Crooked House
Hyprcub
Yolk – J2065
Alban Darche
continue les déclinaisons du Cube : après le Gros et L’Orphi, voici l’Hypr… Au
trio de base avec Sébastien Boisseau
à la contrebasse et Christophe Lavergne
à la batterie, s’ajoutent Jon Irabagon
au saxophone ténor et Jozef Dumoulin
aux claviers. Darche a également convié le clarinettiste et saxophoniste Sylvain Rifflet sur trois morceaux.
Crooked House
compte onze titres signés Darche et sort sur l’excellent label Yolk.
Des ballades presque tranquilles (« Opium »), aux
parfums mélancoliques ou latins (« Saudade »), côtoient des morceaux entraînants
(« Volutes »), mais toujours relevées d'une touche d'acidité, des
passages bruts et terriens (« L’enfant et le miroir ») et des
dialogues tendus (« No Airbag »). Darche joue même son
« Albanology » sur un tempo effréné, clin d'œil plein d'humour à Charlie Parker.
Le maître-mot de l’Hyprcub c’est interaction : les
lignes touffues de la batterie (« Far West Song »), les riffs boisés de la
contrebasse (« Connais-toi toi-même »), les contrepoints dissonants
des saxophones (« Tears ») et les phrases nerveuses du piano (« Crooked
House ») s’imbriquent dans des entrelacs sophistiqués qui donnent à Crooked
House des allures de musique de chambre contemporaine. Les envolées
débridées des saxophones (« Crooked House ») rappellent que le free
n'est pas loin non plus et les rythmes appuyés, plein de groove (« Connais-toi
toi-même »), montrent également que le quintet ne fait pas fi de la
tradition.
Crooked House porte bien son nom... Non pas pour
l'évocation du crime d'Aristide Leonides, mais plutôt pour la démarche
musicale d'Hyprcube : s'appuyer sur des matériaux traditionnels – swing,
acoustique, groove, bop... – pour construire des édifices musicaux tarabiscotés,
mais tout à fait habitables. Il n'y a pas dire : Darche et ses compagnons
sont des architectes et des bâtisseurs de sons particulièrement doués !