22 novembre 2014

Avril 2011

Libre(s)ensemble

En 2000, imuZZic voit le jour : un collectif de musiciens réunis autour d’une vision commune de la création ; former des groupes avec des aspirations similaires, mais laisser libre-court à l’improvisation et s’ouvrir à des artistes d’horizons différents.
Bruno Tocanne , infatigable moteur de cet ensemble de passionnés, réussit le pari de rassembler plus d’une cinquantaine de musiciens pour des master-classes, des tournées, des résidences, des disques… En dehors des trois groupes qu’il anime – le trio Résistances, I.Overdrive trio et les New Dreams –, Tocanne participe à de nombreux autres projets, dont le « Libre Ensemble ». Cet octet a été créé en 2010 à l’occasion des dix ans d’ImuZZic. Il regroupe des habitués du collectif : Rémi Gaudillat et Fred Roudet à la trompette ou au cornet,Damien Sabatier aux saxophones (sopranino, alto et baryton),Philippe Gordiani et Fred Meyer à la guitare, Benoît Keller à la contrebasse, Arnaud Laprêt aux percussions et Tocanne à la batterie. L’octet invite également la clarinettiste Élodie Pasquier sur les deux premières plages du disque éponyme.
Le titre annonce la couleur - la liberté est le maître mot – et les dix morceaux sont concis : en cinquante minutes, Libre(s)ensemble va droit au but. Gaudillat a composé quatre titres et Gordiani en signe trois. « Free For Ornette » est un hommage commun au fameux « harmolodiste ». Le groupe reprend également « Bruno Rubato » (Tocanne et Sophia Domancich – Funerals – 1992) et « Le chant des marais », du célèbre résistant allemand Rudi Goguel. A noter également que Libre(s)ensemble est le deuxième album publié par le récent label d'imuZZic : Instant Music Records .
Libre(s)ensemble est placé sous le sceau du free, bien sûr, mais, comme toujours avec Tocanne et les musiciens d’imuZZic, la mélodie reste un élément clé. Quand l’octet ne délire pas dans un foisonnement joyeux de notes organisées, les voix s’entrecroisent dans des polyphonies subtiles, tandis que les rifs des chœurs pimentent les chorus et la section rythmique maintient une pulsation balancée. D’une plage à l’autre, les climats sont tempérés ! Des accords de guitare répétitifs et martelés contrastent avec les développements ciselés des soufflants (« La Foley », « La révolte des Canuts ») ; des nappes de sons mystérieuses et zen servent de décor pour le jeu touffu de la batterie (« Dans la coupe de Tiresias ») ; un démarrage aux tambours, suivi d’une fanfare, laisse la place à une ambiance de rock alternatif (« Free KC To Gawa ») ; un hymne majestueux s’achève sur une rythmique puissante, sur laquelle la clarinette tisse un solo délicat (« La révolte des Canuts ») ; une ambiance quasi-folklorique devient rapidement nostalgique et respectueuse (« Le chant des marais ») ; un clin d’œil luxuriant à Thelonious Monk développe une tension explosive (« Crépuscule avec Nelly »)…
Libre(s)ensemble est un disque radieux et euphorique, le reflet de la libre entente d’un groupe d’artistes épris de musique mélodieusement free.
Le disque
Libre(s)ensemble
Fred Roudet (tp), Rémi Gaudillat (tp), Damien Sabatier (sax), Philippe Gordiani (g), Fred Meyer (g), Benoit Keller (b), Bruno Tocanne (d) et Arnaud Laprêt (perc), avec Elodie Pasquier (cl).
Janvier 2011
IMR003
Liste des morceaux
1. « La Foley », Gordiani (6:14).
2. « Bruno Rubato », Domancich & Tocanne (7:47).
Suite For Libre Ensemble
3. « Q.L », Gaudillat (1:12).
4. « No Way! », Gaudillat (2:18).
5. « Free For Ornette », Libre Ensemble (3:16).
6. « La révolte des Canuts », Gaudillat (6:27).
7. « Le chant des marais », Goguel (3:13).
8. « Free KC To Gawa », Gordiani (7:55).
9. « Dans la coupe de Tiresias », Gordiani (8:01).
10. « Crépuscule avec Nelly », Gaudillat (3:50).

Uri Caine au Musée d’art et d’histoire du judaïsme

Du 5 au 18 mars, le vieux continent a la chance d’accueillir une tournée d’Uri Caine avec un quartet inédit : Nguyen Lê à la guitare, Reggie Washington à la basse et Cornell Rochester à la batterie. Le tour d’Europe, commencé à Vicchio, en Italie, amènera le quartet jusqu’à Vaulx-en-Velin, en passant par l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse, l’Autriche et… Paris, où le quartet s’est produit le 15 mars.


La salle de concert du Musée d’art et d’histoire du judaïsme est un auditorium classique : spacieux, bien conçu (entendez : les musiciens sont visibles de partout), confortable et une acoustique correcte (d’autant que les instruments sont amplifiés…). Parmi le public, venu nombreux, la haute silhouette de Jozef Dumoulin, membre du trio de Washington.
Caine est un pianiste incontournable de la scène du jazz créatif de New York. Après un apprentissage classique du piano, Caine étudie le jazz et l’improvisation avec Bernard Peiffer (installé à Philadelphie de 1954 jusqu’à sa mort, en 1976). Il rejoint ensuite l’Université de Pennsylvanie et approfondit sa science musicale sous la direction deGeorge CrumbEn parallèle, Caine joue dans les clubs de Philadelphie. Au début des années 80, il s’installe à New York. Le parcours de Caine est d’un éclectisme parfait : du répertoire classique (Mahler, Bach, Beethoven, Mozart…) à la musique Klezmer ou populaire (The Sidewalk Of New York – Tin Pan Alley), en passant par une relecture jubilatoire du style stride (Blue Wail), une version des compositions de John Zorn (Moloch) et un « drum ‘n' bass jazz rock » (son projet Bedrock).
Passionné de musique pendant son adolescence, Lê apprend d’abord la batterie, puis la guitare et la basse. Après des études d’arts plastiques et de philosophie, Lê se consacre à la musique et, en 1983, fait partie des fondateurs du groupe de jazz-fusion Ultramarine. Sa carrière passe aussi bien par la variété (Claude Nougaro) que les musiques du monde (Cheb MamiKudsi ErgunerKakoli Sengupta…) ou le jazz contemporain (Marc DucretYves RobertEric Le Lann…). Lê a également été le guitariste de l’Orchestre National de Jazz dirigé parAntoine Hervé. Depuis le début des années 2000, Lê joue dans des contextes aussi variés que le Metropole Orchestra, Maria Schneider,Huong ThanhDhafer Youssef… et avec Caine. Né dans une famille de musiciens, Washington commence par les percussions avec son frère, puis apprend le violoncelle. Washington joue dans de nombreux orchestres classiques (dont l’Orchestre Philarmonique de New York) avant de se tourner vers la contrebasse classique, jazz et latino. La fréquentation de Marcus Miller est déterminante : Washington adopte la basse électrique; qu’il n’a plus jamais quittée. Dresser la liste des musiciens avec qui Washington à jouer relève du pensum ! Rochester, pour sa part, s’est surtout illustré en compagnie de Jamaaladeen Tacuma, mais il a également accompagné James Blood Ulmer et participé au Zawinul Syndicate.
Dès « J. Edgar Hoover In A Dress » (allusion ironique au directeur du F.B.I.), le ton est donné : motifs groovy du Fender Rhodes, bruitages contemporains, solos et accords rock de la guitare, rifs rythmiques épais de la basse et frappe lourde, mate et puissante de la batterie. La musique du nouveau quartet de Caine s’inscrit dans la continuité de Bedrock (« J. Edgar Hoover In A Dress » est au répertoire du disque éponyme) avec moins d’ingrédients drum ’n’ bass et d’effets sonores électroniques. En revanche, le quartet s’aventure résolument sur les chemins du rock psychédélique : ritournelles rudimentaires, rythmique robuste, longs chorus tarabiscotés et sonorité vintage avec le Fender Rhodes et la guitare électrique, volontiers lyrique, de Nguyen Lê.Évidemment, Caine ne se départit jamais de son humour musical et brouille les pistes dès qu’il le peut, avec des clins d’œil aux musiques traditionnelles juives, à Zorn, à la musique classique et contemporaine, au jazz mainstraim, au free…


Caine passe du piano au clavier avec beaucoup d’aisance. Il alterne avec autant de facilité les genres que les nuances et son jeu, robuste et enflammé, empruntedavantage les sentiers horizontaux de la musique que ses chemins verticaux. Un groove constant, un sens de la tension quasi-théâtral, un touché vigoureux et des trucs de vieux briscard font de Caine un claviériste captivant. Nguyen Lê est comme un poisson dans l’eau dans cette ambiance musicale pop-rock-jazz : ses effets étoffent ceux de Caine et ses solos, dignes d’un « guitar hero », sont dans la lignée de Carlos Santana, en osmose avec l’esprit recherché par Caine. Washington distille, avec un parfait sang-froid, des rifs minimalistes. Il assure une pulsation souple et décontractée, mais toujours dense. Son chorus, mélodieux et mobile, n’est pas sans rappeler Miller. Quant à Rochester, c’est un batteur volumineux : un drumming percutant et particulièrement à l’aise dans le binaire. Son solo, dans « I’m A Sugar For my Sugar » (?), fait la part belle aux peaux : Rochester commence par du tamtam sur ses fûts et finit par des roulements supersoniques.
Caine et son nouveau quartet proposent une musique luxuriante. Une sorte de jazz fusion contemporain, dont le terreau, placé sous le signe du groove, est constitué de rock à tendance psychédélique, de musique klezmer et de jazz.

La leçon de jazz d’Antoine Hervé – Charlie Parker

Le 29 janvier 2011, Antoine Hervé invite le saxophoniste altoPierrick Pédron pour une leçon de jazz consacrée à Charlie Parker.
Pédron est l’un des saxophonistes alto clé de la scène parisienne. Il commence dès six ans l’apprentissage de son instrument. Dans sa Bretagne natale, Pédron commence par l’école des bals avant de découvrir le jazz, vers seize ans.Il intègre le CIM et la classe deBernard Duplaix. Pédron travaille Cannonball Adderley et Charlie Parker, mais joue avec les musiciens de jazz-rock (Sixun), funk (Sinclair et Juan Rozoff), Rhythm’n Blues etc. En 1996, avec le groupe Artaud / Blanchet, il est lauréat du Concours de la Défense et, dans la foulée, il participe au collectif Les Nuits Blanches qui anime des soirées thématiques au Petit Opportun. C’est à cette époque que Pédron se plonge dans la musique de Parker. En 2000, il se rend à New York pour enregistrer avec le trompettiste Ernie Hammes et, de retour à Paris, il enregistre son premier disque : Cherokee. L’année suivante, Selmer lui demande de prendre part à la conception d’un nouveau saxophone alto : le modèle « Référence ».Pédron écume les clubs et, en 2004, sort Classical Faces avec son sextet (Pierre de Bethmann,Magik MalikThomas Savy et Franck Agulhon). Fort du succès de ce disque, Pédron retourne à New York, où, en compagnie de Mulgrew MillerThomas Bramerie et Lewis Nash, il enregistre Deep In A Dream qui collectionne les récompenses (Jazz Magazine, Académie du jazz etc.). Depuis, Pédron se produit sur toutes les scènes de France et de Navarre. La leçon de jazz consacrée à Parker est une suite logique : le 28 octobre 2010, Pédron a jouée « Charlie Parker, Bird et son héritage », avec Alain Jean-MarieJacques Vidal et Philippe Soirat, dans le cadre des concerts thématiques de l’Abbaye-Jazz club, créés par Vidal et présentés par Franck Médioni.
Pour annoncer l’émission, Hervé ne rate pas le calembour obligé : « nous allons écouter ce soir Charlie Parker ; je ne le joue pas par cœur : j’ai des partitions… ». La leçon de jazz se déroule dans l’ordre chronologique. Charles Christopher Parker naît le 29 août 1920 à Kansas City dans le Missouri et meurt prématurément le 19 mars 1955, dans le New Jersey, chez la baronne Pannonica de Koenigswarter. Hervé et Pédron attaquent la musique de Parker par « Bloomdido ». Ce blues en Si bémol porte le nom d’un chien ( En fait, il s'agit d'un hommage à August Bloom, journaliste radio de Buffalo) et Parker l’a composé en 1950 pour l’album Bird And Diz (Thelonious MonkCurly Russell et Buddy Rich). Tandis qu’Hervé déroule une walking pleine de swing, Pédron enchaîne des phrases élégantes, dans un esprit qui navigue entre Parker, bien entendu, mais aussi Cannonball Adderley,Phil Wood, voire Art Pepper (dans ses duos avec George Cables ?).
Toujours avec ce côté iconoclaste qui le caractérise, Hervé replace Parker dans l’histoire du jazz aux côtés de Louis ArmstrongDuke EllingtonMiles Davis et…. Carla Bruni. Plaisanterie mise à part, c’est plutôt John Coltrane qui complète la quinte flush royale du jazz… Citant Phil Woods (grand admirateur de Parker qui s’est marié avec Chan, la veuve de Bird), Hervé indique que Parker est « un génie pur » et de rajouter sa note d’humour : « vous vous rendez compte, c’est de l’huile essentielle de génie ». Le père de Parker est pianiste et danseur itinérant, steward dans les chemins de fer… et alcoolique. La mère de Parker est amérindienne (d’origine Chocktaw)). Parker commence dans les chorales, mais la fréquentation des nombreux clubs de Kansas City l’amène rapidement à se passionner pour le jazz. Introduit au piano, le thème « Donna Lee » doit son nom à celui d’une prostituée (selon d’autres sources, c’est un hommage à la sœur de Russell et il aurait été écrit par Davis mais, chose sûre, c’est une relecture du standard « Indiana »). La version d’Hervé et de Pédron est énergique, entre swing et be-bop, avec un altiste élégant et un pianiste qui maintient la pulsation grâce, notamment, à une walking bien menée.
Á onze ans, Parker débute le saxophone, puis dans l’orchestre de son école, il joue du baryton, « ce radiateur en forme de Beaubourg », comme le décrit avec humour Hervé. Le pianiste évoque ensuite la célèbre scène de la jam session avec le batteur Jo Jones qui, devant la piètre prestation de Parker, jette une cymbale sur la scène aux pieds du saxophoniste. Vexé à mort, Parker s’immerge dans l’apprentissage de la musique et du saxophone : il joue jusqu’à quinze heures par jour pendant six mois.  Pour illustrer un bœuf, le duo joue avec « All The Things You Are » (1939 – Jerome Kern et Oscar Hammerstein II). L’élégance et la sonorité soyeuse de Pédron le rapproche peut-être davantage de Pepper que de Parker.
L’apprentissage de Parker passe par les incontournables relevés de chorus, mais aussi par l’observation du doigté des saxophonistes, qui écument les clubs de Kansas City. Hervé souligne la difficulté de mémoriser à vue les doigtés du saxophone, car, dit-il, les clés ne sont pas bien rangées, comme le sont les touches sur le clavier d’un piano. Bird (surnom dont l’origine est confuse : Yardbird, le bleu, le novice, en américain, contracté en Bird, parce que Parker aimait le poulet ? Ou une référence à un poulet écrasé au cours d’une tournée, que Parker aurait récupéré pour le manger ? La légende, elle, a de quoi se nourrir…) puise son inspiration dans de multiples sources : Lester YoungColeman Hawkins, la fanfare, Johnny Hodges, la musique de cirque, Armstrong... mais aussi le saxophone classique avec les études de Marcel Mule qui, le souligne Pédron, est en quelques sortes « le père des saxophonistes de jazz ». Mule (1901 – 2001) a redoré le blason de cet instrument : il réussit à faire rouvrir les cours de saxophone dans les conservatoires en 1942 (ils avaient été arrêtés en 1870…) et à remettre le saxophone au goût du jour dans la musique classique et les musiques de films. Paradoxe amusant : malgré ses nombreux émules parmi les saxophonistes de jazz, Mule n’a jamais caché son désintérêt pour le jazz et les musiques populaires… « Embreacable You » donne lieu à une traduction humoristique, à la Vian : « embrasse la table pour moi ». L’introduction éloquente du piano, dans une veine Bill Evans, débouche sur un dialogue émouvant entre l’alto et le piano qui n’est pas sans rappeler le duo Pepper – Cable.
A 17 ans, Parker intègre l’orchestre de Jay McShan et débarque à New York en 1939, où il commence à enregistrer ses premiers chorus.« Au Private » (composé en 1951 et nommé également « Au Privare » ou « Au Privave » selon les enregistrements) est un autre blues en douze mesures que Bird aime beaucoup. L’interprétation mainstream swingue à plaisir : walking du piano avec des zest de stride et phrases déliées de l’alto.
Ensuite, Parker est plongeur pour pouvoir écouter Art Tatum (autre influence majeure du saxophoniste) et c’est également à cette époque qu’il s’abime dans la drogue, découverte pendant son adolescence. Transition toute trouvée pour « Moose The Mooche », en référence à un dealer : Hervé et Pédron jouent le thème straight et, après un court interlude, le piano repart en walking, tandis que l’alto joue dans l’esprit be-bop.
En 1942, Parker quitte McShan et rejoint, pendant dix-huit mois, le combo d’Earl Hines - inventeur du trumpet style au piano. Parker reprend les grilles des morceaux de danse et des standards et les transforme pour en faire de nouveaux morceaux (« Ornithology » est tiré de « How High The Moon », « Cherokee » a donné « Ko-Ko », « Bird Of Paradise » se base sur « All The Things You Are »…).Avec d’autres musiciens tels que Dizzy GillespieBud PowellKenny Clarke… Bird est à l’origine du mouvement be-bop.Le duo joue une belle version dynamique de « Confirmation » avec Hervé qui déploie une panoplie d’accompagnements énergiques et dansants pour soutenir un alto en verve.
Hervé s’intéresse ensuite aux innovations harmoniques de Parker : les accords de passage, proches des « post-modernes occidentaux » (Claude Debussy), et l’intervalle de la quarte augmentée, que l’on retrouve chez Bela Bartok. L’intervalle de la quarte augmentée (ou de la quinte diminuée…), appelé aussi triton, divise l’octave en deux et a longtemps été proscrit dans la musique occidentale : au Moyen âge, on l’appelait « l’intervalle du diable » (Diabolus In Musica…). Bartok, Igor Stravinsky… ont eu également le même intérêt pour cet intervalle. Hervé montre ensuite l’importance de la quinte diminuée dans le be-bop : il joue avec les tonalités et des séries d’accords dans l’esprit de Monk. Pédron montre ensuite les tricks de Parker, notamment sa manière d’arpéger les accords de passage. Bird vient du blues et enrichit ses phrases avec des cadences et une accentuation caractérisée par des points d’appui placés sur les croches. Hervé reprend les broderies harmoniques et autres appogiatures de Parker, puis se lance dans une démonstration sur le placement rythmique du saxophoniste en jouant avec « La Marche Turque » de Mozart puis « La Marseillaise »... Hervé rappelle ensuite que la complexité du be-bop finit par lasser et les musiciens des années 50 développent une musique plus simple et carrée sur fond funky : le hard bop. « Ko-Ko », bon exemple de complexité, est joué à toute allure par Pédron, appuyé par un piano dont le swing de la walking ne se dément pas.
Pour conclure l’émission, Hervé évoque, en s’accompagnant, la collaboration de Bird avec Gillespie, Davis... Il conseille égalementBird, le film de Clint Eastwood, tourné en 1988 avec Forest Whitakerdans le rôle de Parker. La leçon de jazz s’achève sur « Hot House », thème emblématique du be-bop signé Tadd Dameron, enchaîné avec l’un des morceaux les plus connus de Bird : « Now’s The Time ».
Mélange d’anecdotes biographiques et d’analyses musicales, La leçon de jazz mérite totalement son succès. D’autant plus qu’Hervé reste didactique, garde un ton léger et laisse beaucoup de place à la musique.