12 novembre 2015

Anima – Arnault Cuisinier

Anima
Arnault Cuisinier
Jean-Charles Richard (ss), Guillaume de Chassy (p), Arnault Cuisinier (b) et Fabrice Moreau (d)
Mélisse – MEL666018
Sortie le 6 octobre 2015

En 2008, Arnault Cuisinier monte un quartet avec Jean-Charles Richard au saxophone soprano, Guillaume de Chassy au piano et Fabrice Moreau à la batterie. Il enregistre Fervent, pour Laborie, en 2010 et récidive en 2015, avec Anima, chez Mélisse.

Entre Benjamin Moussay (Mobile, Swimming Pool), de Chassy (Silences), Edward Perraud (Synaesthetic Trip), ses expériences latines (Alborada), les ensembles de musique vocale contemporaine… Cuisinier n’hésite pas à larguer les amarres pour explorer des territoires musicaux éclectiques s’il en est !

Concis et denses – en moyenne moins de cinq minutes – les onze morceaux sont signés Cuisinier. Par ailleurs, le contrebassiste a confié la production et la direction artistique d’Anima à Edouard Ferlet.  

Cuisinier écrit avant tout pour le quartet : unissons élégants (« Anima »), mouvements solennels (« Psaume »), thèmes mystérieux (« Credence »), envolées lyriques (« Persona »), tourneries enlevées (« Windows of Bliss »), développements contemporains (« Song Y »), passes à trois (« Archétypes »)… Moreau se montre tour à tour minimaliste (« Song Y »), foisonnant (« credence »), mélodieux (« Archétypes »), emphatique (« Psaume ») et balance toujours subtilement (« Beliefs »). De Chassy alterne accompagnements modernes (« Anima ») et passages quasi romantiques (« Persona »), parsemés de jeux rythmiques à base d’ostinatos (« Credence »), de riffs (« Beliefs »), de motifs sourds (« Non Sense ») ou, au contraire, de cliquetis aigus (« Song Y »). Avec sa sonorité nette et veloutée, le soprano de Richard renforce encore davantage l’élégance du quartet (« New Earth »). La douceur de ses phrases contraste avec la rythmique virulente (« Non Sense »), ses phrases aériennes survolent les fourmillements rythmiques (« Credence »)… Cuisinier navigue tantôt du côté de la mélodie, à l’unisson du piano (« Anima »), en solo (« Persona ») ou en contrepoints (« Song Y »), tantôt du côté de la section rythmique avec des lignes entraînantes (« Non Sense »), des pédales mates (« Le prophète ») et des traits profonds (« Archétypes »). L’archet se fait souvent énigmatique (« Credence »), mais aussi majestueux (« Psaume ») et lyrique (« Song Y »).

Spirituel, intime et d’une grande cohérence, Anima porte bien son titre. Si la musique du quartet est soignée et structurée, elle n’en reste pas moins d’une vitalité stimulante…