29 janvier 2018

Sleight of Hand – NYSQ

Le New York Standard Quartet existe depuis une douzaine d’années et Sleight of Hand est le troisième disque enregistré pour Whirlwind Recordings, après The New Straight Ahead (2014) et Power of 10 (2015), mais c’est le sixième album du quartet, qui avait déjà sorti Live in Tokyo en 2008, UnStandard en 2011 et Live at Lifetime en 2013.

NYSQ s’appuie sur l’un des piliers de Whirlwind Recordings, le saxophoniste Tim Armacost, et sur une section rythmique constituée de David Berkman au piano, Daiki Yasukagawa à la contrebasse et Gene Jackson à la batterie. En dehors d’une courte parenthèse avec Michael Janish à la contrebasse, l’équipe n’a pas changé depuis la création du quartet.

Côté répertoire, le nom du groupe affiche la couleur : NYSQ reprend essentiellement des standards. Sleight of Hand ne déroge pas à la règle. En dehors du morceau éponyme proposé par Berkman, les sept autres titres sont dans le Real Book : « Soul Eyes » composé par Mal Waldron en 1957 pour Interplay for 2 Trumpets and 2 Tenors, avec John Coltrane, qui reprendra d’ailleurs ce titre en 1962 (Coltrane) ; « Ask Me Now » de Thelonious Monk (1951) ; l’indémodable « In A Sentimental Mood », écrit par Duke Ellington en 1935 ; « I Fall In Love Too Easily », un tube de Frank Sinatra, créé par Jule Styne et Sammy Cahn en 1945 pour le film Escale à Hollywood ; « This I Dig of You » que Hank Mobley a enregistré pour Blue Note en 1960 dans l’album Soul Station ; « Detour Ahead » que Herb Ellis, John Frigo, et Lou Carter ont arrangé en 1947 pour The Soft Winds, l’orchestre de Jimmy Dorsey ; Sleight of Hand se referme sur « Lover Man », saucisson de 1941 signé Jimmy Davis, Roger Ramirez et James Sherman.

L’architecture des morceaux respecte à la lettre la structure du be-bop : thème – solos – thème. D’une durée moyenne de sept minutes, les solistes ont tout leur temps d’exprimer leurs sentiments. Après des introductions courtes (« Ask Me Now »), les mélodies sont exposées par le saxophone ténor (« Soul Eyes »), souvent à l’unisson avec le piano (« Sleight of Hand »), puis les morceaux se déroulent, énergiques (« Sleight of Hand ») ou calmes (« Detour Ahead »). La batterie de Jackson est luxuriante (« Soul Eyes »), ses stop-chorus foisonnent (« Sleight of Hand ») et ses solos explosent (« I Fall in Love too Easily »), mais son chabada reste inaltérable (« This I Dig of You »). La walking de Yasukagawa est impressionnante de précision et de régularité (« Sleight of Hand ») : le plus souvent imperturbable (« Soul Eyes »), la contrebasse se montre également inventive dans ses solos (« This I Dig of You ») et sait aussi jouer à l’économie (« In a Sentimental Mood »). Berkman passe de lignes d’accords fermes (« Ask Me Now ») à des contre-chants denses (« I Fall in Love too Easily »), et ses développements s’inscrivent en plein dans la lignée bop (« Sleight of Hand »). Sonorité droite et claire, parfaitement à son aise dans cette ambiance bop (« In a Sentimental Mood »), le ténor d’Armacost reste dans le main stream (« Sleight of Hand ») avec des velléités « coltraniennes » (« This I Dig of You »), époque hard-bop, tandis que son soprano enrichit la palette du quartet pour des morceaux cool (« I Fall in Love too Easily ») ou bop (« Lover Man »).

Sleight of Hand ne vole pas son titre : le NYSQ possède clairement le tour de main pour interpréter le répertoire be-bop !

Le disque

Sleight of Hand
NYSQ
Tim Armacost (ss, ts), David Berkman (p), Daiki Yasukagawa (b) et Gene Jackson (d).
Whirldwind Recordings – WR4704
Sortie en avril 2017

Liste des morceaux

01. « Soul Eyes », Waldron (09:28).
02. « Ask Me Now », Monk (07:38).
03. « In a Sentimental Mood », Ellington (03:29).   
04. « Sleight of Hand », Berkman (07:54).   
05. « I Fall in Love too Easily », Styne & Cahn (05:33).       
06. « This I Dig of You », Mobley (07:48).    
07. « Detour Ahead », Carter, Ellis & Frigo (08:04).
08. « Lover Man », Davis, Ramirez & Sherman (07:41).

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