Kind of Red
Das Kapital
Daniel
Erdmann (ts), Hasse Poulsen (g) et Edward Perraud (d)
Label Bleu
– LBLC 6721
Sortie en novembre 2016
Daniel Erdmann, Hasse Poulsen et Edward Perraud ont formé Das Kapital en 2002. Le trio compte cinq
disques à son actif. Dans Kind of Red,
publié en 2016 chez Label Bleu, ils
s’écartent du répertoire d’Hanns Eisler
pour interpréter leurs propres compositions. Poulsen signe quatre morceaux, Perraud,
trois, et Erdmann, deux.
Kind of Red
s’ouvre sur un thème aux consonances folks, « Webstern », accentué
par les accords rythmiques de la guitare acoustique, une batterie légère et un
ténor qui commence sur un mode relax et chaleureux, puis décolle peu à peu vers
un free soft. Le morceau termine en apothéose sur un chorus dans une veine rock
folk, que The Eagles n’auraient pas renié. Sous le saxophone soprano d’Erdmann,
« Claudia’s Choice » s’étire, portée par les nappes aériennes de
Poulsen et les bruissements de Perraud. Toujours plein d’humour, le trio emmène
d’abord « Iris » sur les pas d’Ennio
Moriconne, avant que la guitare électrique ne parte dans un chorus
métallique. Les accords d’outre-tombe de la guitare et le thème heurté que le
soprano, lointain, expose à l’unisson avec la batterie, donnent une allure de
science-fiction à « Macht Nix, In Der Mitte Ist Noch Platz ». Après
un démarrage foisonnant, « Just Like That » revient à des
fondamentaux hard bops à la sauce moderne, avec la walking de Poulsen, le jeu
touffu de Perraud et les pirouettes véloces du ténor d’Erdmann, bientôt suivies
par celles de la guitare, puis de la batterie. « Jenseits Von Gut Un
Böse » passe d’une atmosphère moderne et tendue à une ambiance folk,
presque gipsy : clin d’œil amusant au Par-delà
bien et mal de Friedrich Nietzsche…
Dans le même esprit que « Claudia’s Choice », « How Long, So
Low » se déroule lentement, en suspension, avec une batterie minimaliste.
Le contraste avec « Au fond des yeux », dédié au photographe Jacques Henri Lartigue (Perraud joint
le reflex aux baguettes), est d’autant plus saisissant que la guitare
électrique de Poulsen déchire l’espace, sur un ténor shouter et une batterie
foisonnante. Avec « Claudia’s Choice » et « How Long, So
Low », « Nothing Will Ever Be Enough » pourrait être le
troisième mouvement d’une suite dépressive…
Les trios saxophone – guitare – batterie ne courent pas les
rues et Erdmann – Poulsen – Perraud n’ont pas leurs notes dans leurs
poches ! Das Kapital manifeste toujours autant de verve : Kind of Red est vif et réjouissant.