30 avril 2016

Sun Dew, Laborie et La Fonderie

Un sextet berlinois, un label limousin et un studio malakoffiot s’unissent pour une soirée de répétition générale avant l’enregistrement d’un disque…

Violoniste formée au Conservatoire de Tour, Héloïse Lefebvre est désormais installée à Berlin. En 2012, elle crée Please Spring! en compagnie du guitariste Paul Audoynaud. En 2015, le duo donne naissance au sextet Sun Dew, avec Liron Yariv au violoncelle, Johannes Von Ballestrem au piano, Paul Santner à la contrebasse et Christian Tschuggnall à la batterie, Sun Dew se produit le vendredi 15 avril dans le studio La Fonderie à Malakoff, où il va enregistrer son premier opus, du 16 au 21, pour le label Laborie. Lefebvre apprend également au public qu’elle joue sur un violon Fabien Gram – présent dans la salle – et que celui du concert a été signé par Yehudi Menuhin


Créé en 2006, le label Laborie s’attache à découvrir et enregistrer des jeunes musiciens qui, depuis, ont fait leur chemin : Anne Paceo, Perrine Mansuy, Shai Maestro, Paul Lay, Yaron Herman, Michel Reis, Elodie Pasquier… En 2015, Laborie s’associe à la Mutualité Française Limousine pour renforcer ses activités tout en maintenant sa ligne éditoriale.

Sextan et Pee Wee, deux sociétés de production, d’enregistrement et d’ingénierie sonore, fusionnent en 2000 et s’installent à Malakoff. C’est dans les locaux où fut notamment moulé Le Penseur que Sextan ouvre le studio La Fonderie en 2005. Le studio est une grande pièce de cent cinquante mètres carrés à l’acoustique impeccable et qui peut se transformer en salle de concert. La Fonderie a vu naître plus de trois cent disques et défiler Yves Rousseau, Jean-Marie Machado, Ricardo Del Fra, François Couturier, l’ONJ, Ahmad Jamal… et bien d’autres encore, dont Sun Dew.

Le programme du concert comporte sept morceaux signées ou cosignées Lefebvre et Audoynaud. La prise de son surexpose légèrement la section rythmique, ce qui place le violon et le violoncelle en arrière-plan. Les thèmes sont délicats et mélodieux (« Le Mexicain »), souvent énoncés à l’unisson par le violon et la contrebasse (« L’écho du songe »). Sur fonds de batterie musclée, entre jazz (« Les méandres ») et rock (« Clint »), les développements sont variés, même au sein d’un morceau (« Les méandres »), avec un côté cinématographique (« Tones From The Backwods »). Sun Dew glisse des traits pop (« Le Mexicain »), des tourneries folk (« Le Penseur »), des bruitages électro dans un esprit musique contemporaine (« Clint »), mais aussi des accents de rock progressif (« Clint »), quelques traces orientales (« Tones From The Backwods »), « tango destroy » (« Black trash ») et, bien sûr, manouches (« Les méandres »). Tschuggnall possède un drumming plutôt énergique (« Le Mexicain »), voire binaire (« L’écho du songe »). La basse de Santner est carrée et solide (« Les méandres »). Von Ballestrem est volontiers lyrique (« Black Trash »), mais se montre aussi plein de swing (« Le Mexicain »). Audoynaud apporte une touche folk prononcée (« Tones From The Backwods »), souligne subtilement le discours de ses collègues (« L’écho du songe ») et se charge de la plupart des effets électro  (« Clint »). Yariv soutient en chœur le violon et prend un chorus a capella dans un style baroque (« Clint »). Lefebvre n’accapare jamais la vedette et fait circuler la musique (« Clint »), utilise sa virtuosité sans esbroufe (« Les méandres ») et son discours fluide est constamment expressif (« Le Mexicain »).


Loin de se cantonner au répertoire violon-jazz habituel (manouche, swing, fusion ou avant-garde), la musique de Sun Dew part vers des horizons multiples et réussit à trouver une voie personnelle prometteuse…

Note : les titres ont été accrochés au vol et peuvent donc comporter quelques imprécisions…