Canto Negro – Henri Texier Nord-Sud Quintet
Depuis Amir, en 1975, que de pistes parcourues ! Henri Texier a promené sa contrebasse, ses compagnons, ses mélodies, ses rythmes… aux quatre coins d’un monde musical reconnaissable entre mille.
Marque des grands (Duke Ellington, Charles Mingus, John Coltrane,Wayne Shorter…), Texier construit son œuvre avec des groupes stables, composés de musiciens choisis davantage pour la cohérence musicale de l’ensemble que pour une quelconque notoriété individuelle. Canto Negrorassemble donc trois compagnons habitués des enregistrements avec le contrebassiste : Sébastien Texier, au saxophone alto et à la clarinette, présent dès 1995 dans Mad Nomad(s), Manu Codjia à la guitare et Christophe Marguet à la batterie, tous les deux aux côtés du contrebassiste depuis (V)ivre, en 2004.
Toujours prêt à jouer avec le nom de ses groupes - Azur, Sonjal, Mad Nomads, Respect, Strada, Red Route…- Texier a baptisé son nouveau groupe le Nord-Sud Quintet. Allusion évidente à l’axe Europe – Afrique, si chère au contrebassiste, mais aussi au nouveau venu qui se joint au « quartet historique » : Francesco Bearzatti . Ce saxophoniste ténor et clarinettiste basse venu d’Italie, dont on parle beaucoup en ce moment, vient de sortir le formidable X (Suite For Malcolm) avec sonTinissima 4tet. Son approche de la musique sans a priori – du free au rock en puisant, au passage, dans les musiques du monde et le jazz mainstream – et son jeu, cocktail de lyrisme nerveux et de créativité explosive, se fondent à merveille dans l’univers de Texier.
Autre marque de constance, tout à l’honneur de Texier : Label Bleu. En 1986, Michel Orier crée Label Bleu avec la Maison de la Culture d’Amiens et publie Paris-Batignolles, le premier disque de Texier pour ce label (suivront une quinzaine d’albums). Pourtant, en juillet 2007, après les difficultés financières qui ont contraint le successeur d’Orier, Pierre Walfisz, à démissionner, Label Bleu réduit la voilure au strict minimum (le site n’est même plus mis à jour) et finit par intégrer la Maison de la Culture d’Amiens. Ces mésaventures auraient pu décourager Texier, mais il n’en n’est rien : il a sorti sur le label Blue Wind Story (une compilation - 2008), Red Route Quartet (2009) et, aujourd’hui, Canto Negro, distribué par Sphinx Distribution .
Deux autres acteurs sont désormais indissociables de l’œuvre de Texier : le photographe Guy Le Querrec , maître es-déclics et notes depuis près de trente ans, et Philippe Teissier du Cros, qui bichonne le son des albums du contrebassiste depuis Mad Nomad(s) (1995).
Le Canto Negro s’articule autour de quinze chants, pour la plupart écrits par Texier (onze, dont un avec son fils : « Sueño canto »). Une habitude chez Texier : Bearzatti (« Bayou brume »), Codjia (« Tormentoso »), Marguet (« Tierra ocre ») et Sébastien Texier (« Rouge bayou ») interprètent chacun une courte pièce de leur cru. Dans Indian’s Week, Mad Nomad(s), Alerte à l’eau... ces « intermèdes » s’intercalent entre les morceaux et donnent aux albums des allures de suite, procédé qui n’est pas repris systématiquement dans Canto Negro.
Volontiers lyrique et sinueux, le son soyeux du saxophone alto de Sébastien Texier est toujours aussi ensorcelant, et n’est pas sans rappeler celui d’Art Pepper (« Sombre jeudi »). Une sonorité veloutée, un phrasé souple, des idées claires et précises : Sébastien Texier reste tout aussi impressionnant à la clarinette. Au ténor comme à la clarinette basse, Bearzatti nage comme un poisson dans l'eau dans ces ambiances rock folk jazz du monde : il joue de sa virtuosité sans jamais se complaire dans la démonstration, place ses envolées débridées et ses sauts d’intervalles avec beaucoup d’à propos, sait jouer « sale » quand il faut et remplit son rôle d’équipier avec enthousiasme. La guitare de Codjia apporte une touche free-rock au quintet. Son sens des couleurs est un atout précieux pour Texier : le guitariste passe d’accords puissants, quasi Heavy Metal, à des lignes mélodiques douces, d’effets de saturation à des solos éthérés. La sonorité très électrique de Codjia tranche avec la sonorité acoustique des autres instruments : ce contraste apporte une touche de modernité dans le son du quintet. Toujours élégants, inspirés et mélodieux, les solos de Texier s’écoutent avec beaucoup de plaisir. Ses lignes de basse et autres motifs rythmiques, d’un groove contagieux, dynamisent le quintet et mettent en relief les qualités des solistes. Marguet est d'une subtilité parfaite : son drumming reste aérien en toutes circonstances, même dans les passages binaires. Une mise en place impeccable, un swing pétulant, des tambours grandioses, une polyrythmie limpide et une énergie à revendre : Marguet est en complète symbiose avec les idées musicales de Texier.
Les traits caractéristiques de la musique de Texier marquent, bien entendu, ces « Black Songs » : évidence des mélodies (« Anda Compañeros »), clarté des constructions (« Ravine Gabouldin »), rythmes entrainants (« Tango Fangoso »), cohésion du groupe et modernité du son (alliage bien dosé d’acoustique et d’électrique - « Louisiana Dark Waters »). Dans la continuité de Mosaic Man (« Samba Loca »), d’Alerte à l’eau (« Mucho Calor ») etc. Canto Negro intègre des éléments de musique du monde (« Tango Fangoso »), mais aussi rock (« Louisiana Dark Waters », « Mucho calor ») et folk (« De nada »).
Ce Canto Negro / Chant Noir, « hommage à tous ces grands musiciens et créateurs africains ou d’origine africaine qui ont tant apporté et pas seulement à la musique », est un éloge splendide et émouvant pour « se souvenir, se rappeler, rappeler, s’appeler, appeler en ces temps ou certains voudraient faire rimer négritude avec turpitude ».
01. « Anda companeros » (01:05).
02. « Tango fangoso » (05:29).
03. « Bayou brume », Bearzatti (01:29).
04. « Tierra ocre », Marguet (01:25).
05. « Louisiana Dark Waters » (04:45).
06. « Tormentoso », Codjia (01:51).
07. « Mucho calor » (6:27).
08. « Sombre jeudi » (04:26).
09. « Rouge bayou », Sébastien Texier (01:06).
10. « De nada » (05:18).
11. « Samba loca » (06:31).
12. « Nigerian Sad Waters » (04:09).
13. « Ravine gabouldin » (05:08).
14. « Manatee Blues » (03:07).
15. « Sueno canto », & Sébastien Texier (05:16).
Tous les thèmes sont signés Texier, sauf indication contraire.
Les citations sont extraites du texte de la pochette, écrit par Henri Texier.
Piscine Molitor
A l’occasion des cinquante ans de la disparition de Boris Vian, en 2009, Christian Cailleaux et Hervé Bourhis ont publié une biographie dessinée : Piscine Molitor.
Après des études de lettres et de philosophie, Cailleaux rejoint l’École Nationale d’Art de Cergy. Les aventures d’Arthur Blanc-Nègre, inspirées de ses voyages en Afrique, sont ses premières bandes-dessinées, publiées chez Dargaud. De 2003 à 2005, il publie les trois volumes des Imposteurs, chez Casterman. En 2008, associé à l’acteur et écrivain Bernard Giraudeau, Cailleaux réalise une bande-dessinée consacrée à la vie de marin : R97, les hommes à terre. Passionné de musique, Bourhis s’est d’abord fait remarquer par Thomas ou le retour du Tabou, couronné par le prix Goscinny en 2002, puis le Petit livre rock, publié en 2007, chez Dargaud. Dessinateur et scénariste, Bourhis anime également des rubriques dans Spirou et Pilote, et travaille aussi pour le dessin animé.
Le scénario de Piscine Molitor est basé sur un long flash back : le 23 juin 1959, à 9:00, Vian, atteint d’une insuffisance aortique, va nager dans la piscine Molitor. Un regard dans la glace de la cabine de change et il voit son passé défiler. Les auteurs racontent la vie du musicien, écrivain, poète, chanteur, critique… dans l’ordre chronologique, avec des retours à la piscine Molitor, où Vian fait ses longueurs.
La biographie commence par l’évocation de la jeunesse de Vian à Landemer, dans le Cotentin, dans une famille soudée et heureuse. Vian reste profondément marqué par la ruine de son père : rentier jusque là, Paul Vian devient représentant de commerce pour le laboratoire d’homéopathie, l’Abbé Chaupitre. La famille doit déménager dans la maison du gardien et les « Fauvettes » sont louées à la famille Menuhin : c’est le début d’une longue amitié entre Yehudi et Boris. Cailleaux et Bourhis décrivent la passion de Vian pour le jazz. C’est au Cercle Legâteux, « société secrète culturelle », qu’il fait ses premières armes, avec son frère, guitariste. La cérémonie d’intronisation est pour le moins cocasse et la société s’est choisie Bix comme mot de passe. Une allusion à Bix Beiderbecke, trompettiste qui a marqué Vian, et dont il a d’ailleurs traduit la biographie romancée, écrite par Dorothy Baker (Le jeune homme à la trompette). Suivent ensuite les surprises-parties, les premiers émois amoureux, la débâcle, le refuge à Capbreton… Vian commence à consacrer la plupart de son temps à l’écriture et aux soirées de jazz. Il se lie d’amitié avec le Major –Jacques Loustalot – et Michelle Léglise, qui devient sa femme en 1941. Installé à Paris, Vian trouve un emploi alimentaire à l’AFNOR, mais « Bison Ravi » (anagramme de son nom) s’intéresse chaque jour d’avantage au jazz. A la libération, nouveau coup dur : son père est assassiné par les FFI. L’écume des jours assure à Vian un succès auprès du public et des intellectuels. C’est la grande époque de Saint-Germain-des-Prés avec Juliette Greco, Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau et… le jazz, au Tabou. La fin des années 40 et le début des années 50 sont des années noires pour Vian : en 1948, le Major meurt accidentellement ; en 1949, Michelle devient la maîtresse de Sartre et le couple divorce ; en 1950, Vian est condamné pour outrages aux mœurs à cause de J’irai cracher sur vos tombes, malgré les interventions d’André Berry et de Queneau… Censuré, lâché et poursuivi par le fisc, Vian vivote sous les toits de traductions diverses, soutenu par Pouche (surnom affectueux de sa mère). Heureusement, le jazz est là : les chroniques dans Jazz Hot, le Tabou, les concerts avec son frère Alain, la « trompinette », nom qu’il donnait à sa trompette de poche… Vian retrouve aussi la joie de vivre avec Ours, alias Ursula Kübler (danseuse, actrice et sœur du célèbre coureur cycliste suisse Ferdi), qu’il épouse en 1954. Cailleaux et Bourhis rappellent également les liens de Vian avec Saint-Tropez, qui n’était pas encore à la mode. Vient ensuite le scandale de la chanson « Monsieur le Président », huée par la foule, mais qui marque les esprits, notamment celui du jeune Serge Gainsbourg, pour qui cette chanson est une révélation. La fin de Piscine Molitor est un retour au 23 juin 1959 : Vian sort de la piscine et va assister à la première du film tiré de J’irai cracher sur vos tombes, au cinéma Le Marbeuf. Il meurt d’une crise cardiaque peu après le début de la projection.
Piscine Molitor embrasse l’ensemble de la carrière prolifique et protéiforme de Vian. Les auteurs insistent sur l’importance de la musique dans la vie de Vian et décrivent les faits principaux qui ont lié Vian et le jazz.
Les traits des dessins sont fins et anguleux, les ombres marquées et la mise en page reste sobre, avec un code de couleurs simple : les séquences à la piscine et la nuit se fondent souvent dans les bleus, le rouge incarne le jazz et les autres scènes sont en « lumière naturelle ».
A noter que Cailleaux et Bourhis ont confié la réalisation de la maquette à Philippe Ghielmetti, graphiste bien connu des amateurs de jazz, car il fût le fondateur de feu le regretté label Sketch.
Excellente introduction à la vie de Vian, Piscine Molitor donnera envie à tous les mélomanes de lire ou relire les remarquables chroniques du trompettiste et, à tous les lecteurs, d’écouter les trop rares enregistrements de l’écrivain…
Le livre
Piscine Molitor
Christian Cailleaux et Hervé Bourhis
2009
72 pages
Prix indicatif : 15 €
A lire pour aller plus loin…
Autres récits sur le Jazz
Boris Vian
Christian Bourgois Éditeur
1994
751 pages
Prix indicatif : 15 €
A écouter pour aller plus loin…
Jazz & Trompinette
Novembre 2006
Epm
A voir et entendre pour aller plus loin...
4 New Dreams!
Après des débuts dans le rock, Tocanne joue dans le Workshop deSteve Lacy et s’oriente vers le jazz. Le batteur tourne alors avec de nombreux musiciens : de Serge Lazarevitch à Sophia Samancich en passant par Laurent Dehors, Hugh Hooper, Anne Ducros, Antoine Hervé, Denis Badault… Tocanne anime différents groupes, dont New Dreams, I Overdrive, le trio Résistances etc. En parallèle il fonde le collectif imuZZic et son label, Instant Music Records (IMR), sur lequel est sorti 4 New Dreams!
Blaser apprend le trombone à neuf ans après avoir entendu une fanfare. Diplômé du conservatoire de la Chaux-de-Fonds, il joue dans des big bands qui accompagnent Phil Woods, Clark Terry, Buddy DeFranco... puis dans le Vienna Art Orchestra. A la fin des années 2000 Blaser part étudier au conservatoire de musique du Purchase College, à New York. Installé à Berlin, mais fréquemment aux États-Unis, le tromboniste anime un Quartet (Marc Ducret à la guitare,Bänz Oester à la contrebasse et Gerald Cleaver à la batterie), un Trio (Sébastien Boisseau à la contrebasse et Samuel Rohrer à la batterie), deux duos (l’un avec le batteur Pierre Favre, l’autre avec le pianisteMalcolm Braff) et se produit également en solo.
Après des études musicales à Villefranche sur Saône, le trompettisteGaudillat intègre le CNR de Lyon. A la fin des années 2000, il monte le trio Non Violence (Aurélién Masson à la guitare et Bice Berrerd à la contrebasse) et une fanfare de huit musiciens : Docteur Lester. Gaudillat rejoint imuZZic, et c’est le début d’une coopération au long cours avec Tocanne et Martin. Gaudillat compose aussi pour le théâtre (Orphée, Prince Papier) et travaille avec la Compagne de Lune (Françoise Casile).
A la contrebasse, Bates, canadien formé à l’université de Toronto, puis à la Banff International Jazz Workshop, joue aussi bien dans des groupes de punk, que de jazz, avec Nashoff, Cleaver, Greg Osby,Michael Sarin...
4 New Dreams! s’articule autour de dix morceaux et de deux interludes, tous composés par les musiciens du quartet : Bates et Gaudillat signent trois titres chacun, Tocanne s’associe à Blaser et à Gaudillat pour deux thèmes et le quartet propose deux pièces. La pâte Tocanne se reconnaît immédiatement et prend instantanément : une musique mélodieuse en toute liberté !
Avec deux soufflants, une contrebasse et une batterie, des mélodies dissonantes mais spontanées, une rythmique solide et bien balancée, la musique du quartet rappelle parfois celle d’Ornette Coleman(« Shape », « Pas si simple »). Ces nouveaux rêves plongent l’auditeur dans des ambiances mystérieuses (« Waiting For », « Interlude 2 »), solennelles (« Birthday Memorial », « Alicante »), familières (« Interlude 1 », « Van Gogh »), incantatoires (« Voodoo ») ou free (« In A Suggestive Way », « Le singulier au pluriel », « Le présent du vindicatif »). Les unissons, contrepoints et questions-réponses s’entrecroisent dans des dialogues savoureux.
Sonorité claire, phrasé élégant, solos aériens (« Van Gogh ») ou éclatants (« Voodoo »), le discours de Gaudillat abonde de contrastes (« Pas si simple »). Bates est aussi à l’aise dans les climats noisy et free (« In A Suggestive Way ») que dans les passages groovy (« Van Gogh »). Il se sert astucieusement du son velouté et chaleureux du trombone (« Birthday Memorial »), des rifs (« Voodoo ») et des effets wa-wa (« Pas si simple ») pour mettre en relief les propos de ses compagnons. Blaser possède un gros son grave et imposant. Il alterne une walking entraînante (« Van Gogh »), des rifs profonds (« Birthday Memorial »), des motifs sombres à l’archet (« Shape »)… Grâce à un jeu souple et mobile, Blaser s’adapte vite et bien à tous les environnements. Égal à lui-même, Tocanne fait chanter sa batterie : le touché léger (« Birthday Memorial ») ou la frappe lourde (« Voodoo »), les baguettes foisonnantes (« In A Suggestive Way », « Shape ») ou minimalistes (« Waiting For »), un pur chabada (« Interlude 1 ») ou des « tambours africains » (« Le singulier au pluriel »)…
Une fois de plus, Tocanne et son quartet font mouche : ces 4 New Dreams! transportent les auditeurs dans un monde musical personnel, créatif, sans concession et dans lequel chacun trouve son plaisir.
Le disque
4 New Dreams!
Rémi Gaudillat (tp), Samuel Blaser (tb), Michael Bates (b) et Bruno Tocanne (d).
2010
Instant Musics Records – IMR002
Rémi Gaudillat (tp), Samuel Blaser (tb), Michael Bates (b) et Bruno Tocanne (d).
2010
Instant Musics Records – IMR002
Liste des morceaux
01. « Birthday Memorial », Bates (6:36).
02. « In A Suggestive Way », Tocanne & Blaser (3:32).
03. « Van Gogh », Bates (5:12).
04. « Waiting For », Tocanne, Bates, Blaser & Gaudillat (5:12).
05. « Shape », Gaudillat (3:48).
06. « Alicante », Gaudillat (3:45).
07. « Interlude 1 », Bates, Blaser & Tocanne (1:40).
08. « Voodoo », Bates (7:03).
09. « Interlude 2 », Bates & Blaser (1:11).
10. « Le singulier au pluriel », Tocanne & Gaudillat (3:07).
11. « Pas si simple », Gaudillat (4:49).
12. « Le présent du vindicatif », Tocanne, Bates, Blaser & Gaudillat (2:14).
02. « In A Suggestive Way », Tocanne & Blaser (3:32).
03. « Van Gogh », Bates (5:12).
04. « Waiting For », Tocanne, Bates, Blaser & Gaudillat (5:12).
05. « Shape », Gaudillat (3:48).
06. « Alicante », Gaudillat (3:45).
07. « Interlude 1 », Bates, Blaser & Tocanne (1:40).
08. « Voodoo », Bates (7:03).
09. « Interlude 2 », Bates & Blaser (1:11).
10. « Le singulier au pluriel », Tocanne & Gaudillat (3:07).
11. « Pas si simple », Gaudillat (4:49).
12. « Le présent du vindicatif », Tocanne, Bates, Blaser & Gaudillat (2:14).