Voilà trente ans que les soufflants déjantés et la rythmique
fantasque de Flat Earth Society écument les scènes du monde avec ou sans
invités venus d’horizons hétéroclites. Peter
Vermeersch et ses plus ou moins quinze musiciens comptent une quinzaine de
disques à leur actif… dont 13 (2013)
et Terms of Embarrassment (2016) chez
Igloo Records. Le dernier né, Boggamasta,
est sorti en octobre 2017, suivi d’une version « dubisée » par
Vermeersch et publiée en mai 2018.
Le guitariste et chanteur David Bovée, ami de FES depuis le début des années 2000, est l’invité
d’honneur de Boggamasta. Vermeersch
et Bovée se partagent d’ailleurs les dix titres. Boggamasta commence avec (« The Rule of The Mule »), qui
imite un réveil plutôt burlesque : stridences de la guitare, auxquelles
répond un chœur énergique sur des bruits de natures, le chant du coq, un
discours déformé et lointain… Ensuite, la musique décolle et, en dehors de « Coisi
Miniti », une ronde folk aux parfums de balade western, tous les morceaux sont
survoltés. Dans Boggamasta, la guitare
complète la palette sonore du Flat Earth Society : envolées de guitar hero
(« Sing Hallelujah »), phrases planantes (« Slave »), traits rocks (« Boggamasta »)… La
voix, passée au vocodeur, accompagne quasiment tous les morceaux et renforce le
côté underground (« The Prince of All »), avec un petit côté vintage
(« From Darkness To Light »), sans oublier l’humour (« Confiscated
Song »). Quant à la rythmique, elle navigue entre rock underground (« Sing
Hallelujah ») ou noisy (« The Prince of All »), soul (« boggamasta »),
dance floor (« Da Beava »), groove (« Slave »), mais toujours
placée sous le signe du funk (« Confiscated Song »). Fidèle à sa
réputation, l’orchestre joue frénétique (« From Darkness To Light »),
grouille dans un esprit swing foutraque (« Sing Hallelujah »), s’ébat
sur des arrangements à la Henry Mancini
(« Da Beava »), foisonne dans une ambiance cirque (« The Prince
of All »), bouffonne dans une atmosphère tibétaine (« Slave »)… enfin,
il s’amuse quoi !
Flat Eearth Society envoie valdinguer les sons et les
rythmes dans tous les sens : jazz, rock, funk, soul… Un véritable
orchestre Dada !