Just In Time
Jean-Loup Longnon Quintet
Une fois n’est pas coutume : ce n’est pas en compagnie
d’un big band que Jean-Loup Longnon sort
un disque, mais en quintet, avec Pascal
Gaubert au saxophone ténor, Ludovic Allainmat au piano, Fabien Marcoz à la contrebasse et Frédéric Delestré à la batterie. Même
si, au fil des morceaux, le quintet fait appel à de nombreux invités, dont les
chanteuses Christelle Pereira et Sibel Kose.
Just In Time a été
enregistré dans les studios de l’UMJ à Paris et en concerts et son répertoire est
constitué de quatorze morceaux : six compositions de Longnon, des
standards du be-bop – « Night In Tunisia » de Dizzy Gillespie et « Round Midnight » de Thelonious Monk –, trois hits hard-bop –
« Stable Mates » de Benny
Golson (Benny Golson and The
Philadelphians, 1958), « Four » d’Eddie Vinson (repris par Miles
Davis dans Blue Haze, en 1956) et
« High-Fly » de Randy Weston
(New Faces At Newport, 1958) –, deux
thèmes de comédies musicales – « Just In Time » de Jules Styne (chanté par Judy Holliday en 1956 pour la comédie Bells Are Ringing) et « Love Is
Here To Stay » de George Gerswhin
(à l’origine pour The Goldwyn Follies,
1938, mais révélée par An American In Paris,
en 1951) – et un tube de variété : « Te pedia tou pirea » de Manos Hadjidakis (chanté en 1960 par Melina Mercouri pour le film Jamais le dimanche de Jules Dassin).
Les douze premières plages de Just In Time s’inscrivent dans une lignée bop sans faille :
thème à l’unisson – solos – stop-chorus – thème (« High-Fly »),
chabada pimenté de rim shot et walking (« Stable Mates »), esprit cubano-bop
à la Gillespie (« Istanbounce »), vélocité (« Bo-Bun’s Groove »)…
Longnon sait s’y prendre pour chauffer l’ambiance et faire bouger le public (« Just
In Time », dédié à Clark Terry),
faire scatter avec vivacité Pereira (« Anne Atoll », jeu de mot et
morceau dédiés à Gillespie…) et Kose (« Four »), envoyer un
arrangement musclé avec l’orchestre en soutien (« Night In Tunisia »),
rester dans un mainstream entraînant (« Suan’s Return »), jouer de la
sourdine (« Round Midnight ») et parsemer ses discours de citations.
La section rythmique réagit au quart de tour du début à la fin (« Four »)
et Gaubert maitrise le vocabulaire bop sur le bout des doigts (« Istanbounce »).
Les deux dernières plages sont davantage binaires : « Ta pedia tou
pirea » est prise dans un style « funky brésilien » dansant,
tandis que « The Speech » penche vers un « rap-jazz », avec
un Longnon qui scatte avec beaucoup d’humour (la succession des prénoms
féminins), qui n’est pas si loin d’un Bernard
Lubat ou d’un André Minvielle.
Just In Time
respire la bonne humeur, un be-bop assumé, avec un plaisir décomplexé des notes et des
rythmes mainstream…