24 juin 2017

L’atelier du plateau à l’heure de Polichinelle

Mardi 30 mai à vingt heures, Pulcinella envahit L’atelier du plateau pour présenter son nouveau disque : ¾ d’once. Ce cinquième opus, après Clou d’estrade (Yolk – 2007), Panthers’ Play (BMC – 2009), Travesti (Yellow Bird – 2011) et L’empereur (Les Productions du Vendredi – 2016), sort sur le label hongrois BMC le 26 mai.



Créé en 2004 à Toulouse, Pulcinella est un quartet avec Ferdinand Doumerc au saxophone alto ou ténor et à la flûte, Florian Demonsant à l’accordéon, Jean-Marc Serpin à la contrebasse et Pierre Pollet à la batterie. Doumerc signe sept des huit morceaux de ¾ d’once et c’est Demonsant qui composé le potache « TPDC ». Pulcinella a également demandé à Sylvain Rifflet de participer aux arrangements. Quant au disque, il a été enregistré dans le BMC’s Concert Hall, à Budapest.

Le concert reprend dans le désordre sept thèmes de ¾ d’once, plus une composition récente, « La sieste », et, en bis, « La tarentelle de Pulcinella », clin d’œil à la tarentelle du ballet Pulcinella, composé par Igor Stravinsky en 1919. C’est le directeur des lieux, Matthieu Malgrange, qui introduit le concert en rappelant qu’il y a douze ans, L’atelier du plateau n’avait pas voulu faire jouer Pulcinella… mais que les choses ont bien changé !  Pendant la descente de la mezzanine par l‘escalier escarpé et sans rambarde, les musiciens s’amusent à se coller le mur comme s’ils avaient le vertige… En réponse à Malgrange, Demonsant annonce que cela fait douze ans que Pulcinella se prépare pour ce concert ! Le ton de la soirée est donné : humour et bonne humeur sont de rigueur. Et peu avant la fin du set, le quartet fait même circuler un livre d’or dans le public…

Pulcinella démarre avec « La fille de l’ombre », morceau rythmique et minimaliste dans lequel chaque musicien intercale ses notes entre celles des autres. Après les legato de l’archet et de l’accordéon sur les sonnailles de la batterie, Demonsant joue un riff entraînant, soutenu par les shuffle puissants de Serpin et Pollet, pendant que Doumerc développe « Elle aimait l’été » dans un esprit festif. La structure de la plupart des morceaux s’appuie sur des changements de climat intempestifs : la tournerie de « TPDC » navigue d’abord entre moyen-âge et folklore, d’autant plus quand la flûte rejoint l’accordéon, la batterie et la contrebasse installent ensuite un rythme mi fandango, mi Europe centrale, avant de terminer par un unisson binaire. Même constatation avec « Les paris sont ouverts » qui rebondit de roulements furieux en bruitages colorés, d’un solo de « timbales » majestueux à un passage de french cancan bouffon, de cliquetis serrés à un rock endiablé… Sur un discours fluide et sinueux parsemé de touches bluesy, Doumerc laisse son saxophone faire « La sieste », mais là encore, Pulcinella ne résiste pas à interrompre le discours solennel du saxophone pour s’engager dans une course-poursuite aux accents funky, à laquelle ils mettent fin avec une ronde nostalgique, exposée par l’accordéon. « Melchizedec », une bonbonne de trente litre, comme le rappelle Doumerc, est une danse saccadée ponctuée par les tic-tacs astucieux de Pollet. Les boucles aigües et les grincements de « Mélatonine », dans un style musique répétitive, la comptine jouée par la flûte et le carillon, le slow binaire… tout évoque l’hormone du sommeil, même si le final flirte plutôt avec le rock progressif. « ¾ d’once » décrit les vingt-et-un grammes d’âme qui se libèrent lorsqu’une personne meure… enfin, selon la théorie que Duncan MacDougall a énoncée en 1907 ! Normal donc que le morceau tremble, soit grave et mystérieux… Pour terminer le concert, le quartet joue la « Tarentelle de Pulcinella », un morceau vif et entraînant, qui juxtapose de multiples tableaux, aussi divers qu’une tarentelle, des contrepoints virtuoses, une valse, du free…  


Pulcinella mérite son nom à plus d’un titre : le quartet joue sérieusement sans se prendre au sérieux, manie l’humour musical avec dextérité, construit une musique substantielle à partir de danses légères et chacun de ses morceaux raconte une histoire... La musique de Pulcinella foisonne tellement, que ¾ d’once peut s’écouter à satiété.



Le disque


¾ d’once
Pulcinella
Ferdinand Doumerc (ts, fl), Florian Demonsant (acc), Jean-Marc Serpin (b) et Pierre Pollet (d).
BMC – CD 248
Sortie le 26 mai 2017






Liste des morceaux

01.  « TPDC », Demonsant (5:15).
02.  « Elle aimait l’été » (8:49).
03.  « Melchizedec » (6:13).
04.  « ¾ d’once » (6:24).
05.  «  Devant ta porte » (5:37).
06.  « Les paris sont ouverts » (7:07).
07.  « Mélatonine » (5:36).
08.  « La fille de l’ombre » (3:51).


Toutes les compositions sont signées Doumerc, sauf indication contraire.