Je n'ai pas choisi mon instrument : c'est plutôt lui qui m'a choisi ! D'aussi loin que je me souvienne, à huit ans, je tape déjà sur les casseroles de la cuisine quand mon père prend sa guitare et chante… Après je suis parti en Angleterre où j'écoutais The Clash et Sex Pistols. J’ai également joué dans des groupes de punk et de jungle.
Cela dit, j'ai découvert le jazz quand j'étais petit : mon père chantait du Ray Charles, du Bob Dylan et il avait aussi des vinyles de Louis Armstrong, de Miles Davis... A treize ans j’ai commencé à beaucoup aimer cette musique. Ensuite, pendant ma période punk, je n’en ai plus écouté, même si dans un petit coin de ma tête il continue à cheminer… Et cela ne fait que dix ans que je joue du jazz intensément, à l'aide de tutos sur internet et de profs.
Mes influences majeures ne sont pas très originales : tout d’abord John Coltrane, Elvin Jones et Milford Graves... J'adore aussi Max Roach et Art Blakey. J'aime bien la ride de Tony Williams, sa sonorité sèche et sombre sur le disque Néfertiti. Mais Elvin, selon moi, est indépassable pour son dialogue caisse claire – grosse caisse et ses fameux triplets, que j'ai beaucoup étudiés.
Cinq clés pour le jazz
Pourquoi la passion du jazz ? La foi dans le jazz, c'est comme une religion ! Cette musique vient te trouver et te chercher... Elle est entrée dans mon cœur avec passion, et c’est durable ! J’ai commencé par écouter du jazz pour comprendre pourquoi je ne le comprenais pas… Curieux de nature, je voulais comprendre pourquoi je n'accrochais pas. Et puis, sur les conseils d’un ami qui aime le jazz, j'ai écouté A Love Supreme et là tout s'est éclairé : la beauté brute ! Je n'avais plus besoin de rien en ce bas monde que d'écouter Coltrane en boucle… C’est à partir de ce moment précis que je suis entré en jazz.
Où écouter du jazz ? Le jazz est une musique vivante qu’il faut écouter en club plutôt que sur disque. Je n'aime pas trop ma musique en boîte car elle paraît « morte », et j’adore l'improvisation dans l’instant, quand le danger est bien présent, sur scène... Hélas, beaucoup de musiciens jouent de manière froide et technique. Ils oublient un peu l'improvisation et le risque. J'appelle cela du « jazz d'ascenseur », et il y en a pas mal de nos jours !
Comment découvrir le jazz ? Il faut voyager en Louisiane, à la Nouvelle Orléans, le berceau… Ou alors écouter cette musique vivante en club, la seule façon de pouvoir comprendre l'interplay, l'interaction, entre les musiciens et les transitions entre les solos.
Une
anecdote autour du jazz ? J'aime l’épisode
de la cymbale lancée sur Charlie Parker qui n'arrivait plus à jouer
tellement il était drogué... Je l'ai découvert dans Bird, le film de Clint
Eastwood. Je trouve que cela dit en dit long sur la rigueur du travail qu’exige
cette musique… et sur le fait que certains musiciens ne se font pas de cadeaux !
Le portrait chinois
Si j’étais un
animal, je serais une orque,
Si j’étais une
fleur, je serais du jasmin,
Si j’étais un
fruit, je serais une mangue,
Si j’étais une
boisson, je serais du thé noir,
Si j’étais un
plat, je serais le couscous de ma mère,
Si j’étais une
lettre, je serais O, le cercle parfait de toute chose,
Si j’étais un
mot, je serais Paix,
Si j’étais un
chiffre, je serais 69,
Si j’étais une
couleur, je serais le noir, même si c’est l’absence de couleur…
Si j’étais une
note, je serais Si b.
Sur l’île déserte…
Quels disques ? A love Supreme de Coltrane, Stories de Graves... Bachir Attar et les Maâlems de Jajouka et la musique Pygmées Aka. Le Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart et toutes les variations de Johann Sebastian Bach. Enfin, Hearing Solar Winds de David Hykes, Lux aeterna de György Ligeti et Night Dreamer de Wayne Shorter...
Quels livres ? Le fantastique La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski, 1492 de Jacques Attali et La plus belle histoire du monde d’Hubert Reeves. Sinon, j'emporte tout Arthur Rimbaud et tout Victor Hugo…
Quelles peintures ? La Femme à l'ombrelle et Le bassin aux nymphéas de Claude Monet, Philosophe en méditation de Rembrandt et Le Sabbat des sorcières de Francisco de Goya...
Quels
loisirs ? La natation, la lecture et le yoga… si possible ! Construire
une batterie artisanale avec du bois, des pierres et des feuilles ! Apprendre
à faire du feu en toutes circonstances et chasser du gibier... Pour le reste,
me protéger avec un abri sain et durable !
Trois vœux…
La paix sur terre.
Qu’on arrête de polluer la terre et de l’offenser impunément !
Quant au troisième vœu, il est personnel...