24 octobre 2016

Dreamers – Sébastien Texier Quartet

Dreamers
Sébastien Texier Quartet
Sébastien Texier (as, cl, acl), Pierre Durand (g), Olivier Caudron (org) et Guillaume Dommartin (d)
Cristal Records – CR 240
Sortie en avril 2016

Voilà plus de vingt ans que Sébastien Texier écume les clubs, salles de concert et autres festivals. En 2003, il sort son premier disque, Chimères, en quintet avec Alain Vankenhove, Gueorgui Kornazov, Nicolas Mahieux et Jacques Mahieux. Suivent, en 2009, Don’t Forget You Are An Animal, avec Chaude Tchamitchian et Sean Carpio, puis, en 2013, Toxic Parasites, avec Vankenhove, Bruno Angelini, Frédéric Chiffoleau et Guillaume Dommartin. Pour Dreamers, publié en avril 2016 chez Crystal Records, Texier a constitué un quartet sans contrebasse, avec Pierre Durand à la guitare, Olivier Caudron à l’orgue et Dommartin à la batterie.

Tous les thèmes sont de Texier, sauf « Cape Code » signé Caudron. Comme l’indique le saxophoniste dans les notes de la pochette, « le fil de ces nouvelles compositions est le rêve » : la Nouvelle-Orléans (« Let’s Roll »), clin d’œil à Durand (Chapter 1 : Nola Improvisations), Ornette Coleman (« Dreaming With Ornette »), la solidarité (« Silent March »), l’amitié (« Friendship »), la douceur (« Smooth Skin »), l’équilibre (« Crest Waves »), les paysages (« Cape Cod »)…

Modernes (« Crest Waves »), tendues (« Friendship »), touchantes (« Silent March »), aériennes (« Dreamers »), tranquilles (« Smooth Skin »)… Texier peaufine ses mélodies, qui s‘inscrivent souvent dans un style néo-bop (« Let’s Roll »). Avec une belle sonorité qui rappelle Art Pepper (« Dreaming With Ornette »), Texier navigue dans les eaux d’un hard-bop tendu (« Friendship ») pimenté de dissonances (« Crest Waves »), mais il sait aussi jouer le blues (« Let’s Roll ») avec une mise en place parfaite (« Silent March ») et des ballades qui valsent joliment (« Cape Cod »). A l’aise et impliqué dans n’importe quelle situation, Durand met le son rock bluesy de sa guitare au service de « Let’s Roll », endosse le rôle du guitar hero à la Carlos Santana (« Silent March »), joue des lignes planantes dans « Dreamers », souligne subtilement le discours de l’alto (« Silent March »)… Le son churchy de l’orgue de Caudron renforce l’ambiance bluesy (« Let’s Roll »), ses nappes d’accords (« Cape Cod ») et autres ostinatos (« Dreamers ») mettent en relief les dialogues du saxophone ou de la clarinette et de la guitare. La majesté de l’orgue ajoute également de l’emphase à « Silent March », qui prend des allures de marche solennelle. Quant aux walking de la main gauche de Caudron (« Friendship »), elles se couplent aux chabada énergiques de Dommartin (« Crest Waves »). Marqué par le swing du bop, Dommartin possède un jeu varié : un drumming touffu (« Let’s Roll »), des bruissements subtils des balais (« Cape Cod »), des roulements furieux (« Friendship »), des cliquetis fébriles (« Dreaming With Ornette »)...  

Dans Dreamers Texier et son quartet continuent d’explorer avec cohérence un néo hard bop marqué par le free, une musique pleine de vitalité et de personnalité.