Mardi 30 mai à vingt
heures, Pulcinella envahit L’atelier du plateau pour présenter son nouveau
disque : ¾ d’once. Ce cinquième
opus, après Clou d’estrade (Yolk –
2007), Panthers’ Play (BMC – 2009), Travesti (Yellow Bird – 2011) et L’empereur (Les Productions du Vendredi –
2016), sort sur le label hongrois BMC le 26 mai.
Créé en 2004 à Toulouse, Pulcinella est un quartet avec Ferdinand Doumerc au saxophone alto ou ténor
et à la flûte, Florian Demonsant à l’accordéon,
Jean-Marc Serpin à la contrebasse et
Pierre Pollet à la batterie. Doumerc
signe sept des huit morceaux de ¾ d’once
et c’est Demonsant qui composé le potache « TPDC ». Pulcinella a
également demandé à Sylvain Rifflet
de participer aux arrangements. Quant au disque, il a été enregistré dans le
BMC’s Concert Hall, à Budapest.
Le concert reprend dans le désordre sept thèmes de ¾ d’once, plus une composition récente, « La
sieste », et, en bis, « La tarentelle de Pulcinella », clin d’œil
à la tarentelle du ballet Pulcinella,
composé par Igor Stravinsky en 1919. C’est
le directeur des lieux, Matthieu
Malgrange, qui introduit le concert en rappelant qu’il y a douze ans, L’atelier
du plateau n’avait pas voulu faire jouer Pulcinella… mais que les choses ont
bien changé ! Pendant la descente
de la mezzanine par l‘escalier escarpé et sans rambarde, les musiciens s’amusent
à se coller le mur comme s’ils avaient le vertige… En réponse à Malgrange, Demonsant
annonce que cela fait douze ans que Pulcinella se prépare pour ce concert !
Le ton de la soirée est donné : humour et bonne humeur sont de rigueur. Et
peu avant la fin du set, le quartet fait même circuler un livre d’or dans le
public…
Pulcinella démarre avec « La fille de l’ombre »,
morceau rythmique et minimaliste dans lequel chaque musicien intercale ses
notes entre celles des autres. Après les legato de l’archet et de l’accordéon sur
les sonnailles de la batterie, Demonsant joue un riff entraînant, soutenu par
les shuffle puissants de Serpin et Pollet, pendant que Doumerc développe « Elle
aimait l’été » dans un esprit festif. La structure de la plupart des
morceaux s’appuie sur des changements de climat intempestifs : la tournerie
de « TPDC » navigue d’abord entre moyen-âge et folklore, d’autant plus
quand la flûte rejoint l’accordéon, la batterie et la contrebasse installent
ensuite un rythme mi fandango, mi Europe centrale, avant de terminer par un
unisson binaire. Même constatation avec « Les paris sont ouverts »
qui rebondit de roulements furieux en bruitages colorés, d’un solo de « timbales »
majestueux à un passage de french cancan bouffon, de cliquetis serrés à un rock
endiablé… Sur un discours fluide et sinueux parsemé de touches bluesy, Doumerc
laisse son saxophone faire « La sieste », mais là encore, Pulcinella
ne résiste pas à interrompre le discours solennel du saxophone pour s’engager
dans une course-poursuite aux accents funky, à laquelle ils mettent fin avec
une ronde nostalgique, exposée par l’accordéon. « Melchizedec », une
bonbonne de trente litre, comme le rappelle Doumerc, est une danse saccadée ponctuée
par les tic-tacs astucieux de Pollet. Les boucles aigües et les grincements de « Mélatonine »,
dans un style musique répétitive, la comptine jouée par la flûte et le
carillon, le slow binaire… tout évoque l’hormone du sommeil, même si le final flirte
plutôt avec le rock progressif. « ¾ d’once » décrit les vingt-et-un
grammes d’âme qui se libèrent lorsqu’une personne meure… enfin, selon la
théorie que Duncan MacDougall a
énoncée en 1907 ! Normal donc que le morceau tremble, soit grave et mystérieux…
Pour terminer le concert, le quartet joue la « Tarentelle de Pulcinella »,
un morceau vif et entraînant, qui juxtapose de multiples tableaux, aussi divers
qu’une tarentelle, des contrepoints virtuoses, une valse, du free…
Pulcinella mérite son nom à plus d’un titre : le
quartet joue sérieusement sans se prendre au sérieux, manie l’humour musical avec
dextérité, construit une musique substantielle à partir de danses légères et chacun
de ses morceaux raconte une histoire... La musique de Pulcinella foisonne
tellement, que ¾ d’once peut s’écouter
à satiété.
Le disque
Pulcinella
Ferdinand Doumerc (ts, fl), Florian Demonsant (acc),
Jean-Marc Serpin (b) et Pierre Pollet (d).
BMC – CD 248
Sortie le 26 mai 2017
Liste des morceaux
01. « TPDC »,
Demonsant (5:15).
02. « Elle
aimait l’été » (8:49).
03. « Melchizedec »
(6:13).
04. « ¾
d’once » (6:24).
05. «
Devant ta porte » (5:37).
06. « Les
paris sont ouverts » (7:07).
07. « Mélatonine »
(5:36).
08. « La
fille de l’ombre » (3:51).
Toutes les compositions sont signées Doumerc, sauf
indication contraire.