22 novembre 2014

Juin 2014

Du côté des abeilles…

Si les hirondelles ne font pas le printemps, les abeilles de BeeJazz s’en chargent : Jan Lundgren et Rusconi ont sorti chacun un album en avril sur le label d’Alexandre Leforestier et de Mohamed Gastli.
Flowers of Sendai
Jan Lundgren Trio
Jan Lundgren est un pianiste prolixe : depuis ses trios avecJesper Lundgaard et Alex Rieldans les années 2000, pour Marshmallow, jusqu’à Man In The Frog et Flowers Of Sendaichez Bee Jazz, il a sorti un disque chez Gemini, quatre chez Sittel, autant chez Act, et deux chez Volenza…
Lundgren semble aimer, par-dessus tout, les formations intimistes à l’instar de Mare Nostrum avec Paolo Fresu et Richard Galliano ou Man In the Frog, en solo. Pour Flowers of Sendai, le pianiste ne déroge pas à sa règle et s’entoure d’une paire rythmique déjà présente sur European Standards, enregistré en 2009 : le contrebassiste Mattias Svensson, avec qui il joue depuis près d’une quinzaine d’années, et le batteur Zoltan Csörsz Jr.
Sur les dix titres qui constituent Flowers Of Sendai, Svensson en signe deux et Lundgren apporte quatre thèmes, dont « Man In The Fog » tiré de l’album éponyme. Le trio interprète également « Melancolia » deGeorg Riedel, joué en duo avec Lundgren (Lockrop – 2006), « Ballade pour Marion » de Richard Galliano (Spleen – 1985), « Fellini » quePaolo Fresu avait enregistré en trio avec Lundgren et Furio Di Castri(Fellini – 2000), et le standard de Billy Strayhorn, « Lush Life ». Lundgren joue en solo le morceau-titre et « Lush Life ».
Dans la plupart des morceaux, après l’énoncé du thème par Lundgren, précédé ou non d’une introduction en solo, le piano prend les commandes, puis laisse un chorus à la contrebasse, avant de conclure sur le thème. Touché élégant, sonorité effilée et clarté des développements, parsemés de lyrisme : le jeu de Lundgren met en relief les mélodies raffinées (« Parfait amour ») et les phrases délicates (« Man In The Fog ») qu’il affectionne. Mais le pianiste varie également les ambiances : dans son hommage à Sendai – lourdement frappée par le tsunami du 11 mars 2011 – le pianiste part d’une comptine cristalline pour terminer sur un ragtime entraînant ; «  Mulgrew » balance de bout en bout ; l’interprétation de « Lush Life » est plutôt sophistiquée ; les ostinatos et accents folks de « Man In The Fog » évoquent Keith Jarrett… D’une ligne aigue et mobile (« Parfait amour ») à une pédale profonde (« Man In The Fog »), en passant par un bourdon à l’archet (« Fellini ») ou des riffs coupés de shuffle (« Mulrew »), Svensson est un contrebassiste plutôt décontracté et souple qui dialogue habilement avec Lundgren (contrepoints de « Man In The Fog », soutien de « Alone For You »). Ses solos sont prenants, à l’image des glissandos, double-cordes et autres effets de slap de « Transcendence ». Le rôle de Csörsz est essentiellement d’assurer un tapi moelleux, sur lequel les solistes peuvent dérouler leurs propos (« Fellini »). S’il ne prend pas de chorus, son drumming léger (« Alone For You ») et musical (« Transcendence ») s’adapte parfaitement à la musique de Lundgren et Svensson. Subtil aux balais (« Melancolia ») et vif aux baguettes (« Mulgrew »), Csörsz installe une pulsation régulière et confortable (« Ballade pour Marion »).
Sensible et harmonieux, Flowers of Sendai s’inscrit dans le continuum de l’approche musicale de Lundgren.
Le disque
Flowers of Sendai
Jan Lundgren Trio
Jan Lundgren (p), Mattias Svensson (b) et Zoltan Csörsz jr. (d).
BeeJazz – BEE067
Sortie en avril 2014
Les morceaux
01. « Parfait amour », Lundgren (4:12).
02. « Melancolia », Riedel (5:50).
03. « Flowers Of Sendai », Lundgren (5:08).
04. « Transcendence », Svensson (5:33).
05. « Waltz For Marion », Galliano (4:44).
06. « Fellini », Fresu (4:37).
07. « Alone For You », Lundgren (4:47).
08. « Mulgrew », Svensson (5:17).
09. « Lush Life », Strayhorn (5:40).
10. « Man In The Fog », Ludgren (5:18).
History Sugar Dream
Rusconi
Créé dans au début des années deux mille, Rusconi sort son premier album, Scenes & Sceneries, en 2004. Depuis, les concerts et les disques se succèdent : Stop & Go en 2006,One Up Down Left en 2008, le fameux It’s A Sonic Life en 2010, qui reprend des morceaux de Sonic Youth, Revolution en 2012 et History Sugar Dreamcette année.
Le trio est constitué de Stefan Rusconi au piano, Fabian Gisler à la contrebasse et Claudio Strüby à la batterie. Les trois hommes utilisent également des effets électro et chantent. Avec un graphisme recherché, des livrets soignés, un site internet étudié et des clips travaillés, Rusconi se donne l’image d’un groupe de rock. Les dix morceaux de History Sugar Dream ont été composés par Rusconi.
Dès « Finally » le trio plante le décor, avec une ambiance de rock alternatif passé à la moulinette jazz : voix diaphane, timbre nasillard et ton pleurnichard, comme une parodie des groupes no wave, post punk etc. Les ambiances planent (« Finally »), hypnotisent (« Ankor ») ou évoquent l’univers synthétique des jeux vidéo (« The Return Of The Corkies »), mais restent constamment sophistiquées (« Universe Relocated »). La voix asexuée et les effets électro contrastent avec le piano et la contrebasse qui mettent en avant leur sonorité acoustique (« Universe Relocated »). Les pédales et ostinatos du piano, Les boucles et riffs de la contrebasse, la batterie binaire et puissante et les voix à l’unisson (« Sojus Dream », « Chihiro’s World »)… Rusconi suit les traces de The Bad Plus, EST et… Sonic Youth !
Rusconi marie un univers acoustique recherché avec un monde électronique aérien : History Sugar Dream est ancré dans le vingt-et-unième siècle, mais garde la nostalgie du rock progressif des nineties
Le disque
History Sugar Dream
Rusconi
Stefan Rusconi: piano, synthétiseur, voix, space echo & préparations sonores
Fabian Gisler: double basse, guitare, distorsions, voix
Claudio Strüby: batterie, percussions, glockenspiel, voix
BeeJazz – BEE066
Sortie en avril 2014.
La liste des morceaux
01. « Finally » (2:29).
02. « Meditation » (7:50).
03. « Ankor » (5:13).
04. « Twisted » (2:48).
05. « Yogya Trip » (5:17).
06. « Change (Part One) » (4:48).
07. « The Return Of The Corkies » (3:50).
08. « Universe Relocated » (3:26).
09. « Chihiro’s World » (4:16).
10. « Sojus Dream » (14:50).

Toutes les compositions sont signées Rusconi.

L’autre distribution…

En 1995, Annie Benoid et Luc Genetay créent L’autre distribution autour d’un catalogue de labels et de musiciens triés sur le volet. Avec une dizaine de sorties par mois dans les domaines de la chanson, du rock, des musiques du monde, du rap, des musiques électroniques, des musiques pour enfants et du jazz, L’autre distribution mise avant tout sur la qualité de la musique et… le disque.
André MinvielleL’Hijâz’CarRoberto Negro et Tchavolo Schmittsont à l’honneur dans quatre albums sortis entre mars et juin 2014, chez La Complexe Articole de Déterritorialisation, Buda MusiqueLa curieuse et Label Ouest

Suivez Minvielle If You Can
André Minvielle



Minvielle publie un double album : Abcd’erre de la vocalchimie, un solo enregistré en mars 2013 au théâtre Berthelot de Montreuil, etTandem, un duo avec l’accordéoniste Lionel Suarez, enregistré en juillet 2012 au théâtre des Carmes André Benedetto à Avignon.
L’Abcd’erre de la vocalchimieest une reprise du répertoire du disque éponyme, sorti en 2004. DansTandem, Minvielle et Suarez piochent des chansons tirées de différents albums : « Rocarocolo » que chante fréquemment Minvielle depuisScatrap Jazzcogne (La Compagnie Lubat – 1994), « Esperanza l’Aranesa » qui apparaît dans Canto (1998), « K You K Yaw » et « La vie d’ici-bas » du disque éponyme (2007), « Du cirque » et « Canson » extraites de Tandem (2011). Le duo interprète aussi : « La ballade irlandaise », parfois appelée « Un oranger », tube composé en 1958 par Eddy Marnay et Emil Stern pour Bourvil ; « Cumbia and Jazz Fusion », le morceau-titre d’un album enregistré par Charles Mingusen 1977, qui débouche sur morceau de Minvielle (« El criollo camino to chazz ») ; et « Madame Mimi », hommage à Mimi Perrin sur l’air de « Bloomdido » de Charlie Parker (1950).
Dans l’Abcd’erre de la vocalchimie, Minvielle se livre à un one-man-show dans les plus pures règles de l’art avec de multiples percussions, effets électro, guimbarde etc. et sa voix ! Il fait chanter le public en lui faisant répéter des phrases (le « Pâte à pizza » hilarant de « M Manuel »), des bruits ou des claquements de mains. Il présente ses chansons avec humour, plaisante, digresse joyeusement… Minvielle scat – bien sûr – (« E Les Chaudrons »), jongle avec les mots (« V L... » ), valse (« F Naviguer »), joue avec les bruits de la rue (« D 3 D »), part dans une rumba (« Q/R Barataclau »), milite (ses « Organismes Généreusement Modifiables » de « L Lagenaria »), cite (Le Boléro etCarmen dans « XYZ Le Bovélo de babel »), rap sur des boucles (« Balagora »)…
Changement de décor dans Tandem, avec l’entrée en jeu de Suarez. L’accordéon apporte une touche dansante et renforce l’aspect mélodique de la musique, d’autant plus que le chant de Minvielle met en avant le rythme. Les deux musiciens passent d’un bop rapide avec une walking et un scat vifs (« Madame Mimi »), d’une ambiance presque country (« La ballade irlandaise ») ou d’une atmosphère gypsy avec des accents arabo-andalous (« El criollo camino to Chazz »), à une jolie chanson nostalgique (« Canson »), une valse dynamique (« La vie d'ici-bas »), un morceau entre flamenco et bal (« Esperanza l'Aranesa ») ou une quasi-java (« Du cirque »). Le disque se conclut sur un air entraînant de bal, dont le titre provient d’un savoureux mélange que la grand-mère de Marc Perrone a fait entre Rock’n Roll et Coca-Cola : « Rocarocolo »…
Suivez Minvielle If You Can respire la bonne humeur, la joie du chant, du jeu, des mots et des notes… sans jamais oublier que tout n’est pas rose sur la planète !
Le disque
Suivez Minvielle If You Can
André Minvielle
André Minvielle (voc, percu) et Lionel Suarez (acc).
La Complexe Articole de Déterritorialisation – 57 19 1225
Sortie en mars 2014

Liste des morceaux

Abcd’erre de la vocalchimie
01. « U Unissons » + « XYZ Le Bovélo de babel » (4:02).
02. « O Photomatonomatopée » + « V L... »  » (7:00).
03. « M Manuel » + « F Naviguer » (3:33).
04. « D 3 D », Didier Petit, + « P PPP » + « E Les Chaudrons », Francis Marmande (7:33).
05. « I ii » & « K O.K.O. » + « L Lagenaria » (8:09).
06. « W Wah Wah » + « T Tanbouroundiou » (5:30).
07. « S Sigle » + « N C'est non », Claude Nougaro (4:11).
08. « Q/R Barataclau » + « C C'est...  » (6:46).
09. « A Avertissement » + « Balagora » (4:32).
10. « G Point G » + « J J fonce » (2:45).

Tous les textes sont signés Minvielle, sauf indication contraire.

Tandem

01. Intro « Suivez l'accent » (1:01).
02. « K you K yaw », Nougaro & Minvielle (3:03).
03. « Cumbia jazz fusion », Charles Mingus, + « El criollo camino to Chazz », Minvielle (8:43).
04. « La ballade irlandaise », Eddy Marnay (3:10).
05. « Suivez l'accent » (0:34).
06. « Du cirque », Minvielle & Suarez (4:08).
07. « Madame Mimi (Blumdido) », Charlie Parker & Minvielle (4:57).
08. « Canson », Minvielle & Suarez (6:34).
09. « La vie d'ici-bas », Bernard Lubat & Minvielle, d’après Tony Murena Joseph Colombo (6:01).
10. « Esperanza l'Aranesa », Marc Perrone & Minvielle (3:37).
11. « Rocarocolo (L'histoire) », Minvielle d’après Perrone (9:05).
12. « Rocarocolo », Perrone & Minvielle (6:10).

L’Hijâz’Car
Créé en 2000 à Strasbourg, L’Hijâz’Car s’appuie sur une instrumentation originale, à mi-chemin entre une formation moyen-orientale, un quintet de chambre et un combo de jazz :Grégory Dargent à l’oud,Jean-Louis Marchand à la clarinette basse, Nicolas Beckau tarhu (sorte de rabâb inventé par le luthier australienPeter Biffin à la fin des années quatre-vingts dix), Vincent Posty à la contrebasse et Etienne Gruel aux percussions.
L’Hijâz’Car, qui tire son nom d’un maqam, s’est d’abord associé avec la chanteuse algérienne Houria Aïchi pour sortir Sha’Ir Majnûn en 2003 et Les cavaliers de l’Aurès en 2008. Pour le disque éponyme, L’Hijâz’Car s’en tient à une formule instrumentale et à sept morceaux de son cru, aux titres amusants et évocateurs : « Le Cuirassé Potentat » aurait sans doute fait sourire Sergueï Eisestein, « Igor Noir » évoque l’or noir et l’opéra Le Prince Igor d’Alexandre Borodine, « Tyran Iraq » se passe de commentaire, tandis que « 1973 (Mulatu & the Duke) » fait référence à la tournée de Duke Ellington en Ethiopie, pendant laquelle il invita Mulatu Astatke à se joindre à lui, enfin, « We All Scream For Ice Scream » joue joliment avec les mots…
Le quintet a bien ancré sa musique dans le Moyen-Orient : rythmes complexes (« Le Cuirassé Potentat »), mélodies dissonantes (« 1973 (Mulatu & the Duke) »), riffs nerveux (« Istanbul, sur ma dérive asiatique »), ostinatos lancinants (« We All Scream For Ice Cream »), développements par tableaux (« 1973 (Mulatu & the Duke) »)… L’Hijâz’Car se base davantage sur des échanges entre les différentes voix du groupe que sur des successions de solos. Posty et sa contrebasse ont pour rôle de maintenir une pulsation jazz qui permet au quintet de garder son cap (« Tyran Iraq »). Marchand utilise sa clarinette basse tantôt dans une veine world pour dialoguer avec l’oud ou le tarhu (« Istanbul, sur ma dérive asiatique »), tantôt jazz avec des embardées qui lorgnent vers le free (« We All Scream For Ice Cream »). Gruel et ses percussions sont évidemment à l’honneur : la richesse et la densité des variations rythmiques (« Igor Noir »), toujours entraînantes (« Le Chien »), se situent également dans la lignée de la musique arabe. Le tarhu de Beck joint ses lignes à celles de la contrebasse (« Istanbul, sur ma dérive asiatique ») ou soliloque à la manière d’une guitare (« 1973 (Mulatu & the Duke) »). Quant à l’oud de Dargent, il remplit bien sûr une fonction mélodique clé (« Tyran Irak »), mais il passe aussi volontiers d’un instrument à l’autre (« se Chien ») avec un raffinement (« Igor Noir ») qui n’est pas sans rappeler celui de Rabih Abou-Khalil.
L’Hijâz’Car entraîne les auditeurs dans des danses chaloupées, aux frontières de la world music et du jazz.
Le disque
L’Hijâz’Car
Gregory Dargent (oud), Jean-Louis Marchand (cl b), Nicolas Beck (tarhu), Vincent Posty (b) et Etienne Gruel (perc).
Buda Musique
Sortie en mars 2014
Liste des morceaux
01. « Le Cuirassé Potentat », (8:59).
02. « Istanbul, sur ma dérive asiatique » (6:39).
03. « We All Scream For Ice Cream » (4:24).
04. « Igor Noir » (6:42).
05. « 1973 (Mulatu & the Duke) » (6:55).
06. « Tyran Irak » (7:01).
07. « Le Chien » (5:41).

Tous les morceaux sont signés L’Hijâz’Car.

Loving Suite pour Birdy So
Roberto Negro
Après avoir appris la musique et le piano au Zaïre, Roberto Negro étudie simultanément aux conservatoires de Grenoble et de Chambéry, dont il est diplômé en 2006. Negro fait ensuite partie du quintet Obliopour, joue dans le JPOA de Christophe Monniot, suit une formation au Centre des Musiques Didier Lockwood, enregistre Downtown Story avecJérôme Arrighi et Adrien Chennebault, est le pianiste du David Enhco Quartet, cofonde Tricollectif… C’est en 2012, à l’occasion d’une carte blanche à l’Opéra de Lyon, que Negro monte Loving Suite pour Birdy So.
La musique de Loving Suite pour Birdy So est signée Negro et les textes sont de Xavier Machault.  Le sextet qui interprète la suite s’apparente à un orchestre de chambre. A la voix d’Elise Caron s’ajoutent le violon de Théo Ceccaldi, le violoncelle de Valentin Ceccaldi, la guitare deFederico Casagrande, la contrebasse de Nicolas Bianco et, bien sûr, le piano de Negro.
Lignes entrelacées (« Un grand bouquet »), contrepoints (« Comme un livre d'Erri de Luca »), successions de pizzicatos et de jeu à l’archet (« Bal(l)ade volée de Birdy So »), unissons décalés (« Tout de toi »), bruitages humoristiques (jeux d’enfants dans « Toi, moi, oie »), questions – réponses croisées (« Bicyclette »)… : l’écriture de Loving Suite pour Birdy So est sophistiquée, dans un esprit proche de la musique contemporaine. Même si la voix de Caron tient souvent les devants de la scène, Negro s’est efforcé d’équilibrer le rôle de chacun et la construction de sa musique repose essentiellement sur une imbrication étroite des instruments. Les frères Ceccaldi apportent le côté musique de chambre, dans un style contemporain qui privilégie les rythmes et timbres (« Prélude ») plutôt que les envolées lyriques, habituel apanage des cordes. Casagrande alterne effets et nappes électro (« M'avez-vous dit vous ? ») avec des traits de rock progressifs (« Champagne »). Les lignes imposantes (« Bal(l)ade volée de Birdy So ») de Bianco servent de fondations au sextette, soutenues par le piano, volontiers percussif (« Tout de toi »). Quant à Caron, son agilité et sa maîtrise des genres lui permettent de sauter d’un échange de vocalises avec les cordes (« Tout de toi ») à une parodie d’opérette (« Toi, moi, oie »), en passant par des chansons à texte (« Bicyclette »), une berceuse africaine (« Pivoine Shichifukujin »)…
Avec Loving Suite pour Birdy So, Negro propose une œuvre ambitieuse qui marie jazz et musique contemporaine, sans oublier l’humour…
Le disque
Loving Suite pour Birdy So
Roberto Negro
Elise Caron (voc, fl), Théo Ceccaldi (v), Valentin Ceccaldi (cello), Federico Casagrande (g), Roberto Negro (p), Nicolas Bianco (b) et Xavier Machault (textes).
La curieuse
Sortie en avril 2014.
Liste des morceaux
01.  « Prélude » (02:58).
02.  « Tout de toi » (06:30).
03.  « Bicyclette » (06:00).
04.  « Jonquille de Saint Péreuse » (01:34).
05.  « Bal(l)ade volée de Birdy So » (05:34).
06.  « M'avez-vous dit vous ?  » (05:38).
07.  « Pivoine Shichifukujin » (02:12).
08.  « Champagne » (07:00).
09.  « Comme un livre d'Erri de Luca » (07:53).
10.  « Toi, moi, oie » (08:18).
11.  « Un grand bouquet » (03:50).

Toutes les compositions sont signées Negro.


 Mélancolies d’un soir
Tchavolo Schmitt
Depuis Alors ?... Voilà !, premier disque publié sous son nom en 2000, Tchavolo Schmitt a quasiment enregistré un album tous les deux ans.Mélancolies d’un soir, son septième opus, sort en juin chez Label Ouest.
Que ce soit avec Angelo Debarre pour Mémoires, un hommage à Django Reinhardt,Dorado SchmittPatrick Saussois et Gino Reinhardt dans Gypsy Reunion, le Hot Club da Sinti, les films de Tony Gatlif ou ses propres projets, Schmitt fait partie des guitaristes phares du jazz manouche.
Pour Mélancolies d’un soir, Schmitt joue trois morceaux en solo, six en trio avec le guitariste Samy Daussat et le contrebassiste Claudius Dupont, un en trio avec la chanteuse Marie-Christine Brambilla et Daussat, et il réunit le quartet pour deux thèmes. Côté programme, Schmitt signe sept thèmes, Daussat en apporte deux et Brambilla a écrit les paroles de « Un beau rêve d’automne » et « Django, la périphérie des zones ». Le guitariste a ajouté le célébrissime « Nuages » de Reinhardt, « Bal petit bal » composé par Francis Lemarque en 1949 et rendu populaire par Yves Montand, plus un tube de 1939, « Aquarela do Brasil » (plus connu sous le titre « Brazil ») d’Ary Barroso.
En trio, les morceaux s’inscrivent typiquement dans la lignée de la musique manouche : pompes inamovibles et walking entraînante servent de décor aux exposés de la guitare, virtuose sans esbroufe (« Marie Swing »), avec ses envolées rapides rompues par des accords tranchants (« Rue de l'hôtel Colbert »), ses phrases entre les temps (« Six heures et demie »), ses lignes aériennes (« Brazil »)… Les solos répondent également aux canons du genre : passages véloces, lignes en contrepoints, ornementations fournies, jeu expressif… La voix chaude, profonde et grave de Brambilla sert à merveille les chansons à texte (« Un beau rêve d'automne »). Dans une ambiance manouche bluesy, sa chanson « Django, la périphérie des zones » est un récit simple et émouvant de la vie de Django.
Entre rumba, tango, blues, swing, chansons, performances solos… Schmitt signe un disque varié et plein d’entrain. Parions queMélancolies d’un soir va devenir un classique du genre.
Le disque
Mélancolie d’un soir
Tchavolo Schmitt
Marie-Christine Brambilla (voc), Tchavolo Schmitt (g), Samy Daussat (g) et Claudius Dupont (b).
Label Ouest
Sortie en juin 2014.
Liste des morceaux
01. « Marie swing » (2:33).
02. « Six heures et demie » (2:25).
03. « Rue de l'hôtel Colbert », Daussat (4:41).
04. « Un beau rêve d'automne », Brambilla & Daussat (2:42).
05. « Tango toi et moi » (5:43).
06. « Bal petit bal », Francis Lemarque (4:56).
07. « Tchavolo Blues » (5:34).
08. « Mon cœur » (3:07).
09. « Django. La périphérie des zones », Brambilla & Schmitt (5:56).
10. « Nuages », Django Reinhardt (4:13).
11. « Brazil », Ary Barroso (4:07).
12. « Mélancolies d'un soir » (6:54).
Toutes les compositions sont signées Schmitt, sauf indication contraire.

A la découverte de… Michel Edelin

La musique
Découverte de la musique à l’adolescence tardive : acquisition d’un électrophone familial. Parmi les disques d’occasion achetés au Puces de Bicêtre : des chansons, de la musique classique, La Guilde du jazz,Louis ArmstrongSydney BechetElla Fitzgerald, The Five Blind Boys of Alabama, le Golden Gate Quartet, Ray CharlesMahalia Jackson,Mary Lou WilliamsHorace Silver avec Blue Mitchell
Mon père, modeleur mécanicien aux usines Panhard-Citroën de la Porte d’Ivry – le père de Beb Guérin y travaillait également –  avait bénéficié tout jeune des cours de la « société de musique » d’Ivry-sur-Seine. Flûtiste amateur très éclairé, il avait atteint un niveau d’excellence. A la Libération, pour améliorer l’ordinaire, il faisait les bals du samedi soir à la flûte, au saxophone alto et à la clarinette. Il m’a montré où poser les doigts lorsque j’étais enfant et j’ai commencé à souffler dans ces instruments en autodidacte, reproduisant « à l’oreille » les chansons entendues à la radio.


L’hypothèse d’études musicales – fut-elle même évoquée ? – ne résista pas à la situation économique et sociale de ma famille. Après avoir franchi le cap du concours d’entrée à l’Ecole Normale d’Auteuil, j’intégrais l’établissement et bénéficiais ainsi d’une bourse me conduisant jusqu’au bac, aux frais de l’Etat. La flûte et la clarinette se révélèrent être des moyens agréables de me procurer de l’argent de poche: bals avec l’orchestre de l’Ecole Normale – « Petite fleur », « Pepito mi corazon » etc. – puis avec un groupe antillais. Quelques tentatives jazzeuses à la clarinette, plus ou moins New Orleans, avec un normalien joueur de banjo : Bechet, mais aussi Acker Bilk et Chris Barber !
Certains cinéastes français avaient recours aux musiques de Bechet – qui avait un statut de star en France – Miles Davis,Thelonious Monk, les Jazz Messengers… On flirtait sur les triolets des Platters… Il y avait comme un courant autour de cette musique… Et, probablement par grégarisme, les uns entraînant les autres, un petit groupe de copains dont je faisais partie fréquentait autant qu’il le pouvait les concerts de l’Olympia :
-       Bechet, déjà cité, et qui provoquait des « émeutes » ;
-       Monk : mais qui est ce type à toque qui danse autour du piano au lieu de jouer ? ;
-       Gerry Mulligan : il expliquait au public, qui manifestait bruyamment son mécontentement, qu’une contrebasse a quatre cordes, qu’elles sont toutes utiles, que lorsque l’une d’elles casse, il faut prendre le temps de la remplacer et que l’orchestre reprendrait le concert lorsque Red Mitchell aurait fait cette réparation... ;
-       Miles Davis et John Coltrane : comment s’appelle ce sax qui sort des sons si bizarres de son instrument ? Moi, j’étais venu pour le Miles Davis d’Ascenseur pour l’échafaud... Mais ce n’est quand même pas une raison de le huer et balancer des avions en papier sur la scène !
-       Le Modern Jazz Quartet : sentiment de familiarité…  Quoique… Le vibraphoniste… Comment s’appelle-t-il déjà ?…
-       Count BasieDuke Ellington… : le choc du son de ces big bands en direct ! Et le Duke… Tuxedo noir pour la première partie, Tuxedo blanc pour la seconde !
-       Charles Mingus à Wagram : la Police Secours emporte Johnny Coles sur une civière après le premier morceau, Eric Dolphy part vers les coulisses pour jouer au loin des thèmes de Charlie Parker pendant que les autres jouent autre chose sur scène…
On comprendra qu’à l’âge du lycée, l’intégration dans un groupe par le jazz comptait autant que la musique. Je ne voyais souvent dans ces concerts que le côté anecdotique et « branché ». Beaucoup de choses me passaient au-dessus de la tête et à côté des oreilles.
Aujourd’hui, j’ai pourtant conscience que le béotien que j’étais avait eu l’immense privilège de baigner dans un air mis en vibration par des génies universels et qu’à mon insu, ils avaient  construit le socle sur lequel s’appuierait toute ma vie musicale.
C’est au Caveau de la Montagne – club parisien de la Montagne Sainte Geneviève – que je fis mes premiers pas de flûtiste dans un lieu consacré au jazz. Alain Guerrini y jouait chaque semaine avec son orchestre. Conduit dans ce club par ma bande de copains, je fus invité à faire le bœuf. J’ai joué « à l’oreille », en me basant sur les disques que je connaissais et en exploitant une certaine rigueur rythmique qu’impose la musique de bal, si l’on veut que les gens dansent (dixit Bernard Lubat). La curiosité suscitée par la rareté de la flûte dans ce milieu, l’absence de sono qui gommait mes probables errances rythmiques ou harmoniques, furent certainement plus décisives que l’éventualité de mon talent de jazzman pour que de « bœufeur », je devienne titulaire. Cette satellisation de fin de semaine autour du Caveau de la Montagne m’a permis de  rencontrer d’autres musiciens et, parfois de jouer avec certains d’entre eux : Lubat, Jacques Di DonatoAlain Tabar-Nouval,Georges LocatelliHenri TexierAldo RomanoBernard Vitet etc.
Je n’ai donc pas véritablement effectué le choix d’un instrument – à moins qu’il fût inconscient – mais les événements ont fait que la flûte est devenue l’instrument qui me définissait.
Les week-ends ou les vacances d’été au cours desquels nous faisions danser sur du jazz, les quelques galas des grandes écoles et autres gigs me permettaient d’avoir une activité musicale presque régulière.
Ma proximité avec Guerrini m’a également permis d’intégrer ponctuellement le Centre d’Information Musicale (C.I.M.), où j’animais un atelier d’initiation pour les enfants – dont les fils respectifs de Pascal Anquetil et de Gérard Marais
Par la suite, mon activité de « clubber » du samedi soir s’étendit aux clubs de Gérard Terronès – le Jazz & Blues Museum, le Gill’s Club, le Totem – où je jouais bientôt « sous mon nom », ainsi qu’au Riverbop de Jacqueline Ferrari… Autant de lieux, autant de rencontres grâce auxquelles je fis mes classes. Parmi celles-là, les membres de Triode qui m’invitèrent à intégrer leur groupe et avec lesquels je participais à l’enregistrement de mon premier disque pour Futura.
La suite est connue : il suffit de suivre la piste de ma modeste discographie…


Les influences
En dehors des musiciens que j’ai déjà cités – du blues, du gospel et de la Nouvelle Orléans – mes références sont très « classiques » et ont évolué au cours des années. 
Il faudrait pouvoir les citer selon la période à laquelle on se réfère. Par ailleurs, il y a les références conscientes, avouées ou que l’on aime faire valoir, et il y a celles qui nous ont modelées à notre insu. Je ne peux évidemment que citer les premières, tout en sachant que les secondes sont peut-être aussi marquantes…
Quand j’avais une vingtaine d’années, Franck Ténot m’avait remis un prix de soliste que j’avais gagné dans un concours amateurs, au sein d’un trio qui se voulait la réplique de celui de Jimmy Giuffre – clarinette et flûte, guitare, contrebasse – dont, à ce moment-là, j’étais fanatique… Et je ne renie rien aujourd’hui ! Giuffre m’a donc influencé à cette époque, mais que reste-t-il de cette influence ancienne aujourd’hui ?... Laissons la réponse à l’analyse de quelque exégète…
Citons quelques « chocs » initiaux ou initiatiques : Parker, Monk, Davis, Coltrane, Ornette Coleman, les  Jazz Messengers, Mingus, Dolphy… Stop !
1. C’est désolant de banalité.
2. En citant ces noms, je prends conscience que cette liste, bien que pertinente, ne traduit pas réellement la complexité, le foisonnement, la diversité de tout ce qui peut constituer et influencer une personnalité musicale…
Ces musiciens tutélaires ont-ils eu plus ou moins d’influence que : Michel Roques – quel flûtiste ! – et les nombreux bœufs qu’il a dû supporter au Gill’s Club ? Les musiciens de Triode (Pierre-Yves SorinDidier Hauck et Pierre Cherèze) ? François Couturier,François MéchaliDenis BarbierChristian Lété et Jean Querlier(Flutes Rencontre et plusieurs autres disques avec Couturier et Méchali) ? Mico Nissim ou Peter Gritz (Un vol d’Ibis) ? Di Donato, Simon Goubert et Jean-Jacques Avenel (Déblocage d’émergence,Resurgence), qui m’ont conduit à prendre un virage et avoir une autre vision de notre musique ? Daniel Humair (Round about les Parapluies de CherbourgEt la Tosca passa) ? Carlos Bechegas (Open Frontiers) ? Steve Lehman Kuntu avec Avenel et John Betsch) ?Nicole MitchellHarisson Bankhead et Hamid Drake(The Ethiopian Princess Meets The Tantric Priest) ? Dave Valentin ? Steve Potts ? Ou même, très récemment, Steve Swell ?… En bref, ces musiciens tutélaires ont-ils eu plus ou moins d’influence que toutes celles et tous ceux avec qui j’ai joué de manière ponctuelle ou pérenne ?
Je me dérobe donc un peu à cette question, mais, pour être beau joueur, évoquons trois flûtistes « de jazz » qu’il me plaît de citer comme références : Roland Kirk, Dolphy, et Jeremy Steig (exceptée sa période Flowers Pop… Encore que…).

Mais comment ne pas citer aussi d’autres flûtistes ou saxophonistes – flûtiste qui, à un moment ou à un autre, et certainement encore aujourd’hui, sont pour quelque chose dans ce que je joue ?
Par ordre alphabétique : Rob BrownJane BunnettThomas Chapin,Hariprasat ChaurasiaBuddy ColletteRobert DickJoe Farrell,Bobby HumphreyBobby JasparTalib KibweByard Lancaster,Yusef LateefHubert LawsCharles LloydHerbie MannJames MoodySam MostDavid NewmanJames NewtonHermeto Pascoal,Jerome RichardsonSam RiversBud ShankSahib ShihabJames SpauldingHenry ThreadgillOrlando « Maraca » ValleFrank WessLeo Wright… etc. etc.



Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ? Miles Davis n’avait-il pas répondu : « Louis Armstrong, Charlie Parker » ? Au festival de Nîmes, près des arènes, à la terrasse de son hôtel, j’ai vu Dizzy Gillespy opposer un silence à cette question formulée par un journaliste… puis il a commencé à frotter-frapper ses mains l’une contre l’autre sur un rythme qui valait toutes les définitions. Je  rappelle enfin les propos de William Parker, mis en exergue du site web du label RogueArt : « How dare we spent so much valuable energy answering such question as « what is jazz ? » » [1]… Ce qui m’évite de me risquer à en donner une définition !
Pourquoi la passion du jazz ?
Son du corps / Chant de l’âme
Attendu / Inattendu
Individu / Compagnonnage
Indignation / Admiration
Mémoire – Respect / Amnésie – Invention
Rythme – Pulsation / Effervescence – Bouleversement,
Excitation / Contemplation,
Cri / Sérénité,
Tectonique du plaisir-panique,
Emotion et motion (in English),
Lyrisme, vertige, aventure, plongeon,
Sexus Plexus Nexus (Henry Miller)…
Et j’en passe …
Comment découvrir le jazz ?
Ingrédients :
Se munir de disques et de tickets d’entrée dans les clubs et les concerts.
S’approprier tout ce que le domaine artistique et la vie nous offrent de beau et de bon.
Préparation :
Se constituer un lexique musical par des écoutes privilégiant la diversité : chansons, opéras, rock, musiques symphoniques, de chambre, contemporaines, ethniques, électroniques, vocales, instrumentales… Lire, visiter des expositions, aller au cinéma, au théâtre…
Ecouter des disques de jazz – évidemment ! – et, surtout, fréquenter les clubs et les concerts.
Ça ne me plait pas ? Ça me choque ? Tant mieux… Je continue pour acquérir les grilles de lecture qui me permettront peut-être d’aimer ce qui me déplaisait, de m’enrichir et, mieux armé, de repartir vers d’autres aventures. 
Parler, échanger avec de plus aguerris, mais s’éloigner des sectaires qui, refusant l’idée de continuité créatrice, découpent l’histoire du jazz en tranches, y apposent des étiquettes, magnifiant leur jazz en excluant les autres, qualifiées d’antiques moisissures muséales ou d’élucubrations contemporaines et barbares. 
Exploiter ce vécu afin de se constituer un vocabulaire d’écoute qui permette de relever tous les indices pertinents et être capable d’une écoute créatrice de présent (dixit Igor Stravinsky… et d’autres !) : synthétiser la mémoire (ce que je connais, le début de la séquence que je viens d’entendre) et l’anticipation validée (confort – plaisir) ou non (surprise agréable ou déstabilisation, souvent constructive), tenter de jouer mentalement – corporellement avec les musiciens…
Danser dans son corps, danser dans sa tête !
Et, surtout, inventer sa propre recette…


La plus belle réussite musicale
Durer.

Les regrets musicaux
J’ai ponctuellement emprunté quelques pistes de travail tracées pour moi par des amis flûtistes classiques, mais je regrette de n’avoir appris la musique que par capillarité, par porosité, par plongeons successifs dans le Styx des clubs de jazz au lieu d’avoir suivi un cursus traditionnel… Mais c’est un regret inséparable du regret de ce regret.

Sur l’île déserte…
Aller sur une île déserte – mais le serait-elle encore, du seul fait de ma présence ? – et me priver de tous ces livres lus ou à lire, de tous ces disques à réécouter ou à découvrir, de tous ces films, pièces de théâtre, opéras, expositions … ? Certainement non !
L’humeur est tellement changeante… Un jour, relire AndromaqueLa Fontaine ou L’éducation sentimentale, un autre jour, avaler d’un trait un San Antonio ou les Pensées de Pierre Dac
Alors, l’île déserte, quelles frustrations en perspective ! Se limiter à quelques œuvres artistiques, même essentielles, ne serait-ce pas se soumettre à la stérilisation du désir d’art et accepter une culture basée sur la redite et l’immobilisme ?


Les projets
La fragilité actuelle du domaine culturel et économique rend toute prospective hasardeuse. Un nouveau disque ? Des concerts ? Des festivals ? De nouvelles collaborations? Oui… Probablement… Il y a deux ou trois choses « sur le feu »… Au moment opportun, elles apparaîtront sur mon site.
Paradoxalement, mon projet essentiel serait de ne pas en avoir, mais de continuer à être dans l’action, la réalisation, la création, dans le hasard provoqué ou non qui va me faire rencontrer le musicien ou la musicienne qui me conduiront « ailleurs » que dans le « déjà-là », ou de continuer à créer de la musique neuve avec les musiciens avec lesquels je joue depuis de  nombreuses années…
[1] Comment osons-nous dépenser autant de notre précieuse énergie pour répondre à des questions telles que « qu’est-ce que le jazz ? ».