25 mai 2013, par Bob Hatteau
Roots Quartet à L’Improviste
En septembre 2012 Pierre Durand sort un disque en solo, Chapter One: NOLA Improvisations, enregistré à La Nouvelle Orléans et publié chez Les disques de Lily. A la suite de ce disque, entre le 30 novembre 2012 et le 26 avril 2013, Durand est en résidence àL’Improviste pour une série de sept concerts.
Le guitariste reprend le répertoire de NOLA Improvisations avec Sébastien Texier et Christophe Marguet, improvise surSteamboat Bill Jr. avecRichard Bonnet, joue des standards avec Patrick Laroche et Esteban Pinto Gondim, s’aventure dans les musiques indiennes avecGuido Zorn et donne trois concerts avec le Roots Quartet : le premier basé sur les thèmes deNOLA Improvisations et les deux autres, intitulés « 60 ans de cinéma », sur des musiques de films.
Une péniche à grains Freycinet de trente-huit mètres transformée en club de jazz, ce n’est pas banal… Amarré quai de l’Oise, sur le canal de l’Ourcq et ouvert début 2012, L’Improviste peut accueillir autour de cent trente spectateurs assis. Aménagée dans la cale, la salle est toute en longueur, avec un bar à l’entrée, une petite scène et une acoustique homogène. Le pont supérieur est partagé entre un bar et un restaurant, et le toit a été transformé en terrasse. Une mention particulière pour le restaurant du chef Jean-François Guy : un décor simple et agréable avec une belle vue sur le canal, un service sympathique
et souriant, et une carte soignée (excellent tartare de saumon et axoa de porc) à un prix raisonnable. Côté musique, commeJean-Luc Durban, le « capitaine » de L’Improviste, est guitariste de jazz, compositeur et enseignant, il soigne sa programmation : d’une pièce de théâtre musicale (A Love Supreme) à une exposition de photos (Christian Taillemite), sans oublier la musique, bien entendu ! La jam session hebdomadaire côtoie des concerts de qualité : le public a pu écouter aussi bien Stephan Oliva que Franck Vaillant, Sylvain Kassap, le Cube d’Alban Darche, Jeanne Added, Matthieu Donarier… ou encore Angelo Delbarre, David El-Malek, Alain Jean-Marie, Claudia Solal et… Durand !
et souriant, et une carte soignée (excellent tartare de saumon et axoa de porc) à un prix raisonnable. Côté musique, commeJean-Luc Durban, le « capitaine » de L’Improviste, est guitariste de jazz, compositeur et enseignant, il soigne sa programmation : d’une pièce de théâtre musicale (A Love Supreme) à une exposition de photos (Christian Taillemite), sans oublier la musique, bien entendu ! La jam session hebdomadaire côtoie des concerts de qualité : le public a pu écouter aussi bien Stephan Oliva que Franck Vaillant, Sylvain Kassap, le Cube d’Alban Darche, Jeanne Added, Matthieu Donarier… ou encore Angelo Delbarre, David El-Malek, Alain Jean-Marie, Claudia Solal et… Durand !
Le concert du 26 avril est consacré aux « 60 ans de cinéma » avec le Roots Quartet. Durand a créé cette formation en 2012, avec Hugues Mayot aux saxophones et clarinettes, Zorn à la contrebasse et Joe Quitzke à la batterie. Après avoir repris trois morceau de NOLA : Improvisations (« When I Grow Too Old To Dream » d’Oscar Hammerstein II et Sigmund Romberg, « Emigré » et « Who The Damn’ Is John Scofield ») en solo, les quatre musiciens interprètent des thèmes tirés de six films et, en rappel, « Le regard des autres », une composition du quartet. Un programme passionnant pour plus de deux heures de musique !
Durand a choisi des films policiers américains qui vont de 1951 à 1973 avec : Le Fleuve (1951), unique film américain et premier film en couleur de Jean Renoir, avec sa musique indienne si caractéristique ;La nuit du chasseur (1955) de Charles Laughton, avec Robert Mitchum et une musique composée par Walter Schumann ; Klute(1971) d’Alan J. Pakula, avec Jane Fonda et Donald Sutherland, et une bande-son signée Michael Small, qui collabore à neuf reprises avec Pakula ; Dirty Harry (1971) de Don Siegel, avec Clint Eastwood, et l’incontournable compositeur de tubes Lalo Schifrin (Mission impossible, Starsky et Hutch, Mannix…) ; Jeremiah Johnson (1972) deSydney Pollack, avec Robert Redford et la musique de John Rubinstein (fils du pianiste…) et Tim McIntire ; et Le privé (1973) deRobert Altman avec la bande originale de John Williams, autre monument de la musique de films (Star Wars, Les dents de la mer,Superman, Harry Potter…).
Voir jouer Durand est déjà un spectacle en soi : le guitariste vit sa musique à fond et elle en devient aussi expressive que lui… à moins que ce soit l’inverse ! Comme dans NOLA: Improvisations, les trois morceaux joués en solo sont construits sur des successions de phrases qui donnent l’impression qu’il y a plusieurs voix (« When I Grow Too Old To Dream »). Impression encore renforcée quand Durand joue avec un ticket de métro coincé sous ses cordes : une sonorité métallique (comme une sanza) répond aux cordes graves de la guitare (« Emigré »). Dans « Who The Damn’ Is John Scofield », Durand utilise même une pédale pour enregistrer un riff de basse entraînant et un rythme frappé sur la guitare, sur lesquels il joue une ligne mélodique. Durand intègre également volontiers des phrases bluesy bien senties (« Who The Damn’ Is John Scofield »).
Pleine de rebondissements, la musique du Roots Quartet tient le public en haleine… comme un polar ! D’ailleurs ils manient le suspense avec brio : dans « La nuit du chasseur », par exemple, le morceau démarre dans ambiance dense et mystérieuse à base de bruitages, puis un ostinato entêtant de la guitare et de la contrebasse fait monter la tension, soutenue par les interventions colorées de la batterie et la mélodie délicate de la clarinette, le tout débouche sur un dialogue bluesy entre la guitare et le ténor.
L’expressivité de la musique du quartet est également un élément qui entretient le suspense. A la fin de « La nuit du chasseur », Quitzke joue un solo qui alterne la sonorité éclatante des gongs et le son mat des peaux, pour finir par une marche solennelle et tonitruante qui évoque les tambours indiens et sur laquelle le quartet scande un chant indien. Autre astuce qui rapproche la musique des films et produit un effet très figuratif : Durand diffuse des extraits de dialogues ou de chants tirés des films, comme dans « Jeremiah Johnson » ou « Dirty Harry ».
Chaque morceau se développe dans un climat qui lui est propre : le mystère pour « La nuit du chasseur », les années soixante-dix pour « Dirty Harry » (tambourin compris !), les brass bands pour « Le regard des autres », la mélancolie pour « Le privé »… Mais les musiciens s’écartent de ces climats et introduisent des passages aux ambiances disparates, à l’instar des scènes d’un film. « Jeremiah Johnson » est caractéristique : un démarrage étiré avec des contrepoints de la guitare et de la clarinette, bientôt rejoints par une ligne de contrebasse à l’archet ; dans le premier développement, la guitare et la contrebasse jouent un ostinato accompagnées par le jeu touffu de la batterie, qui souligne aussi les phrases sinueuses du ténor, auxquelles succèdent celles de la guitare qui ajoute quelques touches bluesy et culmine dans un délire de guitar hero ; retour à une ritournelle étirée pour laisser la place à un solo mélodieux de la contrebasse ; après un extrait de la ballade de Jeremiah Johnson, le quartet enchaîne sur un passage entraînant qui navigue entre rock, blues et free et qui conclut le morceau.
Le Roots Quartet privilégie le jeu de groupe plutôt que la mise en avant de solistes. Dans « Dirty Harry », les roulements serrés sur la cymbale, le riff de la basse et le tambourin qui passe des mains de Mayot à celles de Durand au cours du morceau, l’ostinato de la guitare, le ténor qui surfe sur les boucles, Durand qui joue dans ou en dehors des motifs rythmiques, les unissons dissonants et les contrechants planants accentués par les clochettes de Quitzke… tout l’équilibre de la musique repose sur des interactions étroites entre les musiciens et l’énergie que dégage le groupe du début à la fin.
Tendue, expressive et vivante, la musique du Roots Quartet est grisante… Vivement le disque !
20 mai 2013, par Bob Hatteau
Kyle Eastwood au Trianon
Pour la deuxième année consécutive, le Sunset / Sunside organise son festival : le Sunset Hors Les Murs. L’instigateur de cet événement, Stéphane Portet, propose une programmation éclectique : Jacky Terrasson, Stéphane Belmondo, Magic Malik, Stefan Rusconi, Laïka Fatien, Mina Agossi, Archie Shepp, Paolo Fresu, Paco Sery, Brian Blade… Comme l’indique le nom du festival, les concerts ne se déroulent pas dans le club de la rue des Lombards, mais dans des salles parisiennes plus grandes, à l’instar du New Morning, du Café de la danse, du Trianon ou encore de Roland Garros, qui troque ses balles pour des notes le temps de Jazz à Roland-Garros…
Le 23 avril 2013, dans le cadre du Sunset Hors Les Murs et à l’occasion de la sortie de The View From Here, Kyle Eastwood se produit auTrianon avec son quintet : Quentin Collins, qui remplace Graeme Flowers, à la trompette et au cornet, Graeme Blevins aux saxophones ténor et soprano, Andrew McCormack au piano et Ernesto Simpson à la batterie, au lieu de Martyn Kane.
L’histoire épique du Trianon mérite un paragraphe : à quelques encablures de Montmartre, au 80 du boulevard Rochechouart, le Trianon-Concert a été construit en 1894 pour des cafés concerts. Détruit par un incendie en 1900, la salle est reconstruite dans un style italien et le Trianon-Théâtre rouvre ses portes en 1902. De 1908 à 1935, Le Trianon est spécialisé dans l’opérette, puis dans le music-hall. En 1939 Le Trianon est transformé en cinéma : le Cinéphone Rochechouart. Jusqu’en 1992, il se consacre au cinéma populaire : séries B, péplums, capes et d’épées, westerns spaghetti, films de karaté et de kung-fu… s’y succèdent au grès des modes. A partir de 2010, entièrement rénové, Le Trianon propose des spectacles et concerts qui vont de la musique classique à la variété en passant par le jazz…
Le théâtre et ses mille et quelques places affiche quasiment complet. C’est un public bigarré, enthousiaste et bon enfant – comme dans les festivals de l’été – qui accueille Eastwood et ses compères. Visiblement content, Eastwood se prête au jeu et entretient cette ambiance sympathique : il introduit les musiciens et présente les morceaux en français. Sa musique et sa bonhommie seront d’ailleurs récompensées par une standing ovation…
Pendant près de deux heures, le quintet joue onze morceaux : « From Rio To Havana », « Scirocco », « Night In Senegal » et « Luxor » font partie de The View From Here ; le standard de Bob Haggart, « Big Noise From Winnetka », « Marciac » et « Café Calypso » sont au répertoire de Song From The Château (2011) ; « Samba De Paris » est puisé dans Metropolitan (2009) ; « Marrakesh » est une composition deParis Blues (2004) ; quant aux deux dernières compositions, elles sont tirés du film « Letters From Iwo Jiwa », co-écrites avec Michael Stevens et qui ont été interprétées pour le film éponyme par l’incontournable saxophoniste et chef d’orchestre de Clint Eastwood :Lennie Niehaus.
La structure des morceaux est calquée sur le be-bop : thème – solos – thème. Joués à l’unisson, les thèmes sont à la fois mélodieux et dissonants (« From Rio To Havana ») et souvent basés sur des motifs courts (« Luxor »). En dehors des deux extraits de « Letters From Iwo Jiwa », la musique du quintet est plutôt enlevée (« Scirocco »), voire dansante (« Café Calypso »). Collins démarre la plupart de ses chorus avec décontraction, puis fait monter la tension (« Samba de Paris ») et s’amuse volontiers avec les thèmes, comme dans « Big Noise From Winnetka » où, parti d’un bourdon qu’il fait monter progressivement, il joue avec « It Don’t Mean A Thing » de Duke Ellington... Digne héritier des saxophonistes hard-bop, Blevins a un jeu énergique (« Big Noise From Winnekta ») et ses dialogues avec Collins ne manquent pas de piquant (« Night In Senegal »). Blevins alterne des phrases sinueuses qui évoquent Joe Lovano (« From Rio To Havana ») et des passages tendus davantage dans le style de Sonny Rollins (« Café Calypso »). Au soprano, il a une sonorité douce et chaleureuse et reste dans un registre mélodieux (« Marrakesh »). Si, dans « Night In Senegal » et « Marciac », McCormack prend des solos dans un registre bop dynamique, avec une main droite particulièrement puissante, le pianiste est aussi un accompagnateur habile : introduction dans les cordes et accords mélodieux de « Marrakesh », contrepoints dans « Luxor », riff de « Scirocco », dialogue brillant dans « Letters From Iwo Jiwa »… Le jeu de Simpson est un subtil mélange de légèreté et de force. Ses lignes dansantes (« Café Calypso », « Marrakesh ») installent une bonne pulsation (« Big Noise From Winnekta ») et gardent le quintet sous tension (« Marciac »). Dans « Samba de Paris » ou « Night In Senegal », les chorus vigoureux de Simpson sont construits sur des roulements de tambours. Eastwood alterne avec beaucoup d’aisance contrebasse acoustique – la Czech-Ease Road Bass de David Gage – ou basses électriques – apparemment deux Gibson Bunny Brunel. D’une ligne groovy (« Scirocco ») à des riffs entraînants (« Samba de Paris »), en passant par une « running bass » énergique (« Big Noise From Winnetka ») et des phrases mystérieuses à l’archet (« Marrakesh »), Eastwood donne le la du quintet, mais laisse beaucoup d’espace à chacun des musiciens. Que les solos d’Eastwood soient véloces (« Scirocco »), s’inspirent de Jaco Pastorius (« Nigth In Senegal », « Letters From Iwo Jiwa ») ou penchent vers le funk (« Marrakesh »), ils montrent que le bassiste maîtrise tous ces vocabulaires avec une grande facilité.
Le quintet d’Eastwood joue dans une veine néo-bop, avec son lot de dissonances, d’influences funky, d’éléments de musique du monde… Une musique jouée par des interprètes émérites, souvent nerveuses et d’un charme indéniable.
Les musiciens
D’abord intéressé par le cinéma, Eastwood suit les traces de son père, comme acteur, et pratique la guitare en amateur dès son plus jeune âge. Dans les années quatre-vingts dix, il délaisse le septième art, travaile la basse électrique, puis acoustique, et se consacre au jazz avec son premier groupe, le West Quintet, qui écume la région de Los Angeles. Eastwood joue en studio, accompagne des vedettes de variétés, participe à des bandes originales de films, co-écrits ou compose pour le cinéma… En 1998, il enregistre son premier disque :From There To Here. Installé en France au milieu des années deux-mille, Eastwood a monté un quintet avec des musiciens issus de la scène anglaise.
Collins sort If Not, Then When? en 2007, un album en solo publié chez SunlightSquare Records. Dans la foulée il forme The QC/BA Quartet avec le saxophoniste ténor Brandon Allen et ils sortent un premier disque, What’s It Gonna Be?, en 2011. En dehors du quintet d’Eastwood, Collins a également joué avec Roy Hargrove, Jim Hart,Mulatu Astake etc. En parallèle il participe aussi à de nombreuses sessions avec des musiciens de variété comme Jeff Beck, Prince, Boy George, Alicia Keys ou encore Englebert Humperdink…
Formé à Perth et diplômé du West Australian Conservatorium of Music, Blevins partage d’abord sa carrière entre des orchestres symphoniques et des formations de jazz. Après avoir étudié à New York avec Chris Potter et Seamus Blake, il finit par s’installer à Londres où il joue aussi bien avec l’orchestre de la BBC que Manu Katché, Mark Turner, Eastwood… ou Kylie Minogue et Phil Collins… En 2012, il sortMonochrome en quartet.
McCormack s’est fait un nom avec son disque Telescope, sorti en 2006, mais aussi avec son duo avec le saxophoniste Jason Yarde. Le pianiste compose également pour des orchestres classiques (Heritage Orchestra, London Symphony Orchestra…), écrit des arrangements pour le cinéma et participe à de nombreux groupes, dont les quartets de Denys Baptiste et de Jean Toussaint.
Originaire de Cuba, Simpson débute sa carrière à Miami, puis la poursuit New York et accompagne moult musiciens, de Herbie Hancock à Ray Barretto, en passant par George Benson, Mike Stern,Mark Murphy… Basé à Londres, Simpson rejoint les groupes deRichard Bona et de Gonzalo Rubalcaba.
Le disque
The View From Here
Kyle Eastwood
Graeme Flowers (tp, bg), Graeme Blevins (ts, ss), Andrew McCormack (p), Kyle Eastwood (b, eb) et Martyn Kayne (dms)
Jazz Village – JV 570020
Sortie en mars 2013
Kyle Eastwood
Graeme Flowers (tp, bg), Graeme Blevins (ts, ss), Andrew McCormack (p), Kyle Eastwood (b, eb) et Martyn Kayne (dms)
Jazz Village – JV 570020
Sortie en mars 2013
Liste des morceaux
01. « From Rio To Havana », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:01).
02. « For M.E. », Eastwood, Flowers & McCormack (4:43).
03. « The View From Here », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (7:16).
04. « Sirocco », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:40).
05. « Luxor », Eastwood & McCormack (8:29).
06. « Une nuit au Sénégal », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:01).
07. « The Way Home », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:02).
08. « The Promise », Eastwood & McCormack (5:22).
09. « Mistral », Flowers (4:53).
10. « Summer Gone », Eastwood, Kaine & McCormack (4:48).
11. « Route de La Buissonne », Eastwood, Flowers & McCormack (5:18).
02. « For M.E. », Eastwood, Flowers & McCormack (4:43).
03. « The View From Here », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (7:16).
04. « Sirocco », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:40).
05. « Luxor », Eastwood & McCormack (8:29).
06. « Une nuit au Sénégal », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:01).
07. « The Way Home », Eastwood, Blevins, Collins, Flowers, Kayne & McCormack (6:02).
08. « The Promise », Eastwood & McCormack (5:22).
09. « Mistral », Flowers (4:53).
10. « Summer Gone », Eastwood, Kaine & McCormack (4:48).
11. « Route de La Buissonne », Eastwood, Flowers & McCormack (5:18).