30 mai 2015

Just In Time

Just In Time
Jean-Loup Longnon Quintet

Une fois n’est pas coutume : ce n’est pas en compagnie d’un big band que Jean-Loup Longnon sort un disque, mais en quintet, avec Pascal Gaubert au saxophone ténor, Ludovic Allainmat au piano, Fabien Marcoz à la contrebasse et Frédéric Delestré à la batterie. Même si, au fil des morceaux, le quintet fait appel à de nombreux invités, dont les chanteuses Christelle Pereira et Sibel Kose.

Just In Time a été enregistré dans les studios de l’UMJ à Paris et en concerts et son répertoire est constitué de quatorze morceaux : six compositions de Longnon, des standards du be-bop – « Night In Tunisia » de Dizzy Gillespie et « Round Midnight » de Thelonious Monk –, trois hits hard-bop – « Stable Mates » de Benny Golson (Benny Golson and The Philadelphians, 1958), « Four » d’Eddie Vinson (repris par Miles Davis dans Blue Haze, en 1956) et « High-Fly » de Randy Weston (New Faces At Newport, 1958) –, deux thèmes de comédies musicales – « Just In Time » de Jules Styne (chanté par Judy Holliday en 1956 pour la comédie Bells Are Ringing) et « Love Is Here To Stay » de George Gerswhin (à l’origine pour The Goldwyn Follies, 1938, mais révélée par An American In Paris, en 1951) – et un tube de variété : « Te pedia tou pirea » de Manos Hadjidakis (chanté en 1960 par Melina Mercouri pour le film Jamais le dimanche de Jules Dassin).

Les douze premières plages de Just In Time s’inscrivent dans une lignée bop sans faille : thème à l’unisson – solos – stop-chorus – thème (« High-Fly »), chabada pimenté de rim shot et walking (« Stable Mates »), esprit cubano-bop à la Gillespie (« Istanbounce »), vélocité (« Bo-Bun’s Groove »)… Longnon sait s’y prendre pour chauffer l’ambiance et faire bouger le public (« Just In Time », dédié à Clark Terry), faire scatter avec vivacité Pereira (« Anne Atoll », jeu de mot et morceau dédiés à Gillespie…) et Kose (« Four »), envoyer un arrangement musclé avec l’orchestre en soutien (« Night In Tunisia »), rester dans un mainstream entraînant (« Suan’s Return »), jouer de la sourdine (« Round Midnight ») et parsemer ses discours de citations. La section rythmique réagit au quart de tour du début à la fin (« Four ») et Gaubert maitrise le vocabulaire bop sur le bout des doigts (« Istanbounce »). Les deux dernières plages sont davantage binaires : « Ta pedia tou pirea » est prise dans un style « funky brésilien » dansant, tandis que « The Speech » penche vers un « rap-jazz », avec un Longnon qui scatte avec beaucoup d’humour (la succession des prénoms féminins), qui n’est pas si loin d’un Bernard Lubat ou d’un André Minvielle.

Just In Time respire la bonne humeur, un be-bop assumé, avec un plaisir décomplexé des notes et des rythmes mainstream…