Give Me The High Sign - Denise King & Olivier Hutman
En 2011, Denise King et Olivier Hutman sortent NoTricks et, deux ans plus tard, ils récidivent avec Give Me The High Sign, toujours chezCristal Records. King et Hutman n’ont pas changé de section rythmique : Darryl Hall est toujours à la basse etSteve Williams à la batterie.Olivier Temime est, lui-aussi, présent sur les deux disques. La nouveauté, c’est l’arrivée de Stéphane Belmondo, qui vient épauler le saxophone ténor.
Côté répertoire, si No Tricks laisse la part belle aux standards (la moitié des douze titres), Give Me The High Sign privilégie les compositions d’Hutman, avec des paroles écrites par sa femme, Viana Wember-Hutman, ou King. A côté des huit morceaux personnels, le sextet interprète quatre standards. Les deux premiers ont composés en 1934 : « I Only Have Eyes For You » d’Harry Warren et Al Dubin, popularisé par The Flamingos en 1959, et « Blame It On My Youth » d’Oscar Levant et Edward Heyman, un thème prisé des musiciens de jazz : Keith Jarrett, Chet Baker, Art Farmer, George Shearing, Fred Hersch… pour n’en citer que quelques un ! S’ajoutent « Save The Children », le chant que Gil Scott-Héron a écrit en 1971 pour l’albumPieces Of A Man, et « Day Dream », morceau de 1941, signé Duke Ellington et Billy Strayhorn pour la musique et John La Touche pour les paroles.
Dans le registre medium – grave, King possède une tessiture ample (« The Things We Don't Want »), une voix plutôt chaude et ronde (« I Lost My Way »), un chant constamment mélodieux et expressif (« What Did They Say Today »,). Sa mise en place rythmique agile et précise assure un swing efficace et entraînant (« Don't Overact »). Davantage dans la lignée de Nancy Wilson que de Sarah Vaughan, King ne se lance pas dans des chorus de scat endiablés, reste proche des thèmes et se fait parfois doubler à l’unisson par un chœur pour épaissir son chant (« Mellow Mellow »). Au piano acoustique ou aux claviers, qu’il joue un ostinato funky (« Don't Overact »), des motifs vintage (« I Lost My Way ») ou un solo dynamique (« Night Vision »), Hutman met avant tout son élégante sobriété et sa science de l’accompagnement au service de la chanteuse, à l’instar de la ligne cristalline de « Day Dream », écrin soigné pour la voix profonde de King. Les soufflants jouent bien entendu le rôle d’une section funky : rifs chaloupés, unissons flatteurs, chœurs dansants… (« Don't Overact », « Give Me The High Sign »). Leurs chorus sont plutôt courts et énergiques : Belmondo surfe sur ce hard-bop tonique qu’il connait si bien (« What Did They Say Today »), tandis que Temime s’envole vers des horizons funky avec des effets de shouter (« Save the children »). Hall et Williams forment une section rythmique vive et régulière (« Give Me The High Sign »). Leur groove tout en finesse, leur sonorité raffinée et la fluidité de leurs lignes rythmiques s’assortissent parfaitement avec le chant de King.
Give Me The High Sign propose un hard-bop funky qui fait la part belle aux mélodies et permet à King et Hutman de laisser retentir leur goût pour une musique dansante et gaie.
Les musiciens
King a grandi à Philadelphie et commencé par une carrière médicale en oncologie, menée en parallèle avec les gigs… En 1993, elle décide de se consacrer exclusivement à la musique. Elle est remarquée par le saxophoniste Sam Reed et apprend le métier auprès de musiciens tels que Butch Ballard, Jymie Merritt, Christian McBride… En 1999, King crée le Denise King Entertainment pour proposer des formations, des concerts etc. C’est en 2009, invitée par Hutman, que King s’installe à Paris et commence à tourner un peu partout en Europe.
Hutman commence par apprendre le piano classique, puis l’ethnologie musicale sous la direction de Jean Rouch. Au milieu des années soixante-dix, il crée Moravagine, en trio avec Denis Barbier et Mino Cinelu, puis Chute Libre, l’un des groupes précurseurs du jazz-rock en France. Dans les années quatre-vingt, Hutman accompagne Christian Escoudé, forme un trio avec Marc Bertaux et Tony Rabeson et sort son premier disque en 1984. A la fin des années quatre-vingt il fait partie du quartet d’Eric Le Lann, avant de rejoindre Barney Wilen. Les années quatre-vingts dix voient Hutman participer au quartet d’Alain Brunet, à Klezmernova, au groupe de Michel Perez… A partir de 2000, il tourne avec Williams, accompagne Anne Ducros, crée un quartet avec Jacques Schwarz-Bart, Hans van Oosterhout et Sal La Rocca etc. Très actif dans le domaine du cinéma et de la télévision, plus de deux cent musiques de films à son compteur, Hutman intervient également au Centre des Musiques Didier Lockwood.
Après avoir étudié la musique au Conservatoire de Marseille, où il obtient la médaille d’or de la classe de jazz, Temime joue aussi bien avec Wynton Marsalis que Daniel Humair, Steve Grossman,Emmanuel Bex ou Laurent de Wilde. Depuis le début des années 2000 il tourne et enregistre avec le groupe à géométrie variable qu’il a créé, les Volunteered Slaves.
Les percussions, la batterie, l’accordéon, pour finir par la trompette : Belmondo a appris la musique aux Conservatoires d’Aix-en-Provence et de Marseille, tout en écumant les bals avec l’orchestre familial. A quinze ans il forme, avec son frère Lionel, un premier quintet, composé de Philippe Milanta, Thomas Bramerie et Bruno Ziarelli, puis Vincent Séno. En 1986, aidé par Séno, Belmondo s’installe à Paris et devient l’un des piliers du Club Saint-Germain, futur Bilboquet. Grâce à René Urtreger, Belmondo a l’occasion de jouer avec une multitude de musiciens. En 1987, il rejoint le big band Lumière deLaurent Cugny et intègre le quintet de Pierre Boussaguet. A la fin des années quatre-vingts, Belmondo participe au groupe de jazz fusion Abus, de Pierrejean Gaucher. Michel Legrand l’engage dans son orchestre pour de nombreuses séances en studios. En 1993, Belmondo rejoint le trio de Dee Dee Bridgewater, puis s’installe à New York en 1995. Jusqu’à la fin des années quatre-vingts dix, Belmondo joue dans de nombreux clubs newyorkais, sans pour autant délaisser son quintet :Infinity sort en 1999 avec Lionel, Laurent Fickelson, Clovis Nicolas etPhilippe Soirat. De retour à Paris, Belmondo joue dans les groupes d’André Ceccarelli, Jean-Marc Jafet, Andy Emler, Sylvain Luc… et enseigne à l’IACP. En 2003, c’est le fameux Hymne au Soleil, disque consacré à des compositeurs français du XXe. L’année suivante Belmondo sort le premier disque sous son nom, Wonderland, autour des chansons de Stevie Wonder. En 2005, Influence rend hommage àYusef Lateef, qui rejoint pour l’occasion le quintet des frères Belmondo, aux côté de Fickelson, Sylvain Romano et Dré Pallemaerts. En 2009, les deux frères forment un sextet avec Milton Nascimento pour célébrer la musique brésilienne…
Originaire de Philadelphie, comme King, c’est en autodidacte que Hall apprend la contrebasse. Diplômé en marketing, il se tourne vers la musique en 1990. Il peaufine son apprentissage avec Tyrone Brown etGerald Price. Installé à New York, En 1995, il remporte le concours de basse du Thelonious Monk Institute. Disque en solo, Subtle Touch sort en 2000. Depuis 2004, Hall vit à Paris et joue avec de Wild, le Gypsie Planet d’Escoudé, le quintet de Flavio Botro, ou encore le quartet de David El-Malek et Baptiste Trotignon, avec Pallemaerts.
Après l’Interlochen Center For the Arts, Williams s’inscrit aux cours de percussions de l’Université de Miami. Il entame sa carrière dans la formation de Monty Alexander. A New York, il prend des cours avecBilly Hart, joue avec Clifford Jordan, Charles Davis… De retour à Washington – sa ville natale – Williams accompagne moult visiteurs :Milt Jackson, Freddie Hubbard, Gary Bartz, John Hicks, Mulgrew Miller… C’est dans le groupe de Gary Thomas qu’il commence à enregistrer ses compositions (« Pads »). Williams rejoint ensuiteShirley Horn et, avec Charles Ables, ils restent pendant plus de vingt-cinq aux côtés de la pianiste et chanteuse. Cette collaboration l’amène à jouer aux quatre coins du monde avec de nombreux musiciens. Après la mort de Horn, Williams retourne à New York, enseigne à la School of Drumming, tourne dans le nonet de Joe Lovano… et, en 2007, il sort New Incentive, premier disque sous nom.
Le disque
Give Me The High Sign
Denise King & Olivier Hutman
Denise King (voc), Olivier Temime (ts), Stéphane Belmondo (tp, bugle), Olivier Hutman (p, kbd), Darryl Hall (b) et Steve Williams (d).
Cristal Records – CR 209
Sortie en mars 2013.
Denise King (voc), Olivier Temime (ts), Stéphane Belmondo (tp, bugle), Olivier Hutman (p, kbd), Darryl Hall (b) et Steve Williams (d).
Cristal Records – CR 209
Sortie en mars 2013.
Liste des morceaux
01. « I Lost My Way », Hutman & Wember-Hutman (4:40).
02. « Don't Overact », Hutman & Wember-Hutman (4:06).
03. « Mellow Mellow », Hutman & King (4:54).
04. « Night Vision », Hutman & Wember-Hutman (4:32).
05. « I Only Have Eyes For You », Warren & Dubin (5:14).
06. « What Did They Say Today », Hutman & Wember-Hutman (4:54).
07. « The Things We Don't Want », Hutman & Wember-Hutman (5:49).
08. « Can You Do It? », Hutman & King (4:18).
09. « Blame It On My Youth », Oscar Levant & Edward Heyman (5:14). 1934
10. « Give Me The High Sign », Hutman & King (3:39).
11. « Save the children », G. Scott-Heron (5:16).
12. « Day Dream », Ellington, Strayhorn & Latouche (3:08).
02. « Don't Overact », Hutman & Wember-Hutman (4:06).
03. « Mellow Mellow », Hutman & King (4:54).
04. « Night Vision », Hutman & Wember-Hutman (4:32).
05. « I Only Have Eyes For You », Warren & Dubin (5:14).
06. « What Did They Say Today », Hutman & Wember-Hutman (4:54).
07. « The Things We Don't Want », Hutman & Wember-Hutman (5:49).
08. « Can You Do It? », Hutman & King (4:18).
09. « Blame It On My Youth », Oscar Levant & Edward Heyman (5:14). 1934
10. « Give Me The High Sign », Hutman & King (3:39).
11. « Save the children », G. Scott-Heron (5:16).
12. « Day Dream », Ellington, Strayhorn & Latouche (3:08).
Canto – Tânia Maria
Tânia Maria débute le piano à sept ans et enregistre son premier disque, Ohla Quem Chega, à vingt ans... Au début des années soixante-dix, elle joue dans des clubs et des bars brésiliens. Claude Nougaro la remarque et la fait venir à Paris où elle enregistre Via Brazil, en 1974, pour Eddy Barclay. Depuis plus de quarante ans, la pianiste et chanteuse a écumé la plupart des grandes scènes et festivals du monde, enregistré près d’une trentaine de disques, été nominée aux Grammy Awards…
Sorti en septembre 2012 chez Naïve, Canto regroupe des morceaux enregistrés à Paris en 2005 et à Sao Paulo en 2008. Plusieurs groupes figurent dans l’album, dont un noyau qui accompagne Maria depuis le début des années deux mille : Marc Bertaux, Thierry Fanfant,Julinho Gonçalves, Edmundo Carneiro, Luiz Augusto Cavani… Groupe qui a participé à l’enregistrement du fameux Intimidade, paru chez Blue Note en 2005.
Comme dans la plupart de ses disques, Maria a composé la majorité des titres de Canto : huit sur dix, dont « Intimidade » co-signé avecFanta Bebey, fille du célèbre artiste d’origine camerounaise Francis Bebey, « Carlos Song », écrit avec le guitariste Carlos Werneck, qui a longtemps accompagné Maria, et « Samba do gato », que le musicien électro pop japonais Mondo Grosso, alias Shinichi Osawa, a remixé. Maria reprend aussi un tube dont elle a traduit les paroles en portugais : « Florzinha », le fameux « Petite fleur » de Sydney Bechet (1952). Elle chante également un deuxième hit : « Zé marmita » de Brasinhaet Luiz Antônio (1953), popularisé en en France par Dario Moreno, en 1959. L’essentiel des chansons de Canto figure au répertoire d’autres disques de Maria : Intimidade (2005), bien sûr, mais aussi Live At The Blue Note (2002), Viva Brazil (2000), Bela Vista (1990)…
Foisonnante et régulière, dansante et légère : la rythmique respecte les canons de la musique brésilienne. Les percussionnistes et les bassistes qui se succèdent au grès des plages assurent une pulsation constante. Dans « Canto », la sonorité aigue du saxophone soprano deFlavio Bala met en relief la raucité de la voix de Maria. Au ténor, il dialogue avec le trombone et leurs contrepoints vifs répondent aux accords heurtés du piano (« Thanks Mr. G »). Le timbre du trombone se marie à merveille à celui de Maria, souvent à l’unisson de la voix, son velouté apporte de l’épaisseur au chant (« Chorinho Brasileiro », « Florzinha »…). La pianiste mêle éléments brésiliens et jazz, avec une mise en place très latine : un toucher robuste et un jeu en accords typiquement sud-américain (« Vou te amar »), une main droite qui double les accords de la main gauche (« Intimidade »), se met à l’unisson de la voix (« Carlos Song »), joue des phrases entraînantes et rapides (« Samba do gato »)… Une voix de gorge, grave et rauque, un scat en chœur avec le piano, des modulations éloquentes… Maria passe de la scansion au chant et reste toujours très expressive.
La musique de Canto s’apparente davantage aux énergiques sambas et chorinhos qu’à l’indolente bossa nova. Disque après disque, Maria suit son chemin, loin des vogues, et s’affirme comme l’une des voix originale du « jazz brésilien ».
Le disque
Canto
Tânia Maria
Tânia Maria (voc, p), Flavio Bala (ts, ss), Andre Gomes (tb), Gó Do (tb), Tinoco Amaral (tb), Marc Bertaux (b), Reginaldo Feliciano (b), Thierry Fanfant (b), Edmundo Carneiro (perc), Julinho Gonçalves (perc) et Luiz Augusto Cavani (d) avec Coro Copacabana (voc).
Naïve – NJ 622711
Sorti en septembre 2012
Tânia Maria
Tânia Maria (voc, p), Flavio Bala (ts, ss), Andre Gomes (tb), Gó Do (tb), Tinoco Amaral (tb), Marc Bertaux (b), Reginaldo Feliciano (b), Thierry Fanfant (b), Edmundo Carneiro (perc), Julinho Gonçalves (perc) et Luiz Augusto Cavani (d) avec Coro Copacabana (voc).
Naïve – NJ 622711
Sorti en septembre 2012
Liste des morceaux
01. « Chorinho Brasileiro » (2:59).
02. « Intimidade », Maria & Bebey (2:59).
03. « Canto » (6:14).
04. « Samba Do Gato », Maria & Osawa (11:23).
05. « Florzinha », Bechet (4:32).
06. « Vou Te Amar » (3:34).
07. « Ca c'est bon » (4:18).
08. « Zé Marmita », Brasinha & Antônio (4:21).
09. « Carlos Song » , Maria & Werneck (4:28).
10. « Thanks Mr G. » (4:12).
02. « Intimidade », Maria & Bebey (2:59).
03. « Canto » (6:14).
04. « Samba Do Gato », Maria & Osawa (11:23).
05. « Florzinha », Bechet (4:32).
06. « Vou Te Amar » (3:34).
07. « Ca c'est bon » (4:18).
08. « Zé Marmita », Brasinha & Antônio (4:21).
09. « Carlos Song » , Maria & Werneck (4:28).
10. « Thanks Mr G. » (4:12).
Les compositions sont signées Maria, sauf indication contraire.
21 – Philippe Gordiani
« 21 c’est 2 guitares et 1 batterie » explique Philippe Gordiani à propos du disque qu’il a sorti en juin avec son trio, composé de Julien Desprez à la deuxième guitare et d’Emmanuel Scarpa à la batterie.
Signe positif pour Gordiani et ses compères : 21 est la combinaison gagnante au blackjack ! Mais aussi le titre d’une chanson du groupe irlandais The Cranberries (No Need To Argue – 1994) et d’un album d’Adele sorti en 2011… Mais la coïncidence s’arrête là, parce que la musique de 21 s’inscrit plutôt dans la lignée des trios Heavy Metal comme Cream ou Mötorhead, voire du Jimi Hendrix Experience. Et 21 est davantage dans l’esprit de John Zorn et des musiciens de Tzadik que du « rock pop folk » d’outre-Manche.
21 est construit comme une suite, composée de douze mouvements, tous signés Gordiani. La plupart des titres des morceaux relèvent de la numérologie et s’accordent parfaitement avec la musique inouïe de ce super-power trio. Même constatation pour la photo de Joël Philipponqui orne la pochette du disque : une figurine en plastique délavée de Superman juchée sur un tracteur en plastique, le tout maculé de boue… Jouer semble être le maître-mot de ces trois musiciens !
De « Siècle 21 » à « Coda 21 », les morceaux s’enchaînent dans un déferlement d’accords tranchants, de tourneries hypnotiques et de martèlements violents. Pendant qu’une guitare saturée dissémine des motifs sourds et que les fûts et cymbales explosent dans des furies rythmiques, la deuxième guitare répand des éclats stridents (« 258 B »). Saturation, distorsion, fuzz, trémolos, réverbération, sustain… Gordiani et Desprez jouent largement avec l’électricité. Quant à Scarpa, il laisse parler son expérience rock : frappes binaires, coups secs et mats, roulements brutaux, splash puissants…. 21 passe d’une ambiance franchement hard-rock (« Siècle 21 », « 258 A ») à une atmosphère de film de science-fiction (« Fenêtre droite ») avec des incursions dans le rock expérimental (« 258 B ») et la musique concrète (« BzZ », « Trois couloirs »). Pas question ici de solos sur walking et chabada, mais bien d’un jeu de groupe, intense et tendu à l’extrême (« 3E3 »).
Dans la famille « Heavy Jazz Metal », Gordiani – Desprez – Scarpa est une pioche parfaite : 21 est un formidable concentré d’énergie, un vol de quarante minutes sans toucher terre !
Les musiciens
Membre du réseau ImuZZic, Gordiani fait partie du Libre(s)Ensemble. Il a aussi créé I.Overdrive trio avec Rémi Gaudillat et Bruno Tocanne. Après Hommage à Syd Barrett (2008), le trio et le chanteur Marcel Kanche ont sorti Et vint un mec d’outre-tombe en 2012, toujours chez Cristal Records. Gordiani joue également au sein d’Alphabet, quartet monté par Sylvain Rifflet, et participe à de nombreux projets multimédias comme Ecran total avec le percussionniste Yi Ping Yanget le vidéaste Guillaume Marmin…
Desprez a intégré la « coopérative de musiciens » Coax. Il est membre de plusieurs formations qui gravitent (ou pas…) dans la sphère Coax : Q, IRèNE, Radiation 10, DDJ, Tweedle-Dee, Cockpit… Il joue, entre autres, avec Edward Perraud, Hubert Dupont, Jeanne Added… et a fait partie des invités de Tortoise lors de Sons d’hiver 2013.
Comme Desprez, Scarpa fait partie de Coax et joue notamment dans Radiation 10. Il a commencé par le rock avant d’étudier le jazz au Conservatoire de Chambéry, d’où il sort avec son Diplôme d’Etudes Musicales, en 1994. C’est au Conservatoire de Grenoble que Scarpa apprend l’écriture classique, dans la classe de François Lusignant. En 1998, il en sort avec une médaille d’or en harmonie, contrepoint et fugue. Scarpa intègre divers projets du collectif La Forge, dont Micromegas, Les chaises musicales, Tian Xia… Il a accompagné Marc Ducret, Laurent Dehors, Régis Huby… joue dans Thôt Twin, Lionel Martin Trio… et enseigne dans différentes écoles de musique.
Le disque
21
Philippe Gordiani
Philippe Gordiani (g), Julien Desprez (g) et Emmanuel Scarpa (b).
Coax Records
Sortie en juin 2013
Philippe Gordiani
Philippe Gordiani (g), Julien Desprez (g) et Emmanuel Scarpa (b).
Coax Records
Sortie en juin 2013
Liste des morceaux
01. « Siècle 21 » (4:59).
02. « 14(21) » (5:34).
03. « Fenêtre gauche » (2:57).
04. « BzZ » (1:51).
05. « 258 A » (2:14).
06. « BzZ (suite) » (1:47).
07. « 258 B » (4:37).
08. « Fenêtre droite » (5:41).
09. « 3e3 » (4:20).
10. « Ouverture » (1:40).
11. « Trois couloirs » (2:47).
12. « Coda 21 » (1:13).
02. « 14(21) » (5:34).
03. « Fenêtre gauche » (2:57).
04. « BzZ » (1:51).
05. « 258 A » (2:14).
06. « BzZ (suite) » (1:47).
07. « 258 B » (4:37).
08. « Fenêtre droite » (5:41).
09. « 3e3 » (4:20).
10. « Ouverture » (1:40).
11. « Trois couloirs » (2:47).
12. « Coda 21 » (1:13).
Toutes les compositions sont signées Gordiani.
La belle chose – Frédéric Viale
Troisième disque de l’accordéoniste Frédéric Viale, La belle chose sort chez Diapason en septembre.
Au programme de La belle chose, dix compositions de Viale, « La chanson des vieux amants » de Gérard Jouannest et Jacques Brel(Jacques Brel 67) et « Valsa sem nome » de Baden Powellet Vinicius de Moraes (Estudos – 1974).
La belle chose est un bel exemple de New Musette : les valses swinguent (« Valse métisse »), les tangos jazzent (« Locomotango »), les mélodies s’envolent sur des rythmes latins (« Vendredi 13 »), les ballades chantent (« La chanson des vieux amants »), le jazz danse (« From Rio To Nice »)… Et les morceaux suivent la structure classique thème – solos – thème.
Viale ne cache pas son goût pour le Brésil et c’est tout naturellement qu’il s’est entouré de trois musiciens du pays de la bossa nova : le guitariste Nelson Veras, le bassiste Natallino Neto et le batteur Isaias « Zaza » Desiderio. Il a également invité le saxophoniste Emanuele Cisi pour « La belle chose », « Vendredi 13 » et « At Home ». La composition du quartet n’est pas sans rappeler Richard Galliano avecBireli Lagrène, George Mraz et Al Foster dans New York Tango. Cela dit, les exemples d’association entre un accordéoniste et un guitariste sont nombreux dans le jazz musette : Marcel Azzola et Marc Fosset,Tony Murena ou Jo Privat et les frères Ferret, Gus Viseur et Django Reinhardt, ou encore Galliano et Philip Catherine.
Virtuosité tranquille (« Litlle Kévin »), subtilité des accords (« Valse métisse ») et finesse des contrechants (« From Rio To Nice »), Veras est égal à lui-même et sa superbe sonorité chaude, très naturelle, contraste avec le son mat de Neto. Les lignes assourdies de la basse électrique grondent (« Iguaçu ») et assurent une base robuste pour les solistes. L’unique chorus de Neto (« At Home ») révèle un sens mélodique et une fluidité efficaces. Desiderio est visiblement très à l’aise dans cette ambiance dansante : poly-rythmes vifs (« Locomotango »), cymbales emphatiques (« La belle chose »), swing vigoureux (« Vendredi 13 », « From Rio To Nice »), trois temps légers (« At Home »), solo musclé (« Iguaçu »)… Quand le saxophone ténor de Cisi entre dans la danse avec son timbre plutôt aigu et mordant et son phrasé mélodieux (« La belle chose »), Viale et Veras trouvent un partenaire de choix avec qui dialoguer (« Vendredi 13 »). A l’instar de Galliano, Viale possède un sens mélodique affûté (« La vita del circo »), une virtuosité chantante (« From Rio To Nice ») et une approche dansante de la musique (« Locomotango »), avec toujours cette espèce de mélancolie à portée de soufflet (« La chanson des vieux amants »). Une mention spéciale pour « Valsa sem nome » : Viale et Veras jouent en duo, sans section rythmique, un entrelacs de phrases d’une élégance rare, qui fait ressortir la beauté du thème de Powell.
Un jazz qui s’encanaille dans les bals populaires des quatre coins du monde et débouche sur une musique spontanée, entraînante et harmonieuse : c’est La belle chose selon Viale.
Les musiciens
C’est à l’Accordéon Club Cannes La Bocca Mouans-Sartoux que Viale étudie la musique sous la houlette de Lucien Galliano – le père de Richard… Après avoir appris le métier avec la musette et le tango, Viale se met aux musiques du monde et au jazz. En 2006 il sortParadise avec, entre autres, Jean-Pierre Como et Cisi. Dans Lames latines, publié en 2009, André Ceccarelli, Diego Imbert, Jean-Marie Ecay… épaulent Viale. En 2012, l’orchestre de l’Opéra de Nice lui demande d’interpréter le répertoire d’Astor Piazolla.
Né à Salvador de Bahia, Veras s’installe à Paris à quatorze ans pour étudier la musique à l’ARPEJ. A seize ans, il monte un quartet avecÉric Barret, Michel Benita et Aldo Romano. En 1996, il joue avecMichel Petrucciani et entre au CNSMDP l’année suivante. Nelson Veras(2004), Solo Session Vol. 1 (2009) et Rouge sur Blanc (2011) sont les trois disques sous son nom. En tant qu’accompagnateur il a enregistré avec Jeff Gardner, Romano, Magic Malik, Olivier Ker Ourio, Steve Coleman…
Neto commence par apprendre la guitare et joue dans les bars de Rio de Janeiro. Il suit les cours d’harmonie de Wagner dos Anjos, qui l’initie au jazz. A vingt ans, Neto passe à la basse et accompagneBeatriz Oliveira. En 1998, Neto intègre Bossa Nova Geração et Cai Dentro. Installé en France à partir de 2001, Neto continue de jouer de la musique populaire brésilienne (avec son groupe Tekerê), mais aussi du jazz dans le trio de Marco Pereira, le quartet de Hamilton de Holanda et diverses formations de Philippe Baden Powell.
C’est à Rio de Janeiro que Desiderio débute la guitare. A seize ans il devient batteur professionnel dans des groupes cariocas qui mêlent rythmes latins et jazz. A côté d’une carrière de studio bien remplie, Desiderio joue avec Milton Nascimento, Marcia Maria, Idriss Boudrioua… et s’établit en France en 2010 où il monte le trio Dreisam.
Cisi apprend le saxophone en autodidacte. Il a l’occasion de jouer aussi bien avec Clark Terry que Daniel Humair, Nat Adderley, Kenny Wheeler… et ses compatriotes Enrico Rava, Paolo Fresu, Enrico Pieranunzi… Cisi compte plus de cinquante disques en tant que sideman et une douzaine en leader. Par ailleurs, il enseigne au Conservatoire de Turin et il est également soliste de l’orchestre baroque La Venexiana, spécialisé dans la musique de Claudio Monteverdi.
Le disque
La belle chose
Frédéric Viale
Frédéric Viale (acc, bandonéon, accordina), Nelson Veras (g), Natallino Neto (b) et Isaias « Zaza » Desiderio (d), avec Emanuele Cisi (ts).
Diapason
Sortie en septembre 2013.
Frédéric Viale
Frédéric Viale (acc, bandonéon, accordina), Nelson Veras (g), Natallino Neto (b) et Isaias « Zaza » Desiderio (d), avec Emanuele Cisi (ts).
Diapason
Sortie en septembre 2013.
Liste des morceaux
01. « Locomotango » (6:35).
02. « Valse métisse » (5:25).
03. « La belle chose » (6:00).
04. « Little Kévin » (4:59).
05. « Iguaçu » (5:52).
06. « La chanson des vieux amants », Brel & Jouannest (4:52).
07. « Vendredi 13 » (7:18).
08. « At Home » (6:16).
09. « La vita del circo » (6:53).
10. « From Rio to Nice » (4:30).
11. « Valsa sem nome », de Moraes & Powell (4:32).
02. « Valse métisse » (5:25).
03. « La belle chose » (6:00).
04. « Little Kévin » (4:59).
05. « Iguaçu » (5:52).
06. « La chanson des vieux amants », Brel & Jouannest (4:52).
07. « Vendredi 13 » (7:18).
08. « At Home » (6:16).
09. « La vita del circo » (6:53).
10. « From Rio to Nice » (4:30).
11. « Valsa sem nome », de Moraes & Powell (4:32).
Toutes les compositions sont signées Viale sauf indication contraire.
Particula – Hugo Carvalhais
En 2010, le contrebassiste Hugo Carvalhais et son trio – Gabriel Pinto aux claviers et Mário Costa à la batterie – invitent Tim Berne pour un feu d’artifice de notes. Leur disque, Nebulosa, a marqué plus d’une oreille ! Deux ans plus tard, toujours en compagnie de son trio, Carvalhais convie le violoniste Dominique Pifarély et le saxophoniste Emile Parisien pour poursuivre son voyage spatio-musical…
Le quintet a enregistré Particula pour le label Clean Feed. Avec un catalogue de plus de deux cent titres, des artistes de tous horizons (d’Anthony Braxton à Elliott Sharp en passant par Paul Dunmall etEvan Parker…), une distribution internationale (Japon, Amérique du nord et Europe – Orkhêstra en France), une ligne éditoriale axée sur l’avant-garde… la notoriété de ce label portugais, créé en 2001, a désormais largement dépassé le cadre de la péninsule ibérique !
Le répertoire de Particula est composé de neuf morceaux signés Carvalhais, dont les titres évoquent les sciences de la vie : « Amniotic », « Cortex », « Omega », « Capsule », « Simulacrum », « Chrysalis »…
Audace et tension sont deux caractéristiques essentielles de Particula. Audace, parce que Carvalhais et ses compagnons explorent les confins de la musique improvisée et de la musique contemporaine. Or c’est une zone périlleuse : pour éviter de jouer une musique absconse et sans âme, le danger est grand de ressasser ce que d’illustres muisiciens ont déjà dit, à l’instar de Cecil Taylor, Braxton, Benoît Delbecq, Joelle Léandre, Denis Badault… pour n’en citer que quelques uns. Tension, pour les échanges intenses et imbriqués entre les cinq musiciens, qui trouvent leurs résolutions dans des tourbillons rythmiques, mäelstroms mélodiques et autres explosions sonores sur fonds d’effets électros.
Pifarély emmène son violon par monts et par vaux, de lignes sinueuses (« Omega ») en chassés croisés (« Flux »), d’ostinatos stridents (« Flux ») en frissons feutrés (« Chrysalis »), de mélopées à l’unisson (avec le soprano dans « Simulacrum ») en phrases écorchées (« Capsule »)… Le saxophone soprano de Parisien saute d’un chorus a capella tout ce qu’il y a de free (« Flux ») à une sinusoïde dissonante, d’un duo apaisé (« Omega ») à un déroulé mélodique en pointillés (« Generator »), et garde toujours une sonorité à la fois ferme et soyeuse. Pinto a un rôle clé car, en plus du piano, il se sert de ses claviers pour planter les effets électro du décor sonore qui apportent une touche de science-fiction à la musique du quintet (« Cortex », « Amniotic »). Volontiers minimaliste (« Capsule »), sa main droite laisse tomber une pluie de gouttes cristallines (« Madrigal »), part dans des montées arpégées discordantes (« Capsule ») ou joue des suites de notes lancinantes (« Generator »). Ce qui ne l’empêche pas de se lancer dans des duos contemporains (avec la batterie dans « Simulacrum ») ou de jouer une introduction free heurtée, un peu dans l’esprit de Keith Jarrett (« Omega »). Avec un son clair et naturel, la batterie de Costa se marie à merveille avec la sonorité profonde et boisée de la contrebasse. Son jeu, typiquement free et particulièrement subtil, s’intègre naturellement dans les conversations en cours : il passe d’une pulsation légère et foisonnante à une frappe puissante et touffue (« Flux »), d’un coktail de gamelan et de bruissements (« Chrysalis ») ou de ponctuations éparses (« Generator »), à des questions – réponses entre roulements sur les peaux et splash parcimonieux sur les cymbales (« Simulacrum »). Costa joue à bon escient des pulsations régulières pour faire balancer un morceau (« Capsule », « Madrigal »). Quant à Carvalhais, il utilise un large éventail des qualités sonores de la contrebasse : les cordes grondent pour mieux souligner une ligne puissante (« Flux »), des motifs minimalistes s’opposent à des phrases entraînantes (« Chrysalis »), des coups brutaux secouent le quintet (« Cortex »), le contraste entre le timbre de la contrebasse et celui du saxophone soprano vient pimenter leurs dialogues (« Madrigal »)… et le solo qui introduit « Simulacrum » permet d’apprécier la limpidité de ses idées musicales et la souplesse de son jeu.
Une contrebasse et une batterie organiques, un piano contemporain minimaliste, un violon et un soprano free, le tout servi sur des nappes électros… Particula dégage une énergie formidable, la musique, exigeante et expressive à plaisir, irradie !
Les musiciens
Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts d’Oporto, Carvalhais apprend la contrebasse en autodidacte. Il se perfectionne en suivant des cours avec Ron Carter, Eddie Gomez, Miroslav Vitous, Mario Pavone… Avant de former son trio avec Pinto et Costa, il a notamment accompagné Sheila Jordan, Julian Arguelles, Tim Berne, Jefferey Davis, Art Themen…
Après des études de violon et de composition au Conservatoire de Montreuil, Pifarély se consacre au jazz. A partir de 1979 il joue avecMartial Solal, Eddy Louiss, Denis Badault, François Jeanneau,Didier Levallet… A la fin des années quatre-vingt, il forme deux quartet avec lesquels il enregistre Insula Dulcamara (1988) et Oblique(1992). Entre 1992 et 1997, il fonde un quartet en compagnie de Louis Sclavis, avec Marc Ducret et Bruno Chevillon (Acoustic Quartet sort chez ECM en 1993). Suit un duo avec François Couturier (Poros, toujours chez ECM, en 1997). Au début des années deux mille Pifarély compose pour le théâtre (Gilles Zæpffel), le multi-média (Forme d’une guerre en 2010)… En parallèle, Pifarély enseigne au Centre de Formation de Musicien Intervenant de Poitiers.
Le parcours de Parisien a déjà été présenté à l’occasion du concertSweet & Sour, avec le quartet de Daniel Humair.
Le disque
Particula
Hugo Carvalhais
Emile Parisien (ss), Dominique Pifarély (vl), Gabriel Pinto (p, org, synthé), Hugo Carvalhais (b, electro) et Mario Costa (d).
Clean Feed – CF253CD
Sortie en 2012
Hugo Carvalhais
Emile Parisien (ss), Dominique Pifarély (vl), Gabriel Pinto (p, org, synthé), Hugo Carvalhais (b, electro) et Mario Costa (d).
Clean Feed – CF253CD
Sortie en 2012
Liste des morceaux
01. « Flux » (12:17).
02. « Chrysalis » (4:35).
03. « Simulacrum » (8:38).
04. « Capsule » (5:30).
05. « Omega » (6:10).
06. « Madrigal » (6:35).
07. « Cortex » (2:12).
08. « Generator » (7:19).
09. « Amniotic » (5:58).
02. « Chrysalis » (4:35).
03. « Simulacrum » (8:38).
04. « Capsule » (5:30).
05. « Omega » (6:10).
06. « Madrigal » (6:35).
07. « Cortex » (2:12).
08. « Generator » (7:19).
09. « Amniotic » (5:58).
Toutes les compositions sont signées Carvalhais.
Boléro – Jean-Pierre Como
Hommage aux musiques du sud (Amérique et Europe…),Boléro est le neuvième disque de Jean-Pierre Como sous son nom et sort sur le label du pianiste, L’âme sœur.
De Padre (1999) – trio avec Dominique Di Piazza et Stéphane Huchard – à Répertoire (2010) – trio avec Diego Imbert et Aldo Romano – Como privilégie les petites formations, qui vont comme un gant à sa musique intimiste. Seule L’âme sœur (2006) s’appuie sur un orchestre de plus de vingt musiciens, dirigé par Pierre Bertrand. Boléro ne déroge pas à la règle. Como a constitué un quartet avec des musiciens qu’il connaît de longue date et qui nagent dans les musiques latines et méditerranéennes comme des poissons dans l’eau : Javier Girotto aux saxophones soprano et baryton, Dario Deidda à la contrebasse et à la basse électrique et Minino Garay aux percussions. L’alter ego de Sixun, Louis Winsberg, joue également sur un morceau. Par ailleurs, Como a demandé à l’accordéoniste Marc Berthoumieux d’assurer la direction artistique du projet.
Sept des onze morceaux ont été composés par Como, Deidda en signe deux, Girotto un et le quartet reprend « Guarda che luna », le tube de Gualtiero Malgoni et Fred Buscaglione. Les boléros de Como ne s’inspirent pas de celui de Maurice Ravel, ni des boléros espagnols du XVIIe, mais de ceux d’Amérique du sud... Boléro enchaîne des morceaux nonchalants et énergiques, dans une ambiance entraînante du début à la fin. Dans l’ensemble, le disque respecte les canons du genre : mélodies enjôleuses, poly-rythmes sur les quatre temps et sonorités soyeuses... Boléro rappelle Nocturne de Charlie Haden (2001), en plus animé.
Avec ses congas et autres percussions, Garay est à la fête : bondissant (« Jours de fête »), vif et léger (« Chorino Amalfitano »), charnel (« Sogni d’oro »), subtil (« Guarda che luna »), dense (« Goutte de pluie »)… Il ne prend qu’un court stop-chorus intense sur ses tambours (« Enlacez-vous »). Deidda joue des motifs dont l’élégance est renforcée par la sonorité boisée de sa contrebasse (« Guarda che luna »). Entre une ligne aérienne (« Jours de fête ») et un rif sourd (« Nicole »), il prend un solo de basse virtuose et mélodieux, dans la lignée de ceux de Di Piazza (« Chorino Amalfitano »). Avec un léger vibrato, Girotto utilise le gros son velouté du saxophone baryton pour les boléros et autres ballades (« Guarda che luna »), tandis qu’il réserve plutôt le soprano pour les morceaux plus dynamiques (« Amour Tango »). Toutes ses interventions sont lyriques, sans jamais sombrer dans la mièvrerie. Des dialogues piquants avec le piano (« Boléro ») aux contrastes entre les aigus et les graves (« Nicole »), en passant par des chorus tendus (« Goutte de pluie »), Girotto révèle un jeu fait de sensibilité et d’aplomb. Avec un touché puissant (« Chorino Amalfitano »), un phrasé clair (« Sogni d’oro », « Enlacez-vous ») et une mise en place chaloupée (« Nicole »), le jeu de Como est sur la même longueur d’onde que celui de Giotto : mélodieux sans affectation. Pendant que la main gauche se mêle judicieusement à la section rythmique, la main droite expose les thèmes à l’unisson (« Para Biagio »), joue en contrechant (« Jours de fête ») et discute avec le saxophone (« Goutte de pluie ») ou la contrebasse (. »Sogni d’oro »). Quant à l’intervention de Winsberg à la guitare acoustique dans « Guarda che luna », elle est d’une grande classe.
Boléro a un charme indéniable. Como et ses compagnons se sont faits plaisir et cela s’entend : les belles mélodies leur servent de prétexte pour des développements excitants.
Les musiciens
Como débute la musique au Conservatoire d’Aubervilliers et, à six ans, commence le piano. Après une dizaine d’années d’études classiques, il se tourne vers le jazz. Dans les années quatre-vingt Como prend des cours avec Bernard Maury et François Couturier. En 1983, il forme Sixun avec Paco Séry, Winsberg, Alain Debiossat et Michel Alibo. En parallèle Como mène une carrière de leader avec des groupes à géométrie variable auxquels participent Huchard, Christophe Wallemme, Deidda, Garay, Winsberg, Sylvain Luc, André Ceccarelli...
Argentin installé à Rome, Girotto débute à la clarinette, puis passe au saxophone. Après avoir tenté sa chance à Buenos Aires, Girotto revient dans sa ville natale, Córdoba, monte son premier groupe et s’inscrit au conservatoire pour y étudier la musique classique. A dix-neuf ans Girotto part étudier au Berklee College of Music, où il reste quatre ans et joue avec George Garzone, Danilo Perez, Bob Moses… En 1990 il s’installe en Italie et joue dans des groupes de jazz, de musique sud-américaine… et monte le sextet Tercer Mundo qui sort Homenaje en 1995 avec Bob Mintzer et Randy Brecker en invités. A la même époque Girotto crée le quartet Aires Tango qui mêle jazz et tango et sort10/15, son dixième disque en 2009, après quinze ans d’existence… A côté de ces groupes, Girotto a également monté Cordoba Reunion pour jouer la musique de sa région natale, des duos avec le bandonéoniste Daniele Di Bonaventura et l’accordéoniste Luciano Biondini, le trio G.S.M.… Girotto a également joué avec l’Orchestre National de Jazz, fait partie du quartet d’Enrico Rava, la formation de Ralph Towner et il est actif dans le domaine de la musique classique, notamment en duo avec Michele Campanella.
Après avoir passé ses diplômes de contrebasse et de basse électrique, Deidda partage son temps entre les studios de télévision et le jazz. Il a enregistré plus d’une vingtaine de disques en sideman et joué entre autres avec Danilo Rea, Paolo Fresu, Enrico Pierannunzi, Stefano Di Battista, Rosario Giuliani… mais aussi Garzone, Steve Grossman, Dave Liebman, Michel Petrucciani…
Né à Córdoba comme Girotto, le deuxième argentin du quartet, Garay, a choisi de s’installer à Paris dans les années quatre-vingts dix. Il accompagne Dee Dee Bridgewater, Rick Margitza, Erik Truffaz, David Sánchez… Tambours du sud, premier disque sous son nom, sort en 2002 et trouve ses racines dans moult terreaux. Garay qualifie sa musique de jazz afro-latin urbain… Kilombo et Que le pario! suivront, dans une même veine. Avec Asado, Garay rend hommage à la musique de Córdoba. Percussioniste très demandé, Garay joue avec Winsberg,Magic Malik, Julien Lourau, Laurent de Wilde, Daniel Mille, Richard Bona…
Le disque
Boléro
Jean-Pierre Como
Javier Girotto (ss, bs), Jean-Pierre Como (p), Dario Deidda (b) et Minino Garay (d, percu), avec Louis Winsberg (g).
L’âme sœur
Sortie en septembre 2013.
Jean-Pierre Como
Javier Girotto (ss, bs), Jean-Pierre Como (p), Dario Deidda (b) et Minino Garay (d, percu), avec Louis Winsberg (g).
L’âme sœur
Sortie en septembre 2013.
Liste des morceaux
01. « Sogni d'oro » (5:09).
02. « Jours de fête » (4:14).
03. « Boléro » (5:38).
04. « Amour Tango » (5:11).
05. « Chorino Amalfitano », Deidda (4:46).
06. « Guarda che luna », Gualtiero Malgoni & Fred Buscaglione (4:08).
07. « Goutte de pluie » (4:26).
08. « Enlacez-vous » (4:06).
09. « Nicole », Deidda (4:32).
10. « Para Biagio », Girotto (4:00).
11. « Como va » (4:03).
02. « Jours de fête » (4:14).
03. « Boléro » (5:38).
04. « Amour Tango » (5:11).
05. « Chorino Amalfitano », Deidda (4:46).
06. « Guarda che luna », Gualtiero Malgoni & Fred Buscaglione (4:08).
07. « Goutte de pluie » (4:26).
08. « Enlacez-vous » (4:06).
09. « Nicole », Deidda (4:32).
10. « Para Biagio », Girotto (4:00).
11. « Como va » (4:03).
Toutes les compositions sont signées Como sauf indication contraire.
Kairos – Khalil Chahine
Depuis Mektoub (1989), le guitariste, harmoniciste, mandoliniste et compositeurKhalil Chahine a sorti cinq autres disques. Kairos est donc le septième, toujours publié par Tukhoise, le label que Chahine a créé à la fin des années quatre-vingt.
Chahine signe les neuf thèmes de Kairos. Pour interpréter sa musique, il a formé un quintet avec le saxophoniste Eric Séva et une section rythmique sortie tout droit de chez Yamaha : Frédéric Gaillardet aux claviers, Kevin Reveyrand à la basse et Nicolas Filiatreau à la batterie.
La mélodie est l’élément central de la musique de Chahine : mystérieuse dans « Kairos » et « Kaalo », orientalisante dans « Le Mage », sentimentale dans « Nuvio » et « Les pierres noires », dansante et latine dans « Langueurs monotones », « le pont » et « Farrago » et majestueuse dans « Sub Rosa ». Le poids des mélodies est accentué par l’exposition des thèmes à l’unisson, avec une rythmique foisonnante : la ligne plutôt limpide des mélodies ressort sur l’arrière-plan touffu (« Sub Rosa »). Les thèmes sont d’ailleurs souvent répétés avant leurs développements, qui suivent une structure thème – solos – thème. Chahine et Séva se partagent la plupart des chorus et jouent dans la même veine, tout en souplesse, fluidité et délicatesse. « Sub Rosa » permet d’apprécier le swing de Gaillardet et « Le pont », la pulsation de Reveyrand. Côté matière sonore : l’énergique Filiatreau sonne fréquemment comme un ensemble de percussions polyrythmiques ; les motifs de basse de Reveyrand restent sobres et solides ; Gaillardet utilise les effets « vintage » et le timbre cristallin de ses claviers ; quel que soit le saxophone, Séva joue un son sans vibrato, clair, net et précis ; acoustique ou électrique, la guitare de Chahine conserve élégance et velouté.
Kairos n’est pas fait pour les amateurs furieux d’avant-garde déchaînée : « l’art de saisir l’occasion » selon Chahine se trouve davantage au contact de chants harmonieux portés par des arrangements soignés…
Les musiciens
Chahine s’est avant tout fait un nom au cinéma, comme compositeur de musique des films de Gérard Jugnot (Fallait pas !..., Monsieur Batignole etc.), Tonie Marshall (Vénus Beauté), Isaa Serge Coelo,Yvon Marciano… A la fin des années quatre-vingt, il a créé Turkhoise, label sur lequel sont sortis ses disques. En parallèle à ses activités pour le cinéma et le jazz, Chahine a fait partie de l’orchestre formé parJacques Dutronc pour son spectacle au Casino de Paris en 1992.
D’abord formé à la flûte à bec, Séva se tourne vers le saxophone à l’âge onze ans. Il partage son temps entre l’orchestre familial et l’Ecole Normale de Musique de Paris. Diplômes de musique en poche, Séva rencontre Dave Liebman en 1989, lors d’une master class, et décide de partir aux Etats-Unis pour étudier avec le saxophoniste newyorkais. Folklores imaginaires, son premier disque, sort en 2005. Séva intègre ensuite l’Orchestre National de Jazz, sous la direction deFranck Tortiller. En 2009, il sort Espaces croisés. Séva a joué aussi bien avec Didier Lockwood que David Sanborn, David Krakauer,Céline Dion, Jean-Michel Jarre ou Henri Salvador…
Gaillardet joue de l’accordéon et des claviers. Bien connu du milieu de la variété, il a accompagné Sinclair, Manu Dibango, Laurent Voulzy,Raphaël, Hélène Ségara, Ayo etc. En 2010, il a participé à Plusieurs lunes et tourné avec Véronique Sanson.
Reveyrand partage sa basse entre jazz – Marc Berthoumieux, Vincent Peirani, Nguyen Lê, Pierrick Pédron… – et variété – Charles Aznavour, Patrick Bruel, Patricia Kaas, Bernard Laviliiers, Voulzy. En 2007 Reeyrand a rejoint « l’écurie Yamaha » et joué, entre autres, avec Sylvain Luc, Manu Katché et Lockwood.
Passé pro à vingt ans, Filiatreau commence sa carrière aux côtés de Luc, Jean-Marie Ecay, Thierry Eliez et… Gaillardet. Il séjourne fréquemment aux Etats-Unis, où il a l’occasion d’accompagner Peter Mayer, Randy Bensen… En France, lui aussi passe de Berthoumieux Chahine… à Dibango, Dany Brillant, Diane Tell…
Le disque
Kairos
Khalil Chahine
Khalil Chahine (g, mandoline, hca), Eric Seva (ts, ss, bs), Frédéric Gaillardet (p), Kevin Reveyrand (b) et Nicolas Filiatreau (d).
Turkhoise
Sortie en septembre 2013.
Khalil Chahine
Khalil Chahine (g, mandoline, hca), Eric Seva (ts, ss, bs), Frédéric Gaillardet (p), Kevin Reveyrand (b) et Nicolas Filiatreau (d).
Turkhoise
Sortie en septembre 2013.
Liste des morceaux
01. « Le Mage » (7:06).
02. « Langueurs monotones » (6:04).
03. « Kairos » (5:34).
04. « Sub Rosa (prologue) » (1:56).
05. « Farrago » (4:28).
06. « Nuvio » (5:44).
07. « Kaalo » (5:25).
08. « Sub Rosa » (5:55).
09. « Le pont (prologue) » (1:11).
10. « Le pont » (5:33).
11. « Les pierres noires » (5:25).
02. « Langueurs monotones » (6:04).
03. « Kairos » (5:34).
04. « Sub Rosa (prologue) » (1:56).
05. « Farrago » (4:28).
06. « Nuvio » (5:44).
07. « Kaalo » (5:25).
08. « Sub Rosa » (5:55).
09. « Le pont (prologue) » (1:11).
10. « Le pont » (5:33).
11. « Les pierres noires » (5:25).
Toutes les compositions sont signées Chahine.