23 janvier 2019

Rebirth Reverse – Fabrice Martinez Chut !


Deux ans après l’électrique et décapant Rebirth, Fabrice Martinez et son quartet Chut ! sont de retour avec Rebirth Reverse, qui sort le 25 mai 2018 chez ONJ Records. Dans ce double vinyle, Chut ! met en regard Rebirth, enregistré aux Studios Ferber, et sa version exclusivement acoustique, enregistrée dans la chapelle Saint-Philippe à Meudon.

Créé en 2005 par Martinez, Chut ! rassemble Fred Escoffier au piano et aux claviers, Bruno Chevillon à la basse et à la contrebasse, et Eric Echampard à la batterie. Si « Devant la colline » et « Derrière la colline » ont été composés par Escoffier, les quatorze autres morceaux sont signés Martinez.

Rebirth s’appuie sur des mélodies intimistes (« Devant la colline »), plutôt tranquilles (« Prune Reverse »), majestueuses (« Aux cendres Reverse ») ou sombres (« Nino Reverse »), et plus rarement flamboyantes (« Roots Reverse »). Les développements flirtent avec la musique contemporaine (« Rebirth Reverse »), le minimalisme (« P and T Reverse »), mais ils s’inscrivent surtout dans la lignée d’un jazz moderne, tendu et interactif (« Smity Reverse »). Des cymbales subtiles (« Rebirth Reverse »), des peaux frémissantes (« Aux cendres Reverse »), des motifs sobres (« Devant la colline »), une énergie contrôlée (« Nino Reverse ») et un swing contagieux (« Roots Reverse ») : Echampard a laissé sa panoplie de cogneur au vestiaire ! Chevillon fait chanter sa contrebasse (« Smity Reverse »), déroule des riffs entraînants (« Nino Reverse »), des phrases mélodieuses (« Rebirth Reverse ») et des lignes dépouillées, mais vives (« Prune Reverse »). Entre crépitements avant-gardistes (« Rebirth Reverse »), dissonances contemporaines (« Devant la colline »), clins d’œil (citation latine dans « P and T Reverse »…), soutien rythmique vigoureux (« Prune Reverse »), ostinato trapu (« Nino Reverse »)… Escoffier est le véritable libéro de l’équipe. Martinez alterne interventions lointaines (« P and T Reverse »), discours chaloupés (« Roots Reverse »), réponses élégantes (« Prune Reverse »), passages fragiles (« Devant la colline »), envolées solennelles (« Aux cendres Reverse ») et se montre toujours d’une expressivité à fleur de piston (« Smity Reverse »).

Si Rebirth, le recto électrique, frôle le dance floor, Rebirth Reverse, le verso acoustique, suit le chemin d’un jazz de chambre contemporain...